Introvertis : Des Différences Entre Hommes et Femmes ?

Qu’est-ce que peut différencier une introvertie d’un introverti ?

C’est un thème rarement abordé et c’est assez insolite. Étant donné que l’on connaît le rôle du genre au sein de l’édifice collectif, et son influence sur nos comportements et choix, on peut s’en étonner. Eh bien mesdames et messieurs les introvertis, est-ce que le genre compte ?

« La femme doit obéissance à son mari. »

Code civil (21 mars 1804), article 213

Nous ne pouvons pas nous permettre d’aborder ce sujet hautement polémique et complexe sans contextualiser un minimum ce à quoi nous tentons de faire référence. Sujet controversé que l’on ne peut pas omettre sous le prétexte du politiquement correct. Après quelques recherches moins fructueuses que si l’on s’intéresse à la sexualité des introvertis, est-il possible de tirer quelques leçons de ce que nous apprend notre genre et son influence sur le tempérament introverti ?

« La maison est à l’envers lorsque la poule chante aussi haut que le coq. »

Noël du FAIL

Le genre. Qu’est-ce que c’est exactement ?

C’est en premier un mot dont la racine vient du Latin “genus”, que l’on usait sous le terme gendre, employé à l’origine pour la grammaire. Utilisé pour désigner le sexe biologique la première fois dans les années 50, c’est donc très récent. Le genre est un concept multidisciplinaire, encore plus jeune, que l’on a vu se distinguer récemment en de nombreuses oppositions : la construction du genre est l’ensemble des représentations sociales du sexe dit biologique, que produisent les identités sexuées. En sociologie, en parle de « sexe social ». Les « rapports sociaux de sexe », l’androcentrisme universel ou gynocentrisme réactionnel, qui ont pour unique intérêt ici de nous positionner selon un contexte donné : nous vivons en occident au XXIᵉ siècle, et notre appartenance à l’un des deux genres influence particulièrement nos personnalités et perceptions.

Les paradoxes d’aujourd’hui sont les préjugés de demain.

Marcel Proust

L’introverti et l’extraverti selon les genres.

Un homme et une femme sont donc enjoints de correspondre avec précision à une série de codes permettant ainsi de se distinguer, auxquels la société toute entière dans son immense majorité, se contraint. On sait qu’une femme est une femme, parce qu’elle remplit sa part de contrat social implicite, tant dans sa mise que dans ses comportements : Une femme est ‘féminine’, quoi qu’il soit associé à la féminité, il semble que la société a défini ce que suppose de gagner ce label. Les hommes sont soumis à des pressions moins visibles, néanmoins existantes, leur permettant eux aussi de se conformer au groupe. Les femmes introverties forment une ombre, pour certaines, dans leur comportement identifié comme contraire au sexe féminin socialement admis : une femme plutôt extravertie, disponible, et chaleureuse que l’on associe à la douceur. Identiquement, les hommes introvertis pareillement font tache : l’homme musclé, protecteur et initiateur, que l’on associe à la force et l’affirmation. On voit déjà se dessiner des fonctions dans le groupe n’entrant pas dans les rôles dits traditionnels. Paradoxalement, les introvertis pour la plupart, continuent de s’identifier à ce modèle sociétal, en ayant au fond aucune prédisposition naturelle à cela.

« Nous ne comprenons pas plus une femme législatrice qu’un homme nourrice. »

Pierre Joseph PROUDHON 

Les hommes introvertis penseurs et les femmes extraverties sentimentales.

Selon une étude menée par Rowan College of New Jersey, portant sur la prédictibilité des types de personnalités jungienne, on s’est aperçu du stéréotype suivant : les candidats s’identifiant au genre masculin s’identifiaient à la fonction cognitive T, pour la pensée, et les candidates s’identifiant au genre féminin, s’identifiaient sans trop de surprise au type sentimental, que l’on connaît par le terme anglais “feeling”, pour ressentir ou sentiment. On fait face à un contrat social impliquant une distribution des rôles sur une scène où se jouent peu d’individualités énoncées, mais un consensus autour d’attentes sociales directement rivées au genre. On comprend mieux le mythe de l’homme mystérieux et de la nymphe énamourée, des costumes fabriqués de toutes pièces.

Le bon sens n’est rien d’autre qu’un ensemble de préjugés qui reposent dans votre esprit avant que vous n’ayez eu 18 ans. 

Albert Einstein

Les femmes introverties.

Sont en effet trop réservées pour exhiber une identité sexuée aussi affirmée que les autres femmes appartenant à leur groupe social. Les attentes vis-à-vis des femmes sont très claires, et l’introversion ne facilite pas les rapports basés sur ces polarités. Certaines introverties se sont souvent sentie marginalisées, elles vivent leur “féminité” comme un fardeau inutile ou un biais accommodant et réducteur. De nombreuses introverties témoignent de leur malaise à s’approprier des rôles excessivement codifiés, restrictifs et hypersexualisés.

La réputation est un préjugé vain et fallacieux : souvent gagnée sans mérite et perdue sans justice !

William Shakespeare

Les hommes introvertis.

Pour les mêmes raisons évidentes, les introvertis véritables se sentent bloqués par les stéréotypes masculins, dont on devine sans peines leurs difficultés. On n’est pas un homme si on n’accomplit pas les tâches socialement assignées au stéréotype du genre identifié comme masculin, dont les égos sont encore plus directement subordonnés. La construction sociale du genre masculin représente une influence considérable et conditionne à des comportements que certains introvertis déplorent – comme pour les femmes introverties, tous ne sont pas concernés –, mais les témoignages n’ont pas valeur scientifique et n’apportent pas de statistique fiable : les introvertis seraient moins sensibles à leur appartenance genrée, et peuvent avoir à fournir une attention consciente pour contribuer de manière consciente à la perpétuation des genres selon notre construction sociale présente (chancelante malgré les efforts de chacun).

« Une femme, la honte de l’humanité et de son sexe, la veuve Capet, doit enfin expier ses forfaits sur l’échafaud. »

Jean-Nicolas BILLAUD-VARENNE

Quand les genres sont en colère.

Selon le Larousse, c’est un état affectif violent et passager, selon l’Internaute il s’agit d’une grande irritation, et le Robert nous définit la colère comme un mécontentement violent accompagné d’agressivité. Dans une étude menée par Edith Cowan University, indiquant que les femmes et hommes introvertis et les femmes et hommes extravertis présentent des caractéristiques typiques de leurs caractéristiques face à la colère, et que son intensité et son expression étaient liées non pas au genre ou sa construction sociale, mais à leurs tempéraments.

Les femmes seraient autant affectées que les hommes par la colère dans son volet expressif, mais c’est dans son contrôle que les femmes se démarquent significativement, en l’occurrence une introvertie réagit avec son tempérament en orientant sa colère intérieurement, et en mesure les conséquences avec clarté. Selon cette étude, le genre agit sur la maîtrise de la colère, toutefois pas sur sa manifestation.

Garçon ou fille, homme ou femme, il n’y a que des individus fiables ou non. 

Françoise Giroud

Le genre : un outil marketing accommodant ?

Multiusage, on peut s’amuser à diviser pour mieux régner avec cet argument difficilement contestable, encore aujourd’hui, car l’humain s’y identifie massivement. Le genre serait une mixture concoctée par sa constitution sociale et biologique, ainsi l’introversion n’a que peu d’influence ou de conséquence corrélée au genre, comme le confirme une étude datant de 1927, publiée par The Journal of Abnormal and Social Psychology, nonobstant d’autres travaux, demeure une référence.

Malgré ce que la science nous apprend : les tempéraments existent bel et bien, ils sont anecdotiquement genrés, pourtant on perpétue cette guerre des “sexes” absurde et ses identifications inutiles, comme cet essai : “la fille de Vénus et le gars de Mars“, dont l’unique utilité serait éventuellement dans une salle de bain en cas de pénurie de papier toilette, mais le savon fonctionne très bien, surtout avec de l’eau.

TheIntrovertSinger

Harry Reis, professeur de psychologie, Rochester University .

Références :

Carothers, B. J., & Reis, H. T. (2013). Men and women are from Earth: Examining the latent structure of gender. Journal of Personality and Social Psychology, 104(2), 385–407. https://doi.org/10.1037/a0030437

John Money, « Hermaphroditism, gender and precocity in hyperadrenocorticism: psychologic findings », Bull Johns Hopkins Hosp., vol. 96, no 6,‎ 1955, p. 253-264 (PMID 14378807) :

Ingoldsby, Lori K., “Personality differences between men and women” (1995). Theses and Dissertations. 2250. https://rdw.rowan.edu/etd/2250

Recommended Citation Oliver, J. (2008). The role of sex, gender role, and extraversion-introversion in explaining the experience, expression and control of anger. https://ro.ecu.edu.au/theses_hons/1151

Heidbreder, E. (1927). Introversion and extroversion in men and women. The Journal of Abnormal and Social Psychology, 22(1), 52–61. https://doi.org/10.1037/h0074959

Mars et Vénus : derrière les clichés des individus : couplesfamilles.be

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