Qui sont celles et ceux vivant bien leur confinement ?

Portrait des personnes au moral d’acier durant cette période de restrictions.

On le voit, certains vont bien. Ce n’est pas élégant de le clamer, en cet intervalle aux destins douloureux. Toutefois, on constate des individus, dont ce brusque changement, résonne harmonieusement avec leur nature authentique. Le degré d’extraversion de la société dans laquelle nous vivons, laissant peu, ou prou d’espace à la différence. C’est donc maintenant, qu’on croise des discrètes prenant le soleil tranquillement, détendues chacune sur un banc. Sans crainte de se faire aborder inélégamment. Des visages sereins et souriants, respirant un air nouveau et respirable. Sont-ils moins nombreux que les visages anxieux et tendus ? Dont on entend des bribes de conversations, se plaignant de leurs insatisfactions. Certains insatisfaits le seraient-ils de façon chronique ?

Le printemps arrive.

Dimanche matin nous étions, mon adorable garçon et moi, marchant plein de gratitude pour ce soleil, balayant nos inquiétudes de sa chaleur et lumière inconditionnelles. Délivrant sa dose de vitamine D, gratuitement sans ordonnance. Des fleurs dont on avait oublié l’existence, redonnent une odeur à nos yeux d’ordinaire aveuglés. Des rues vides, redistribuant un peu d’espace essentiel aux sensibles. Cette habitude récente du surpeuplé, à se piétiner les uns les autres. La promiscuité faisant oublier parfois des limites, qu’on franchit comme psychopathique-ment.

Les optimistes de réserve.

La familiarité induite par trop de proximité familièrement quelconque. C’est donc avec une certaine griserie, que je me suis engagée dans plusieurs épiceries, pour trouver un breuvage précieux disparu des linéaires Parisiens. Prétexte pour une longue marche ponctuée de visites de rayons vides. Moins de choix, mon cerveau se repose. Moins de stimulus et de boutiques, des trottoirs redevenus praticables, pour s’entendre enfin penser. Le bruit a presque disparu. Je retrouve la plénitude de ce ciel bleu. Quand on s’éloigne les uns des autres, on se sent respectable ou respecté.

Coupables d’aller bien.

On ne peut pas se réjouir d’une situation créant un tel chaos, sanitaire social et psychique, sans honte ni sentiment de culpabilité. Avec un pincement au cœur, ces confinés vivent une parenthèse enchantée, honteusement soulagés. Ceux percevant une indemnité compensatoire. Détestant leur activité professionnelle, voient leur niveau de cortisol commencer à diminuer. Il y a de nombreuses personnes en souffrance au travail, profitant de cette parenthèse pour se reconstruire. L’anxiété ne définit pas son porteur, puisque cette compagne de toujours devient une drôle d’amie. Restant attaché parce qu’on se connaît au point de l’apprivoiser. L’anxiété n’est qu’un mécanisme, dont nous avons tous à trouver la source, pour mieux appréhender qui ou quoi nous affecte. Pour s’en détacher définitivement.

De l’ordre dans le chaos.

Certains se sentent en sécurité. C’est le paradoxe des crises comme celle que nous vivons collectivement. Permettant de mettre le doigt sur la différence, et l’accepter. Je n’ai jamais vu autant de solidarité dans le regard des personnes que je croise. Une dame dans la maturité regrettait tristement que nous l’évitions pour la protéger. C’est avec une joie non dissimulée, que nous avons partagé quelques tendresses sociales, moins insipides qu’à l’accoutumée. On sent de la sincérité partout, des regards profonds sans ces masques-personne cachant nos vulnérabilités. C’est un retour vers le passé, une transgression temporelle menant aux prises de consciences massives. Un moment dans le temps arrêté, il faut bien que nous changions, que nous n’oubliions pas ce nouveau paradigme confiné.

Des extravertis sous- pression.

Il existe des tempéraments introvertis et extravertis. Les extravertis sont dépendants de leurs ‘dopaminergique’, sanctionnés par l’absence de nourriture relationnelle régénérante. Les extravertis dont l’épidémie Covid-19, maintient dans la distance sociale, des personnalités rechargeant leurs énergies avec les autres, contre leur gré. Ces extravertis ont vraiment besoin du groupe pour fonctionner. L’apathie et sa fatigue mentale, contournées par des compensations, qu’il faut essayer de contrôler. Représentant la majorité, les extravertis nombreux attendent avec impatience la fin du confinement. Dont les modalités sont loin d’avoir leurs intérêts émotionnels en priorité.

De l’écologie psychique.

Le climat assaini. Certains extravertis stables psychiquement, ne se sentent pas particulièrement déstabilisés. En dehors des incertitudes évidentes, conséquentes à la pandémie, dont le virus, Sars CoV-2 est coupable et responsable. Créant des alternatives, ou dans la relation d’aide, c’est comme ça que les extravertis apportent leur soutien. Nourrissant leurs besoins dopaminergiques, en se rendant utiles. L’extraversion de celles et ceux en charge, se trouve extrêmement récompensée. On reconnaît enfin l’impossibilité de se passer de ces extravertis, courageux et généreux. Garants du fonctionnement de nos pays, rien de moins. Il y a encore quelque chose à mettre dans son assiette, et c’est à eux qu’on le doit. Ceux à qui reviennent ces applaudissements quotidiens. Des hommages aux femmes de ménage et aux livreurs épuisés. À toutes ces femmes et tous ces hommes, apportant leurs contributions, recevant enfin leur dû : la reconnaissance sociale, et il était grandement temps que le leur vienne.

Ces extravertis (et introvertis) retrouvent la place usurpée par le narcissisme superficiel, volé par le mépris ‘triangulateur’ des comparaisons nauséabondes, ostensibles et toxiques.

Les marmottes de sortie.

Les introvertis sont moins pénalisés. Notamment pour les profils les plus marqués par leur introversion, rechargeant leurs batteries en utilisant un circuit de récompense opposé aux extravertis. Ne souffrant d’aucun stress lié à l’isolement social, nombreux sont ceux débordés par leurs occupations et responsabilités. Les introvertis se sentent bien, retrouvent une qualité de vie perdue, aux confins d’un univers inconsistant, périssable, interchangeable et jetable. Où tout le monde s’agglutine en même temps au même endroit.

Les polarités non duelles.

Enfin la fin des dualismes et dualités matérialistes. Beaucoup d’introvertis apaisés, et d’extravertis superfemmes et hommes, retrouvant une sérénité. Plus enclins à se montrer, on voit des visages éclaircis par cette dignité dont nous avons manqué. Nous avons toutes et tous, notre place réservée ‘VIP’ et essentielle. Chaque maillon de la chaine humaine possède exactement les mêmes droits. N’est-ce pas ce que les Lumières nous enseignent ? Poussons-nous trop loin le concept d’individualité ? Sans fausses égalités dans l’équité, le collectif tiers confiné pose son regard sur l’autre, détaché des apparences. Pour les profils sensibles, qu’ils soient extravertis ou introvertis, ça n’a pas de prix. Ou bien celui des fausses libertés égocentriques, dorénavant comptable de ses vanités vaines.

La mission de vie rassemble.

La solitude versus solitaire, ou solidaire. Quand on s’occupe des autres, on se responsabilise d’une mission. Rien ne peut nous atteindre, qu’on soit docteur ou ouvrier, on trouve du sens où on décide d’en donner. C’est pour ça que ces crises majeures existent, loin des superstitieuses superstitions ou pensées magiques, on peut accoucher d’une signification existentielle. Dont l’humanité s’est vidée par égotisme. Le don nourrit autant l’auteur, que celui qui le reçoit. Même quelques secondes par un regard sincère, on change un profil hormonal en soi par l’autre, et avec lui. Pour une récompense plus pérenne et rassasiante, que les décharges hormonales des plaisirs futiles et narcissiques. Mammifère social ne signifie pas plus que de rendre son visage humain à qui de droit.

Fini ‘L’étranger’.

Regarder le monsieur digne qui fait la manche devant le supermarché, remercier sincèrement, quoi de plus gratifiant ? Pourquoi avoir indexé la valeur humaine sur ce qu’il possède, ou sait accumuler ? Oubliant qui il Est. C’est un retour à soi par l’autre, auquel le collectif est contraint. Sans contrainte si on fait le choix de ne pas profiter de cette ouverture, d’un cœur symbolique ‘sur-narcissisé’ et cadenassé. Les pertes de sens ne sont pas liées à ce qui nous entoure. Notre libre arbitre permet de s’en extraire. Cependant, de se conformer aux ordres du paraître, pour y disparaître complètement. Le culte tyrannique des apparences, les façades de bonheurs factices compétitifs. Les mines faussement accomplies, autant de mensonges sociaux qu’il est peut-être temps de juger. Un jugement sans appel, une justice inclusive, pas celle de l’homme, mais humaine.

Les natures reprennent leurs droits.

On voit des images d’animaux sauvages dans des villes fantômes, retrouvant l’espace que nous leur avons volé. Celles et ceux dont un rêve lointain est ravivé par l’idée d’une fin possible. Les vocations naissantes et nées, et les projets émergeant en surface décomplexés. Des rencontres romantiques d’amoureux, dont les récits redonnent espoir. Des amitiés fortes scellées entre voisins, des petits gestes oubliés n’attendant qu’une nouvelle habitude pour s’installer. Certains ont renoué un lien distendu ou coupé. D’aucun a pu donner une nouvelle chance à leur fatalité. Dans la misère des violences conjugales et financières, submergés par les pertes et les deuils inconsolables, des héros pas si ordinaires vivent des contes sans fées. L’espoir des humains fait déplacer des montagnes, la bonté fait des miracles en célébrant la vie.

TheIntrovertSinger

Melnikoff, David & Bargh, John. (2018). The Mythical Number Two. Trends in cognitive sciences. 22. 10.1016/j.tics.2018.02.001.

Personalities That Thrive in Isolation : Psychology Today

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