Comment Un Introverti Décide-t-Il ?

Il paraît que les introvertis sont meilleurs en prise de décision. Eh oui.

On pourrait penser que l’absence d’impulsivité due à l’introversion est un blocage en matière de choix, ou un frein. En réalité pas du tout, c’est au contraire un gage de qualité. En quoi les introvertis diffèrent-ils dans leurs capacités décisionnelles et par quels atouts sont-ils avantagés ?

On ne se construit pas son estime de soi sur le dos des extravertis. En revanche, les différences de tempéraments permettent de mieux s’appréhender et donc de gagner en assurance dans la vie de tous les jours. Les discrets tendent à se dévaloriser ou bien l’ont été, mieux comprendre le fonctionnement de son cerveau complexe, participe à renforcer son mental.

Un article du Dr Rehana Khalil publié dans l’International Journal Of Research In Medical Sciences, a observé que les tempéraments extravertis s’appuient sur leur environnement pour trancher avec impulsivité.

Quand l’introverti fait ce qu’il fait de mieux : s’écouter. Les introvertis sont à 79 % totalement indépendants et décident en sondant leur intuition et leurs ressentis, souligne le Dr Khalil concluant à leur supériorité en matière de prise de décision.

Un introverti abrite un processeur ultra sophistiqué conçu pour les tâches complexes, et définir un choix est un processus lent et pluridimensionnel, que l’introversion maîtrise mieux que les soirées en villes au karaoké.

Selon Michael Brown auteur et consultant, les extravertis agissent puis pensent, tandis que les introvertis pensent puis agissent. Nous savons que les introvertis peuvent cogiter longuement avant d’aller vers la solution, élaborée de bout en bout au préalable. Beaucoup d’introvertis évitent l’improvisation et doivent se sentir en paix avec leurs choix, parce qu’ils passent beaucoup de temps seuls avec un esprit assourdissant et hyperactif, que l’impulsivité regrettable rendrait juste insupportable.

Les extravertis refont les mêmes erreurs. C’est facilement explicable par ce que différencient les deux tempéraments. On valorise l’extraversion pour l’image qu’elle projette sans mesurer les conséquences de choix mal pesés.

Les introvertis possèdent un cerveau utilisant des chemins allongés pour traiter toute information.

On pense un introverti lent, d’autant plus s’il se met une pression à accélérer sa nature dans la vie de tous les jours au contact d’extravertis, mais en réalité l’introverti fait inconsciemment toute sorte d’analyses par des angles différents, et demande de l’énergie.

Les introvertis sont des gymnastes, mais ce n’est pas leurs bras et jambes qu’ils surentrainent quotidiennement. L’introverti est porteur d’un amplificateur sensoriel puissant, intensifiant la moindre stimulation. Un introverti vit une expérience groupe même anodine, comme une source d’épuisement pour le reste de la journée, et un facteur de déconcentration évident.

L’introverti note toutes les petites mimiques, expressions, sous-entendu, et ce sans le vouloir. C’est ça un introverti, on le pense “réservé”, mais le terme exact serait “préservé”, un réflexe de protection lui permettant de fonctionner.

Les introvertis n’ont pas à rougir de leurs réactivités différées. Dans un article publié par l’université du Nevada comparant les extravertis et introvertis lors de discussions argumentatives en petits groupes, on s’est aperçu que les extravertis employaient le biais contradictoire ou conflictuel quand les introvertis recherchaient des solutions créatives en collaborant.

Ce sont des traits de personnalité difficilement conciliables, expliquant peut-être les difficultés que rencontrent les introspectifs dans leur vie de tous les jours. Dans cet article on met en avant les hésitations des introvertis à alimenter les échanges, interprétés comme un manque d’affirmation.

Les introvertis doutent énormément, c’est un revers de médaille injuste, car le point de vue d’un introverti comporte des éléments d’analyse échappant aux plus grands nombres.

I Avoir confiance en la mécanique introspective.

La prise de décision chez les introvertis se fait en de nombreuses étapes invisibles, et inconscientes. Il est possible que certains introspectifs se pensent indécis ou lents, quand ils diffèrent leurs choix, il n’en est rien.

De nombreuses études menées depuis de longues années ont quantifié l’activité cérébrale introvertie, la P300 (Event-Related Potential) mesuré par électroencéphalogramme, employé par de nombreux scientifiques pour quantifier les réactions à des stimulations, a démontré que les introvertis ont une activité électrique largement supérieure.

C’est avec cet outil notamment qu’Inna Fishman une chercheuse de la San Diego State University, s’est rendu compte du réflexe indifférencié des introvertis à la vue de la photo d’un visage ou d’un objet. Les introvertis sont des décideurs nés, ignorant la qualité de la cohérence de leurs décisions, y compris dans le champ affectif. Les introvertis savent ce qu’ils font, l’assurance des extravertis est une devanture.

II Les introvertis émotionnels.

Cherchent l’harmonie, et à faire l’unanimité avec diplomatie. On demande beaucoup l’avis de l’entourage, on écoute ses sentiments, ses émotions et intuition, et celles des autres. Les introvertis employant leur empathie pour décider choisissent en fonction du sentiment que leur inspire la situation. Ils le sentent bien ou mal, sont sensibles à leurs sensations et celles de leurs proches et concernés, ils sondent autour d’eux et veulent bien faire.

III Les introvertis penseurs.

Cherchent l’efficacité, c’est leur objectif. Un penseur ne falsifie pas ou ne cherche pas des arguments ou prétextes pour altérer une information ; un penseur se contente d’analyser des faits, sur lesquels il ne cherche pas avoir d’influence, au contraire. Il atteint sa conscience tranquille en se mettant dans la posture la plus objective, gage de sécurité et donc de prise de décision consciencieuse.

IV Les possibles difficultés.

Les introvertis peuvent penser qu’ils compliquent tout, à tort. Quand un introverti emploie son empathie pour décider, ce n’est pas une crainte de faire des erreurs que le retient, mais le recherche d’une solution habile, agréable à tous, ce sont des compromis plutôt que tailler dans le vif, en craignant les susceptibilités ou de perdre une option.

Avoir besoin du soutien et conseil des autres pour les chercheurs d’harmonie est un souci, ainsi qu’être vigilant à la manipulation.

Les penseurs tranchent vivement sans se poser de question après. Ils pèsent le pour et le contre longuement, font des recherches et s’appliquent à décider, ils sont faits pour ça. C’est une des activités que font ces introspectifs avec le plus de facilités, ils font des choix et s’y tiennent.

Les penseurs risquent l’intransigeance après avoir adopté une solution, et l’obstination avec laquelle ils tiennent à leurs décisions, dépensant toute leur énergie à mener des débats internes argumentés. Les faire changer d’avis est vain, malgré les apparences.

TheIntrovertSinger

Fishman, Inna & Ng, Rowena & Bellugi, Ursula. (2011). Do extraverts process social stimuli differently from introverts? Cognitive neuroscience. 2. 67-73. 10.1080/17588928.2010.527434.

Noman, Rehana. (2016). Influence of extroversion and introversion on decision-making ability. International Journal of Research in Medical Sciences. 1534-1538. 10.18203/2320-6012.ijrms20161224.

Nussbaum, Michael. (2002). How Introverts versus Extroverts Approach Small-Group Argumentative Discussions. Elementary School Journal – ELEM SCH J. 102. 10.1086/499699.

Why Introverts Make Better Decisions – and How to Compensate if You’re an Extrovert! : Michael Brown

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