Limiter l’épidémie de burn-out

Comment se sortir de l’épuisement du confinement ?

“C’est fini, mes batteries sont vides, je suis épuisée, tout est devenu si ‘chronophage-ment’ compliqué, la moindre tâche du quotidien requiert un équipement anti-contamination. On se décontamine, en désinfectant soi et les autres avec anxiété. Avec cette hyper-vigilance épuisante, on attend dans des files d’attente dignes du régime léniniste. La moitié des items trouvés aux supermarchés, dont les rayons vides forcent à changer absolument tout de ses habitudes alimentaires, en plus d’être financièrement ballotés. Autant dire que mon trouble attentionnel est paroxystique”.

“Des journées n’en finissant pas. Ce sont des dizaines d’heures sans repos à enchainer les tâches de plus en plus inefficacement, avec une fatigue chronique devenue lourde à contourner, et ce n’est certainement pas les insomnies qui aident à retrouver un semblant d’équilibre. Lever 2:45 hier sans aucun espoir de ré-endormissement (je ne fonctionne pas sans au moins 7-8:00/nuit), c’est un zombie que je vois au lever du jour apparaitre dans mon miroir. D’ordinaire dynamique et enjouée, je traine des jambes qui me supplient de leur fiche la paix. Passer son temps à mouliner aux 4 vents, pour rien. Le manque de sommeil accumulé, construit une espèce de mur entre ce qu’on devrait faire et son résultat, très en deçà des attentes escomptées”.

Épuisement = Trouble de la concentration, insomnie, pessimisme, douleurs physiques, immunité altérée et troubles de la digestion.

“Ça ne m’empêche pas de faire le clown et de chanter à pleins poumons. Néanmoins, ce n’est pas la grande forme. Qu’en est-il du stade suivant, quand on est submergé, et qu’on y arrive plus ? La machine s’enraye, les roues embourbées et figées. Sans comprendre ce qui s’est tramé à notre insu, dont on a ignoré les nombreux signaux précurseurs”.

Les confinés épuisés.

De plus en plus de confinés sont dans un état de stress chronique, dont l’anxiété bien compréhensible finit par générer des états émotionnels, dont le burn-out serait atteint pour certains parents solos, et parents en couple. Toutes celles et ceux qui continuent leurs journées de travail à la maison. Important leurs emplois dans leur intimité peu ergonomique, dont la promiscuité ne permet pas de se structurer parfaitement, aux exigences de son activité professionnelle. Des frontières mal définies en termes d’horaire, on n’a pas du tout le même rapport au temps. Les semaines s’enchainent rapidement paradoxalement. Tout en ayant une impression que le temps s’est arrêté. Si on a mal partout, qu’on se sent dépassé, et qu’on a peur de ne pas y arriver, attention, le burn-out guette.

Le stress mène au burn-out.

Le burn-out est un ensemble de 3 facteurs combinés se traduisant par une manifestation d’impuissance, c’est avec cynisme qu’un sujet au burn-out n’arrive plus à trouver de sens. Se sentant incompétent ou inutile, sous-estimé et sous-employé, ou exploité, une perte de motivation dû à une absence totale de gratification. Avec défaitisme et catastrophisme, un individu frappé de burn-out s’immobilise. Enfin la léthargie ou apathie d’une expression de dépression. Des désordres chimiques, qu’il faut prendre au sérieux, tant le burn-out passe inaperçu dans sa période ascendante. Se lever le matin devient un marathon sans fin, aux jambes brulantes d’acide lactique de ses muscles douloureux. Le cœur lourd battant à la chamade, hypertendu, ou encore la tension affaiblie. Dont l’esprit n’apporte plus aucune solution, comptabilisant les ruminations de ses problèmes.

Quel burn-out peut-il me concerner ?

Le burn-out professionnel :

Ceux qui travaillent à la maison sont corvéables à merci. Les trois types de burn-out les concernent. Le plus connu, l’épuisement professionnel : le cas typique d’une personne dont les compétences sont sous-évaluées, dont les journées ne font plus sens. Comme un cérébral dont le travail manuel est en train rendre fou, ou au contraire un manuel coincé dans un métier administratif. Ces métiers presseurs de citron, demandant toujours plus, ou d’une hiérarchie sadique dont l’empathie sert à déterminer, celle ou celui le plus endurant. Les métiers prenant et vampirique, dont on ne sait plus comment affronter les obligations, un monstre à nourrir, jamais rassasié. Ou le métier dont on se meurt, placardisé où rien ne se passe, dans l’immobilisme total. Un sujet au burn-out se retrouve un soir chez un médecin généraliste, à déverser des larmes aux litres, désorienté. Sans savoir où aller, dans un vide psychique inconnu et insupportable, d’autant qu’on peut avoir 25 ans. Ne plus savoir ni où ni comment avancer dans sa vie.

Le burn-out parental ou maternel.

Ceci concerne massivement les mamans, en post-partum ou non, ce désordre hormonal trainant des années, fréquent et largement sous-estimé, vaguement honteux et peu pris en charge. Largement compensé par la joie de cette petite bouille de nouveau-né fragile adorée. Il se peut certainement aussi, qu’une ou des grossesses couplées à des difficultés de vie, s’accumulant sur les épaules d’une maman, dont le ou les post-partum n’ont pas été adressés. Cumulés jusqu’à l’épuisement maternel. Les familles nombreuses sont les plus concernées, mais les femmes cumulant vie professionnelle et familiale sont les plus vulnérables. Ces femmes sont épuisées dans le silence, ne sachant plus gérer la moindre tâche du quotidien.

Parent solo ou duo.

Les parents solos sont aussi des machines à tout faire, assumant avec des œillères, une masse de travail colossale, sans rechigner. Dont la grande fatigue psychique des soucis combinés à l’épuisement physique, et au manque de soutien. Une solitude caractéristique des solitaires, ne s’accordant jamais un droit de répit. Beaucoup de confinés sont confrontés au télétravail, et aux obligations scolaires de leurs enfants, dont il faut gérer absolument tout ce qui est habituellement délégué à l’institution en charge de leur éducation. Sans évoquer l’aspect difficile des enfants empêchés de dépenser leur belle énergie. Aucune perspective de repos pour ces parents solistes ou dualistes.

Burn-out personnel.

C’est une vie dont le sens échappe, dont les choix et les échecs ont mené loin des aspirations et rêves de l’épuisé. Entre des insatisfactions intimes récurrentes, et une solitude isolante, des projets avortés, et des accidents de vie. Communs à la vaste majorité d’entre les humains, majoré par des inexactitudes optionnelles. Des départs mal calculés en mauvaise compagnie, des erreurs d’aiguillage malheureux. Des trains ratés, et des opportunités ne correspondant pas à son chemin de vie. Ces passages arides, que de nombreux adultes identifient en différé, évoquent une crise existentielle. Néanmoins, le burn-out personnel, dont la perte de signifiant et de signifié, mène le machiniste à arrêter sa machine. Défaitiste plein d’amertume, l’apathie d’une perte d’énergie vitale sourde à sa pulsation. On a quitté la bataille, on a perdu la guerre. Un immense découragement neurasthénique, comme un long tunnel sans lumière et sans fin. Une pandémie d’individualisme issue de nos Lumières, donnant naissance à des pathologies d’âmes éteintes.

Le burn-out étudiant.

Touche un étudiant sur deux, c’est considérable. Pas un sou n’en poche, se battre pour manger et dormir dans un endroit décent. Courir toute la journée, sans espace temps pour recharger le peu d’énergie disponible. Les pressions financières sur des épaules à peine formées. Avoir son choix de cursus universitaire en aversion, ses examens ratés. Car ça existe aussi, et ça n’est pas le plus important, mais ces angoisses de performances sont exogènes, la peur de décevoir rôde comme un charognard. Pourquoi cette pression inutile sur des ‘enfants’. Douter de son avenir, avec cette crainte de ne pouvoir y arriver. Ces étudiants appliqués et indépendants, s’en sortant mieux que les autres en apparence. Pourtant portes fermées, ils hurlent intérieurement dans une angoisse des lendemains sombres, dans l’effroi d’un avenir flou et incertain. Des gamins souffrent d’insomnies, Déjà ? À l’instar de leurs ainés, les maux physiques sont aussi de la partie, avec des troubles de la digestion, notre cerveau entérique crie à l’aide et sera entendu. La jeunesse souffre en silence dans la pauvreté et les angoisses. Les étudiants confinés ont de gros soucis d’argent. Un ‘enfant’ ne devrait jamais souffrir de s’éduquer.

‘Decision Fatigue’.

Qu’on peut traduire par de l’épuisement décisionnel. Selon un article sur le site de la BBC, les confinés se retrouvent dans un climat aux repères inconnus, menant un surmenage intellectuel et psychique, des plus inédit et éprouvant. Tout devient complexe, personne ne sait comment il se sortira de cette période ni quels en sont les enjeux. On avance au jour le jour, et le moment présent des gourous démontre l’imposture de leurs conseils magiques.

Les confinés ne supportant plus le bruit de leurs voisins, et puis cette promiscuité permanente irritante pour certains, dans nos fameux appartements dortoirs de ville. Les journées s’enchainant sans repos habituels et vitaux. Une nouvelle réalité ou paradigme dont on ignore tout s’ouvre à nous, sous couvert de nos résistances habituelles aux changements. Enfin, l’avenir de ce Covid-19, dont on ne comprend pas grand-chose malgré les infos anxiogènes-contradictoires en continu. Comment éviter de ne pas se retrouver submergés tous autant que nous sommes, dans une peur éreintante ? Les psychologues cliniciens conseillent de lâcher définitivement ces emplois du temps surchargés intenables. De ne plus exiger autre chose que ce qu’on peut avoir, logique. De ne pas demander à nos enfants plus qu’ils ne peuvent donner. Laisser un peu d’imprécision, de lâcher du lest à la corde raide. Offrir des vacances à nos méninges surmenées. Il n’y a pas d’autre choix, que le repos mental et physique quand on en a trop fait, et c’est le cas.

Maintenant un mois passé que nous sommes confinés, cette ambiance de long dimanche d’hiver peut un peu faire perdre pied. Quand il n’y a pas de remède magique, on peut juste accepter, en se réjouissant de ce qu’on a et laisser tomber le perfectionnisme et ses adeptes définitivement, en leur disant adieu.

TheIntrovertSinger

Syndrome d’épuisement professionnel H.J. Freudenberger : Wikipédia

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