Anxiété et l’Angoisse du Retour à la Normale

Déconfinement : Est-il possible de reprendre le cours de nos vies comme avant ?

Tout est à recommencer, nous nous sommes familiarisés avec de nouvelles habitudes confinées, nous retrouvons nos marques dans nos intérieurs, et c’en est terminé. Les confinés s’étaient fait à l’idée de travailler sur un bout de table de cuisine, même si plus de 40 % d’entre eux se sont épuisés en télétravail. Plus de 60 % se sentent mieux dans son salon partagé avec les siens, qu’un retour au métro matinal, de bus bondés ou d’embouteillages n’en finissant pas. Vivre à tressaillir au moindre rapprochement d’un quidam désinhibé, n’ayant strictement rien à faire de cette histoire de virus, dont la vie reprend en mode sociopathique, réjouit de la crainte qu’il inspire. Nous avons progressivement à recommencer un travail sur la mort d’une réalité, pour une autre incertaine et anxiogène, c’est-à-dire l’acceptation d’une fin pour faire du mieux possible d’une équation trop méconnue.

Le modèle asiatique.

À la lecture des commentaires sur les réseaux sociaux, et des analyses de journalistes socio-économique, la tendance est au déconfinement avec arrêt maladie non négociable, sans retour à la normale envisageable à la date du 11 mai. Les grandes villes vivent en mode résistant, leur retour de confinement, et tout est en train de se jouer dans l’esprit des citadins conscients de leur état de promiscuité permanent. Ne supportant pas l’idée de ne plus serrer des mains à tout-va, ou tout simplement d’avoir à vivre leurs relations sociales à la façon du Levant. L’Asie dont on devrait absolument désormais avoir à s’inspirer, certainement et durablement. La densité au Km2 à Paris est de plus 20 000 habitants, sans compter les travailleurs par milliers transitant par la capitale quotidiennement. On talonne Hong-Kong et Séoul, qu’avons-nous d’autre pour alternative ? Fini les bises du matin, et l’existence insouciante et légère d’antan. On a passé les morbides années Sida, sous préservatif, c’est maintenant les années lugubres Covid-19, sous masque. Quel avenir ? Nous n’en savons strictement rien.

Le monde d’avant n’est plus.

« On n’est pas prêt”rétorque l’une, “j’ai peur de retourner au travail” répond l’autre. « Je n’enverrai pas mes enfants à l’école” conclut un parent, dont l’angoisse d’envoyer son enfant en collectivité toute la journée est tout simplement inacceptable d’envisager. Une marche funèbre en ré mineur, c’est en effet comme ça que les professeurs des écoles et les parents, souffrant de crises d’angoisse à l’idée d’un retour en établissement collectif. Comment s’imposer d’aller à la guerre en première ligne faire chair à canon, quand on sait que d’autres privilégiés sont tranquillement affairés à jouer en ligne confinés ? Sans l’inquiétude d’attraper un Covid-19 dont on ne sait strictement rien d’autre que sa contagion peu frileuse ? “C’est avec une boule au ventre que nous avons accusé le coup, à l’annonce de la date de reprise d’activités sociales”, que tous sans exception considèrent comme précipitée ou impraticable, mais immuable cependant.

De nouveau anxieux.

C’est ce présent que ce Covid-19 laisse en héritage, des masses de nouveaux anxieux, d’enfants présentant des symptômes de troubles obsessionnels ayant peur de sortir, terrifiés. Des jeunes gens tout à coup anxieux à l’idée de se rapprocher physiquement de leur entourage amical et familial. Des appréhensions sur leurs savoirs-être perdus, et cette inutile confiance en soi qu’on avait définitivement enfouie confiné, dans ce Nouveau Monde dont la distance physique, donc psychique devient la règle. Loin des yeux loin du cœur. Ce modèle de société unique, où on doit s’ignorer en tournant la tête par crainte de se transmettre des germes létaux. Nous entrons dans un univers aseptisé dont nous ne savons pas grand-chose, si ce n’est que l’émotion la plus communément partagée aujourd’hui est la peur. Trop d’inconnu ne peut se considérer sans frayeur, notre cerveau conçu pour survivre, notre cortex insulaire freine aux 4 fers, choisissant de rester enfermé à l’abri, chacun bien caché dans sa bulle protectrice.

Sortir de sa grotte.

On est de retour vers le futur, ce mode de survie, comme les stressés post-traumatiques, dont la biochimie complexe des systèmes nerveux demandant une prise en charge sine qua non. Sortir de chez soi est une source d’angoisses, fruits d’une anxiété et d’épuisement de ruminations souvent inconscientes, quelle ombre flotte et menace ? Se retrouver au contact de celles et ceux aux comportements à risque, supporter que d’autres nous fassent subir leur désinvolture inconsciente. L’inquiétude de celles et ceux nombreux au contact d’un malade chronique ou fragile, la terreur d’attraper ce Sars CoV-2 et de mourir, car éviter l’innommable renforce son emprise. On sait que nous avons tous expérimenté l’éternuement glaçant après avoir fait ses courses, guetter les symptômes annonceurs d’une fin possible, car on sait des cas de myocardites et des morts de jeunes ou d’adultes autant sidérantes qu’inexpliquées. Des complications faisant suite à une contamination à cette maladie Covid-19, dont les asymptomatiques sont d’innombrables fantômes menaçants et invisibles, dont soi. Le déconfinement consécutif à l’anxiété de se retrouver à vivre un long dimanche d’hiver long de deux mois, nous plante le décor d’un impossible retour en arrière.

Avons-nous peur de mourir ?

Tiraillés entre retrouver une activité et circuler plus librement avec ce bémol de notre peur à peine voilée de tomber malade, et d’en mourir. Activité versus sécurité, du plus jeune, aux plus âgés, les sujets confinés ne savent plus comment se projeter dans le quotidien le plus banal. L’incertitude du ‘dé confiné’ sans boussole, avec une contrainte supplémentaire après l’infantilisation du confinement, la perte de pouvoir du déconfinement. Perdre le contrôle à ce point exige de prendre le temps de se poser en introspection, accepter l’incertitude et les terreurs, sans troubles psychiques peu évitables. Plus le confinement s’étend en temps, plus nos nouvelles habitudes sont ancrées. En effet, nous avons passé plus de 50 jours enfermés, notre biologie s’est adaptée à ce nouveau paradigme. Une nouvelle habitude ne prend pas plus de deux mois pour commencer à faire partie intégrante de soi.

L’amour masqué.

Des masses de néo-hypocondriaques, des nouveaux anxieux sociaux et d’angoissés des lendemains de disettes, la menace d’entreprises chancelantes rompant ses contrats, une génération inquiète et ballottée. Toutes nos banqueroutes professionnelles et personnelles, des drames humains se sont joués dans le dos de cette crise sanitaire, et que le nombre de victimes de toutes sortes laisse une marque dans l’histoire sans précédent. Un tiers monde confiné, le tiers incertain, de toutes nos croyances perdues, cette sécurité factice dont il faut accepter les mensonges. Nous sommes fragiles collectivement et encore plus individuellement. Il y a eu des glissements vers des solitudes macabres, des dépressions lourdes multifactorielles et des dépendances aiguës qu’il faut traiter. Des phobies sociales à contourner, des jeunes précaires abandonnés, des vieux encore plus vieux, des esseulés toujours plus isolés. Cette crise n’en est qu’à ses balbutiements. Il nous est assigné une tâche, en s’armant de courage, pour se reconstruire sur un Mode presque Nouveau.

TheIntrovertSinger

“Certaines personnes décideront peut-être de rester cloîtrées malgré le déconfinement” : Topsante.com

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