Les Introvertis Se Disputent-ils Comme les Autres ?

Des scientifiques se sont aperçus que les extravertis et les introvertis divergent en situation d’opposition

Les introvertis sont si distincts, qu’ils ne se disputent pas non plus comme les majorités. On sait aujourd’hui ce que différencient les introvertis des autres, en revanche, on ne finit pas de découvrir des faits insolites sur le tempérament introspectif. Qu’apprenons-nous de cette dissemblance ?

Eyzenk et les introvertis

C’est une longue histoire dont nous pouvons collectivement être reconnaissants. Ce psychologue a su constater des divergences empiristes entre les introvertis et les extravertis. Son travail sur l’éveil cortical, évoquant l’excitation psychique, ou la sensibilité au stimulus, a montré l’hyposensibilité ou éveil cortical modéré des extravertis justifiant leurs besoins supérieurs en stimulations, comparés aux introvertis nettement plus aisément sur stimulés, exigeant qu’ils choisissent des environnements plus calmes. En d’autres termes, selon Hans Eyzenk, les introvertis réagissent à l’opposé des extravertis en matière d’éveil ou d’excitation mentale, son travail a permis de déceler toutes sortes de divergences évidentes quant au fonctionnement des introvertis.

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Les introvertis s’expriment autrement

  Si on installe un extraverti et un introverti à une table pour dialoguer, on constate immédiatement un décalage sémantique : l’extraverti qui pense très concrètement s’exprime néanmoins de façon floue et peu précise. Pour évoquer une situation à laquelle l’extraverti est confronté – bien que visionnant très clairement ce dont il est question, car la pensée extravertie est illustrée très concrètement – toutefois ses propos pour décrire cette imagerie détaillée sont nébuleux et approximatifs. L’introverti en revanche s’exprime avec détail et précision, cependant la clarté de ses arguments sont issus d’une pensée abstraite, et catégoriquement conceptuelle. Inutile de tirer des conclusions car au fond on ne sait pas quels furent les enjeux du point de vue de l’évolution de notre espèce, par contre au fil des études portant sur les tempéraments, on sait aujourd’hui avec certitude que cette diversité peut entraîner des incompatibilités, qui mettent en relief l’importance des tempéraments en matière d’enjeux relationnels.

Les introvertis approfondissent des aboutissements

Un groupe de femmes de tempéraments mixtes autour d’une table ? Eh bien, les introverties sont rapidement happées par leur attrait pour l’échange d’informations plutôt factuelles, tentant de détecter des conclusions à des problématiques relevant de thèmes principalement concrets. Les femmes extraverties n’ayant que peu d’intérêt pour ce type de conversation, échangeaient dans l’objectif de chercher leurs points communs, dans des discussions catégoriquement moins pragmatiques. Il ne s’agit pas de juger qualitativement, simplement de pointer ces disparités afin de démythifier une bonne fois pour toutes les compétences associées à l’extraversion, ne reposant que sur une représentation erronée de l’apparente efficience. Ces femmes introverties observées dans cette étude ont pu dévoiler les obstacles auxquels se heurtent de nombreux introvertis : rencontrer des partenaires compatibles affectivement, et trouver des amitiés qui leur conviennent, sans sur-adaptation. Et puis, ces études exposent clairement les possibles difficultés des couples mixtes en tempéraments. Quant aux malentendus sur le lieu de travail, on sait qu’ils sont le pain quotidien de nombreux introvertis souffrant en silence, hurlant dedans.

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Les introvertis sont peu récompensés par l’affrontement

Les introvertis fuient les affrontements. L’étude menée par un docteur en psychologie de l’Université du Nevada, travaillant sur les thèmes amples des neurosciences cognitives, dont le débat concluant cet article laisse peu de doutes sur l’évitement des conflits que les introvertis ont peu alimentés, à l’inverse des extravertis semblant stimulés par les oppositions d’idées. Des articles référencés dans cette étude, portent sur l’affrontement, les discordes et les types de personnalités, présupposent qu’il se peut que la récompense en neurohormones du circuit de récompense noradrénalinergique et dopaminergique, serait nettement plus stimulante pour les extravertis, dont la quête d’excitation induit une forme de contentement possiblement motivant, expliquant les disparités vis-à-vis des introvertis acétylcholinergiques, fuyant l’affrontement, épuisés, et hypers stimulés, contre les extravertis y puisant de l’énergie. Comment, dans ces dispositions, vivre des relations mixtes en tempéraments dans ces conditions ? L’un n’ayant aucun goût pour les stimulus, l’autre en ayant besoin pour fonctionner ?

Les introvertis perdent la motivation facilement

Cela est aussi un souci lors d’antagonismes dans leurs vies privées et professionnels : les introvertis, même courageux ont tendance à désengager précipitamment. Les discrets montrent un goût modéré pour les compétitions, et les oppositions sont davantage une source de découragement, induisant une quittance anticipée des protagonistes, de plus, l’introverti ne cherche ni médiation ni remède diplomatique : il se replie. Le discret ayant des besoins impérieux en tranquillité, il lui est en effet plus confortable de ne pas poursuivre la proximité avec des sujets dont l’agitation asphyxie son énergie, son circuit de récompense complexe, est mal adapté aux circonstances traditionnellement observables dans les relations usuelles. Un introverti rebrousse chemin et quitte l’événement, et s’il ne le peut pas physiquement, l’étude établit que les introvertis engagés dans une joute verbale, s’en désengage psychiquement et évidemment émotionnellement.

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Les introvertis sont cognitivement indépendants

On a mis autour de tables des introvertis et extravertis, puis on a observé des extravertis s’écharper avec ardeur et des introvertis se renfermer massivement. Les hypothèses selon lesquelles les introvertis seraient craintifs sont certainement fausses, en revanche en tant qu’introvertie, je peux émettre une suggestion personnelle : les conflits et discussions d’opposition occasionnent une démotivation certaine, dont il est presque impossible de conserver l’attention. Une situation conflictuelle m’inspire un rejet profond et irrépressible, comme lors d’un choc anaphylactique, une saccade interne paralysante et insupportable, dont je sens l’urgence de me dégager. La compétition agissant de même sur mes neurohormones, il est fort probable que cet esprit d’affrontement extraverti, dans les rivalités par des propos argumentatifs, ayant pour objets de manifester une forme de domination, ne soit en évidence qu’un antidote à la créativité introvertie, pas si fragile. Simplement résultant d’un synchronisme intérieur délicat. Sans plaisir pour les combats stériles, l’introverti a déjà quitté la tribune, abandonnant à ces figurants de jouer leur scène, observant de loin tout ce qu’il gagne à s’en distinguer.

TheintrovertSinger

Nussbaum, Michael. (2002). How Introverts versus Extroverts Approach Small-Group Argumentative Discussions. Elementary School Journal – ELEM SCH J. 102. 10.1086/499699.

Beukeboom, C. J., Tanis, M., & Vermeulen, I. E. (2013). The Language of Extraversion: Extraverted People Talk More Abstractly, Introverts Are More Concrete. Journal of Language and Social Psychology, 32(2), 191–201. https://doi.org/10.1177/0261927X12460844

Introversion and working memory: central executive di€fferences : Matthew D. Lieberman

A study of conversations between introverts and extraverts. : psycnet.apa.org

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