Quelles Carrières Pour les Introvertis ?

Existerait-il une carrière idéale pour chaque introverti ?

Comme dans le champ amoureux, on a plusieurs options et l’idéale n’existe peut-être qu’en l’incarnant soi-même. Certes rabat-joie, mais on peut rendre sa réalité plus excitante qu’une fiction, harmonieuse en valeur, sans influence des siens. Si on manque d’air, on peut décider, se faire croître, en progressant sur un chemin dont on est l’auteur, du premier aux derniers maux.

Les conseilleurs sont rarement payeurs. Nous avons pris l’habitude de nous appuyer sur des épaules soi-disant solides, pour nous en émanciper, trouvant sa voie, mais on ne décroche pas ses succès dans l’ombre des autres. Creuser son sillon et y faire ses classes à sa façon, demande de rompre ses liens.

Désentraver les enchevêtrements

C’est toujours long et douloureux de passer au stade adulte, signifiant de prendre ses responsabilités à 100 %. Pas de conjoint, ou de parents obstruant ses désirs, sans rébellion ni conformisme. Cesser l’insensée quête d’approbation, ériger un mur infranchissable entre ses aspirations véritables, et leurs détracteurs. Même s’ils se prétendent bienveillants, devenir soi implique de quitter ses attaches.

Une liste de métiers prémâchée ?

On lit partout sur internet des conseils en carrière, destinés aux introvertis. Que faire de ces suggestions, quand on cherche à s’atteindre et à se connaître. Proposer des idées de métiers semble peu adapté, dans la mesure où on s’adresse à un public adulte. Lancés dans leurs chemins, jonchés de traites à payer, de contraintes et chantages plus ou moins matériels.

Celles et ceux cherchant à s’orienter sont peut-être à la recherche d’autre chose qu’un métier. Bien que manger et se nourrir nous est vital, nous avons dépassé le stade de survivance de nos ancêtres, y compris d’après-guerre et baby-boomers. Nous cherchons tous à faire la différence, contribuer en laissant une empreinte, une tâche imparfaite, une goutte dans l’océan, en dehors de la reproduction. Le collectif humain s’éveille à ses catastrophes dont il perpétue l’habitude égoïste : « posséder, consommer». Chercheurs d’or à l’année, la maison en banlieue, le 3ᵉ samedi du mois consacré à l’amour, 3 semaines de congés payés en aout, cela ne fait probablement plus tant d’adeptes.

Apprendre ou Enseigner ?

On sait que le monde souffre, et pas que de nos erreurs de jugement. Un introverti est dénué d’autre envie que de chercher à se changer, pour voir si le monde s’y met aussi. Il faut bien commencer un jour et quelque part. L’introverti souffre d’envies intérieures, de frustrations immatérielles.

Ne cherchant pas de vérité magique, séduisante superficiellement. Vivant sa complexité, imprégné de sa représentation interne, heureux, introverti, influençant les esprits par ses moyens. Se réjouissant clandestinement de poser sa modeste pierre, près de ceux qu’il admire. L’humanité conçue, maintenant forcée à collaborer, l’introverti est son contributeur singulier, muni d’un « moi » véritable, son empreinte unique. Tous nos témoignages additionnés ont pour mission d’accomplir le reste du chemin de nos aînés. Ils ont mordu la poussière, pour que nous puissions commencer la grande et belle aventure, de nos demains possibles.

Maître et élève

Quel que soit son bagage scolaire et son passé, travailler est un verbe, se remplaçant par s’accomplir. Même si toutes nos anciennes valeurs refuges, la sexualité ou les sécurités contractuelles, peuvent encore avoir l’attrait, de la tendresse infantilisante. Le degré d’ataraxie est corrélé à ce sentiment de routines bien huilées, quand on ne trouve plus de quoi se justifier, l’abattement sentimental d’incomplétude.

Posons-nous les bonnes questions ?

Les introvertis sont conseillés d’embrasser des carrières dans le conseil, ce sont des métiers drainants en matière d’énergie. Introverti et thérapeute proposant de l’aide aux personnes, peut rapidement se trouver épuisé, physiquement et psychiquement.

La psychologue autrice d’un article sur le site ‘psychologytoday.com’, Revenge of The Introvert, Dr.Laurie Helgoe raconte comment recevoir des patients quotidiennement l’avait fait chanceler vers l’abattement. Choisir une carrière de soignant, au sein de laquelle l’introverti sera rapidement surmené par la compétition ambitieuse, ne pardonnant pas les fragilités. Documentaliste ou vendeur, programmateur ou graphiste. J’ai lu nombre de ces articles sans y trouver de réponse, certainement parce que la question posée induit en erreur. Pour trouver le bon métier, on peut commencer par chercher ce que cachent nos interrogations mal formulées.

Je crains d’entreprendre

« Un introverti improvisateur », reste plus compétent en entrepreneuriat (il est déjà lancé). L’introverti, plus abstrait, repère du confort dans la consistance. S’accepter et s’adapter à soi, sans chercher à s’impressionner. Déceler le bon compromis, vertu précieuse à cultiver pour s’émanciper de ses fausses croyances. Expérimenter demande un effort vers l’inconnu, et de connaître son projet avec précision. Entreprendre n’est pas une option pour tous, croire qu’un introverti peut se muer en entrepreneur dynamique pour sa qualité d’indépendance, est erroné.

Monter une association ou aller vers une voie plus confortable pour s’établir, ne passe pas forcément par vendre ses services ou des biens par les réseaux sociaux. Ce sont souvent des comportements plus extravertis, car il faut en faire une promotion agressive pour en vivre décemment.

Entreprendre signifie agir. Devenir chef de son petit business, incarner son propre moteur, faire une activité pour soi qui se ressemble. L’introverti, insatisfait de son quotidien, est possiblement victime de cette terreur du changement. C’est une constante chez certains introvertis, dont les modifications des habitudes sont nettement plus déstabilisantes que pour d’autres tempéraments, plus dociles à la norme.

Je crains de changer d’orientation

Installé dans un quotidien, malheureux comme un caillou, plein de craintes légitimes. Laisser derrière son image qu’on s’envisageait conforme, comme la perte d’un décès ! Devenir quelqu’un d’autre si on est prêt. Passer d’un état au suivant, une petite mort pas subite, revenir au vivant.

On ne peut pas s’omettre, qu’on y laissera des souvenirs rattachant à ce qu’on croyait de soi. On n’a pas peur sans raison, l’immobilisme inconfortable incitant à la question de sa carrière. Signifiant que l’endroit où on se trouve, n’est pas celui préféré. Admettre que l’on s’est trompés, recommencer ailleurs, débuter, apprendre encore. Quoi de plus naturel que d’en sentir des frayeurs déviantes. Ce sont nos peurs qu’il faut affronter, nos clés de réussites, suppliant qu’on les dépasse.

Je crains de reprendre des études

Les introvertis sont les meilleurs candidats à la formation continue, à la reconversion totale. Il faut avoir de très bonnes capacités disciplinaires et un goût curieux des apprentissages, tous les introvertis sont en terrain connu. S’égarer loin de son train de vie, du petit confort matériel aux dépens de l’existentiel, en vaut largement la chandelle.

Retourner à la fac, apprendre à conduire une entreprise, reprendre un atelier d’artisanat. Aller en province cultiver des blettes ou fabriquer des fromages, on traverse un stade sur lequel l’on perd temporairement le fruit des efforts passés. On fâche l’entourage de ses acrimonies. Une histoire peut aussi s’arrêter quand on a converti sa vie. Une formation à une nouvelle activité joue le rôle d’outil délivrant du potentiel.

De plus, j’ai peur des échecs

La honte d’échouer, cache la peur d’y arriver haut la main. Ainsi, on craint d’échouer pour confirmer une honte, et la peur de réussir pour l’infirmer. Dans les deux cas, on ne veut pas quitter un conditionnement, la facilité de fidélités lointaines. Il n’y a pas de lâcheté derrière nos craintes, mais la négligence du contentement.

On doit échouer, quiconque ose prétendre le contraire ment. Tombons, souvent et beaucoup, pour trouver l’équilibre, on passe sa vie à l’effleurer, mais le bonheur n’est pas la destinée. Cependant, on s’en fabrique sur mesure, en chemin. Même les contes de fées racontent une route plus excitante que sa fin. On sait quand c’est fini et tout recommencer, autant lancer ses débuts soi-même.

Je crains mes réussites

Peur ou excitation ? C’est l’autre face de la même pièce de monnaie. Ce pincement, cette frayeur de l’enfance, quand on se réjouissait à l’idée d’une joie, d’un voyage ou d’une surprise. De plus, on oublie qu’elle a existé, dérangeante, rajeunissant nos poussières. C’est l’envie d’y aller, ce muret à sauter, ce bond vers l’inconnu, où tout semble hostile. L’illusion de trop changer, de manquer d’ambition, de confirmer sa mauvaise réputation ?

Qu’on se sache la mériter ou non n’est plus important. Quand on craint de réussir, c’est qu’on n’a pas encore défini sa réussite à sa façon. On n’est pas obligé de viser la même cible, avancer se conjugue égoïstement. Si on a peur des succès, c’est parce que le modèle de réussite imposé est repoussant. On redéfinit le signifiant pour obtenir sa voie. Ils ont fait ce qu’ils ont pu avant, à soi de ne pas reproduire, mais auto produire authentiquement.

Je crains mes envies, de la liberté

Fermer toutes les vieilles portes usées, tourner le dos au passé infidèle. On a le droit de changer d’avis, sa vie. Le droit au désengagement, au désistement.

Notre XXIᵉ fait encore terreur. Alors, on craint de partir dans un Van faire le tour du monde, on se refuse le droit de vivre sans attaches, on continue aveuglément. La diversité s’accueille comme les milliards d’espèces partageant l’espace terrestre. Par ailleurs, on a tous une place, n’existe-t-elle pas encore ? Se créer à sa façon, faire des adieux symboliques, refuser de s’enterrer vivant. Ainsi, il parait que courage est le prix de la liberté.

TiS

http://theintrovertsinger.com/2020/04/24/que-faire-si-je-pense-souffrir-du-syndrome-de-limposteur/

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