Une Introvertie Par-Delà les Épreuves : Mon Histoire

Ou…

Comment transformer ses obstacles en opportunités ?

Le parcours humain est banalement jonché d’obstructions, dont il faut déterminer les clefs afin de dépasser un état, ouvrant sur d’autres routes, que l’on décide ou subit, souvent les deux.

Bien que mon chemin n’ait pas d’autre vocation que de me mener là où je chemine, je choisis de faire partager ce que motive l’aventure TheIntrovertSinger, de laisser exister mon « pourquoi ».

Je reviens de loin

J’avais deux ans et quelques mois : sélectivement mutique à l’instar de nombreuses petites filles neurodivergeantes.

On sait que grandir en banlieue parisienne, au sein d’une cité HLM n’est pas des plus favorables en matière de départ dans la vie, mais ajouter à cela un père jeune militaire à la retraite, violent et buveur de whisky (le stress post-traumatique du vétéran brise des vies), et l’on sait que cela va être compliqué. Mes parents vivaient généralement en caserne en Allemagne, dans des maisons agréables, avant ma naissance.

Rien n’est jamais aussi complexe que les circonstances d’existence, j’étais la benjamine, nous étions une fratrie de 4. Évoquer ma mère est inutile, il faudrait l’épaisseur d’un livre entier à cet effet, tant cette dame propriétaire de son histoire est complexe. Elle ne paraitra donc pas ici.

Combien de fois ai-je reconnu la mort m’effleurer ? Lui suppliant de m’emporter, quelle différence, j’étais déjà morte. Angoissée.

La différence dont je suis porteuse que je découvre chaque jour en compagnie de mon fils, – mon maître en chaque circonstance – m’a accoutumée à une perspective neuve envers mon passé : l’auto-compassion.

Ma psychothérapeute m’a dit un jour : « vous êtes une voix »

Une illustration de maman signée Monsieur G.

J’ai marché jusque la gendarmerie – un bon kilomètre – le comptoir me dépassait d’au moins un mètre, il fallait lever la tête bien haute. « Monsieur, mon papa a tapé fort ma maman hier soir et j’ai peur qu’elle meurt ». : j’avais 4 ans et demi, c’était la rentrée au cours préparatoire.

Le képi en couvre-chef, moi sur ses genoux, un gradé accompagné de quelques gendarmes m’ont reconduite chez mes parents. Ces militaires se devaient de saluer mon père en collègue : mes parents savaient que j’avais brisé le silence, ils ne m’en ont jamais parlé.

Mon rôle au sein de ce foyer à problèmes était « celui qui dit la vérité », la faiseuse de trouble, un peu pariât, vaguement bouc-émissaire, un mouton noir, aujourd’hui sans famille. Je l’ai accepté, amplement dépassé, avant même que cela soit effectif. C’était ma norme.

Après tout, j’avais de drôles manières : je remuais mes doigts autour de ma tête frénétiquement, je vomissais beaucoup et m’évanouissais souvent : ‘une petite fille à problèmes’. Et puis, ces cheveux clairs, ces yeux gris-bleus… on me les a accusés, obliquement.

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De plus, tout avait mal continué

Ne pas supporter les cheveux…

Si ma jeunesse fut une série de rejets principalement heurtant, j’ai vécu avec un sentiment de malédiction toute ma vie : une adolescence chaotique, dans un brouillard dont je peine à distinguer le souvenir. Tant le gris foncé demeure la tonalité qui a teinté mon parcours, parmi quelques éclairs faiblement ensoleillés, quelquefois.

On peut toujours tenter de se rassurer en comparant sa voie aux moins bien lotis, et l’on continue de s’abaisser en rationalisant l’inacceptable. J’ai subi précocement des violences et des atteintes sexuelles : un voisin a profité de ma divergence.

J’étais différente et certains en ont profité. Ma mémoire décide que je ne supporte pas ces images, sauf par bribes. Un suicide avorté in extremis en compagnie de cette honte qui m’a accompagnée tout du long d’un long dimanche de novembre, continuellement maussade.

La suite n’est guère davantage encourageante : le continuum

Une introversion que je ne saisissais pas : une impossibilité à garder une amitié, une solitude chronique, dont j’ai appris à faire mon alliée. Jeune adulte, je ne comprenais pas pourquoi il me fallait rester couchée des jours entiers les week-ends, afin de n’exécuter que mes allers-retours permettant de payer mes factures, dans un brouillard incessant. J’imaginais que tout le monde vivait comme moi.

Les pieds de Monsieur G.

Je savais qu’un voile m’empêchait de comprendre mes embûches, j’avançais, mes rêves enfouis, sans savoir où me rendre. Ab æterno.

Le combat d’une mère solitaire et introvertie

Les pieds de maman

Reprendre des études a permis à mon cerveau de rattraper ses ors, un esprit hyperactif et introverti, qui génère des compensations malsaines si son porteur le laisser dépérir, sans défi à relever.

Une introvertie plus introvertie que les autres : une émission de radio écoutée avec attention, a bouleversé ma vie en une seconde. Cette mère, autrice, racontait comment elle n’a pas laissé son fils autiste non verbal se fermer. Je n’étais encore qu’une célibataire très endurcie ce jour-là, et pourtant, mon destin allait basculer à l’identique, quelques années plus tard.

4 pour être précise. Je survivais, isolée, incapable de mener de front une vie sociale et professionnelle, par épuisement. Il fallait choisir.

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La dépression souriante achève le tableau

Mon petit introverti, autiste de haut niveau, non verbal, est celui à qui revient ce blogue, il en est l’auteur anonyme, je n’y suis pour rien en réalité.
Il m’a regardée, moi la fortunée, cependant son regard glissait sur tout : « je ne te laisserai pas faire » lui rétorquais-je quotidiennement. Le récit de cette mère à la radio me hantait, elle me racontait mon histoire.
Le médecin qui a diagnostiqué mon fils m’a fait remarquer mon trouble de la communication : mon petit garçon né en 2007 est une espèce d’élégant duplicata affiné. Aujourd’hui, c’est lui qui me fait observer mes singularités en riant.

Experte en neurodiversité par nécessité

L’introvertie que je suis n’est pas en capacité d’agir comme les femmes habituelles, plus ambiverties : pas de longues confidences à bâtons rompus à se raconter, j’ai dû traverser mes circonstances, isolée.

Un cerveau conçu pour trouver des solutions : je me suis mise à chercher partout des réponses et l’internet foisonnant d’informations en anglais, nous a sauvés. Les auteurs, australiens et nord-américains, ces sages, des scientifiques, dont les contributions ont modifié ma donne.

Comprendre l’autisme m’a permis de me pardonner mon parcours, et de rendre à mon fils son histoire, en brisant la dynamique caractérisant la mienne. J’ai lu tout ce que la littérature a fait paraître sur le cerveau neuroatypique.

Trouver des réponses m’a pris 10 ans

Mon petit autiste et sa maman paranormale : quelques échecs au sein d’établissements scolaires et de nombreuses salles d’attentes lugubres ont eu raison de mon petit atypique.

Fini l’école présentielle. J’avais rampé avec lui, dormi avec lui, entrouvrant toutes ses armures : il employait mes mains pour communiquer et parlait un langage que moi seule comprenais. Je lui montrais Monsieur Einstein en lui expliquant que lui aussi, n’avait pas prétendu parler petit enfant.

Mon petit autiste devenu grand est un jeune homme parfaitement épanoui. Il me devance en tout. Et me dépasser oralement demande des capacités élevées. Je me sens digne de lui.

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Une voix coïncidant une voie

Une introvertie libre aujourd’hui

TheIntrovertSinger est une aventure atypique : mon chemin rocailleux, invraisemblable et irracontable se conclura un jour par un ouvrage dont l’issue s’écrit au fur et à mesure que mon tempérament introverti – désormais parfaitement accepté – concède de me présenter ma feuille de route.

Comprendre l’introversion a ouvert grandes les portes de ma dignité. J’ai recouvré des aptitudes gâchées, rattaché mes espoirs ruinés d’errances, et me suis autorisée à prendre une place cédée trop longtemps.

Cependant, mon siège, comme j’aime à l’écrire, est demeuré vide. On ne remplace pas un introverti qui manque à l’appel. Sa place abandonne un vide inappréciable, une lacune au collectif, un bout de jambe en moins, un atavisme additionnel, une communauté qui attend un de ses illuminés.

TheIntrovertSinger

Neurodiversite.com : À propos de la Neurodiversité – Célébrer la neurodiversité, la diversité humaine, l’intelligence sous toutes ses formes. 

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