Quel Paradoxe Caractérise les Introvertis Solitaires ?

Introvertis : Regretter sa Solitude – Refuser les Sollicitations

Quel introverti ne se réveille pas régulièrement à l’instar de ces matins-là, en s’interrogeant sur ses choix que sa nature introvertie a fini par imposer, tacitement ? Plus on avance en âge, plus respecter son tempérament devient une nécessité, pourtant, il subsiste un sentiment de regret entêtant. Pourquoi regrette-t-on des relations que l’on refuse de vivre ?

La science du regret

En psychologie évolutionniste, mais également en philosophie de la psychologie, on s’est aperçu que le regret tient un rôle majeur à la survie de notre espèce : il s’agit d’une fonction d’apprentissage permettant de discerner les erreurs que l’on commet et d’en mesurer les conséquences dans le futur.

Évidemment, les regrets sont extrêmement importants à l’échelle de l’évolution, et tout autant en faveur de nos développements individuels. Les regrets sont liés à des expériences que l’on ne souhaite pas expérimenter à nouveau. Nous débutons ces apprentissages difficiles dès la prime enfance, spécialement avec nos premiers aidants naturels.

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Qui ne regrette-t-il rien ?

À part la sublime Édith Piaf, qui peut se targuer de ne rien regretter du tout ? Oui, on peut tenter de rationaliser des erreurs passées que nous avons tous commises par inexpérience, manque de discernement, passions douteuses ou impulsion malheureuse, en effet. Néanmoins, quel introverti n’a pas cédé en le regrettant à la minute de sa (mauvaise) prise de risque ? Avec cette manie d’être sourd à ce que son signal d’alarme interne, l’ambiguïté, qui était cependant venue sonner le tocsin de nos funestes calculs.

Une histoire catastrophiquement annoncée, et on y a plongé bêtement ? Des regrets à pelle. Un tatouage ignoble sur le bras ? Trop de chocolat après un diner copieux ? Encore un, et on peut en énumérer des kilomètres, car l’humain passe un temps fou à regretter, sans même en avoir la moindre conscience, de soi et de ce que joue cette réaction presque immunitaire, explication.

La fonction du regret chez l’humain

On a observé à l’IRM – Imagerie Médicale par Résonance Magnétique – des cerveaux regrettant. On s’est aperçu que les zones sollicitées se concentraient autour de l’hippocampe – Le circuit de Papez – indiquant qu’il s’agit d’une fonction de mémorisation qui est sollicitée au moment du regret.

Au moment durant lequel on regrette, ces parties de notre cerveau s’animent, comme lors d’apprentissages, qu’il s’agisse de la crainte du regret, ou d’un regret effectif, les mêmes circuits neuronaux sont sollicités. Les IRM ont montré que c’est le cortex orbitofrontal chargé de calculer les risques qui s’emballe, c’est l’amygdale en charge de le connecter le système limbique. Et l’on décide de ne rien faire. Par sécurité. La survie de l’espèce a peut-être dépendu de cette capacité de préservation de certains sujets.

À Lire : L’Introverti Qui a Peur de Manquer.

La peur de regretter

On choisit l’inaction par confort : mieux vaut des remords que des regrets ? On connaît cet adage populaire, et l’on sait bien que c’est souvent le contraire que l’on choisit. Les rares instants de liberté que l’on s’est offert dans une décision lourde de conséquences, que cela soit dans l’enfance ou plus tard, a parfois terminé en désastre : on a fait confiance et l’on en a souffert. On a tout quitté pour un.e minable, pour rien. Enfin si, des remords et de la culpabilité.

On a abandonné un bon poste sans signer de contrat de l’autre côté ? Eh bien cela reste bien encré dans l’hippocampe qui au prochain risque, fait en sorte que le reste du cerveau s’en mêle. L’amygdale, le limbique, et le cortex font front pour générer une réaction de stress, mettant en scène la situation regrettable, comme dans la réalité. On vit cette anxiété de ne rien faire, comme si l’on avait commis une erreur presque irréparable : et l’on choisit en conséquence de ne pas agir, de ne surtout pas prendre ce risque et de faire machine arrière.

Les introvertis anxieux, les regrets et la culpabilité

Selon une étude menée sur les individus regrettant en série, il est ressorti que les profils les plus sujets à la honte coupable et à l’anxiété étaient les profils faibles en extraversion et haut en Névrotisme, selon le modèle OCEAN appelé Big 5. Les introvertis concernés par le sentiment de scrupule, comme l’anxiété sociale le suggère, ainsi qu’une forte inclinaison à la rumination de situations passées ou de pronostics catastrophiques, sont de toute évidence, susceptibles de vivre des épisodes d’inactions.

La peur des regrets, permet de choisir de ne pas agir, de ne prendre aucune décision, de procrastiner, et de laisser une situation stagner. Au risque de le regretter plus tard, évidemment. Aurait-on moins de frayeur à regretter ce que l’on ne fait pas, plutôt que les remords et retentissements des actes mal calculés ?

À Lire : Introvertis : 8 traits attirant les personnes toxiques.

Choisir l’inaction : le paradoxe introverti

On est au cœur d’une contradiction, car choisir l’inaction est un choix (comme un autre). Un introverti qui décide de façon récurrente et délibérée de refuser de vivre une expérience, comme accepter une rencontre, ou simplement d’entrer dans un groupe social – comme le partage de centres d’intérêt – choisit de ce fait sa solitude, en le regrettant malheureusement. L’amygdale stimulée par le limbique (l’hippocampe est l’embranchement de nos mémoires) envoie un signal au cortex préfrontal : on ressent une peur paralysante, et qu’est-ce que l’on en fait ? Rien.

Un Atome, deux états possibles : Erwin Schrödinger, Physicien.

Une réaction identique à celle que l’on ressent face à un danger potentiel : Se Battre, Fuir ou rester Figé. “Freeze” du verbe anglais geler, indique que l’on est en situation de stress, dont l’organisme et sa chimie font ce qu’ils peuvent pour maintenir sa survivance : un introverti refusant une activité ou une relation, est en réalité en situation de survie, dans une agitation digne d’un tsunami interne. L’énigme est raisonnablement compréhensible, face à une équation aussi complexe : comment respecter son tempérament tout en prenant des risques ? C’est une autre question méritant que l’on s’y attarde, très prochainement.

TheIntrovertSinger

(APA): Zeelenberg, M. (1999). The use of crying over spilled milk: A note on the rationality and functionality of regret. Philosophical Psychology, 13, 326-340.

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Muris, P., Meesters, C., & van Asseldonk, M. (2018). Shame on Me! Self-Conscious Emotions and Big Five Personality Traits and Their Relations to Anxiety Disorders Symptoms in Young, Non-Clinical Adolescents. Child psychiatry and human development, 49(2), 268–278. https://doi.org/10.1007/s10578-017-0747-7

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