Conflit : Introvertis et Extravertis Au Travail

Quelles faiblesses dans la communication entre introvertis et extravertis en milieu professionnel ?

Cela n’est pas nouveau, l’humanité n’en finit pas de ne pas s’entendre, à défaut de s’écouter. Ainsi, on peut se trouver piégé dans un conflit de comportement, ne portant pas forcément sur le fond, mais bel et bien sur les formes. Quels sont les risques de la mixité cognitive au travail ?

On le voit parfois dans les séries, détaillant des rapports de forces entre proches ou collègues, qui pourtant partagent des systèmes de valeurs, au moins en partie. Pourtant l’impasse d’une communication mal présentée, fait vaciller l’équilibre d’une collaboration.

 Familiarité amène mépris. 
 

 Henri-Frédéric Amiel 

Cela m’est arrivé à plusieurs reprises, sans en avoir conscience, évidemment : nos tempéraments n’ont jamais réellement fait l’objet de préoccupation pour nos tuteurs, et on se trouve souvent inconnu de soi et trop fréquemment des autres. Les introvertis se choisissent parfois des modèles plus extravertis, en laissant cette dissonance gérer leur vie, faite d’approximations et d’incompréhensions. On n’est pas forcément conscient de sa divergence, surtout si on a dû affronter d’autres problématiques relativement tôt dans la vie. Le pragmatisme fait écran entre nos besoins élémentaires que l’on lui cède pour survivre. Les introvertis qui vivent des relations amicales ou professionnelles insatisfaisantes savent bien ce dont il est question.

Un peu de vécu :

Une extravertie se permit une familiarité contre laquelle mon intégrité a réagi hors de tout contrôle : j’ai été mise à pied. En effet, même si la personne en question n’a évidemment plus travaillé avec moi, j’avais encore une fois fait l’objet d’une méprise : on ne me connaissait pas du tout, en bonne introvertie (qui s’ignorait pourtant à cette époque), je ne fréquentais jamais l’équipe avec laquelle je collaborais pourtant régulièrement. Cette personne testant mes limites l’a mal vécu évidemment, et moi j’ai failli à perdre de justesse un poste auquel je tenais, repêchée de justesse par un DG qui ne souhaitait pas mon départ. Ma réputation a en effet été entachée, bien qu’en épilogue -, mais cela a pris des mois – on s’est rendu compte de ma rigueur assidue.

Avancer Au Sein d’Une Relation Introverti/Extraverti.” ici.

Les introvertis sur leur lieu de travail nécessitent le port d’un masque social, par pure obligation. Leur sens des responsabilités oblige les introvertis à s’adapter à des interactions, à laisser chacun occuper l’espace qui lui revient : pourtant, les comportements sont réellement sources de quiproquos dont les introvertis tirent des leçons quelquefois trop floues pour leur sembler compréhensibles. Lorsqu’un discret est équilibré, il s’ouvre rarement à son entourage professionnel, et c’est dans une atmosphère distante que les autres collaborateurs perçoivent – cette manifestation pourtant parfaitement courante dans la nature humaine – comme une déclaration hostile, quand il n’en est rien.

Un fond de ressemblance comporte des différences infinies. 

 Bernard Fontenelle 

À chaque tempérament ses forces et faiblesses.

Si l’on cesse de comparer les êtres, ils apparaissent soudainement comme parfaitement uniques ou dans certaines configurations presque idéales, complémentaires. Néanmoins, cela n’est jamais comme ça, on fait en sorte de projeter son ombre sur tous les supports, n’entrant pas dans son paradigme – trop petit ou grand – pour y faire une place véritablement ajustée à l’autre. Les introvertis dotés d’une empathie permettant la recherche d’harmonie, sont aussi concernés que les autres introvertis : on ne peut pas s’offrir le luxe d’être parfaitement authentique quand on compose avec des discordes comportementales trop déplorables.

Si de nos jours les classes sociales tendent à disparaître, les préjugés par contre demeurent. 

 Samuel Ferdinand-Lop 

L’extraverti perçoit l’introverti comme passif agressif.

C’est une indépendance d’esprit, perçue comme défiante, laissant aux tempéraments plus extravertis un sentiment d’infériorité, comme une manifestation de suffisance, rarement appréciée en collectivité. On pardonne peu l’individualisme de l’introverti sur son lieu de travail, faisant l’objet de spéculations diversement attribué à de l’arrogance ou une absence d’affect. Un manque de sincérité est aussi attribué à la nécessité d’un discret de conserver des limites vitales pour lui. L’introverti est incompris, une notoriété viciée et infondée peut aussi atteindre ses performances professionnelles.

 La familiarité, à la place du respect, est toujours ridicule. 
 

 Johann Wolfgang von Goethe

L’introverti perçoit l’extraverti comme inconsistant.

Ce goût immodéré pour s’exprimer sans avoir élaboré ses idées, on parle beaucoup pour réfléchir collectivement chez les extravertis, qui épisodiquement se livrent à des attitudes familières, perçues comme inappropriées par les introvertis qui se méfient des bavardages, signes de faiblesse. Un discret interprète aussi le besoin d’attention périodique des extravertis comme des insécurités faisant douter de ses capacités. Même si l’extraverti est un élément efficace, l’introverti se méfie invariablement des attitudes ostentatoires, les jugeant avec critique et déplaisir.

 La bêtise est l’absence de l’esprit, comme la sottise est celle du jugement. 

 Benjamin Delessert 

L’extraverti perçoit l’introverti comme timoré.

Un introverti peut facilement passer pour timide, une association mal comprise et trop populaire pour ne pas être prise en considération. Les introvertis abusivement qualifiés d’inhibés ou d’intimidés, font l’objet de spéculations relatives à leur réserve habituelle : pourtant un introverti compose ses réflexions en privé, et n’éprouve aucun besoin de validation externe, et c’est le point noir chez l’extraverti qui l’interprète comme une personnalité vacillante et mal affirmée, quand c’est tout à fait le contraire : l’extraverti se remet rarement d’un choc lors d’un conflit ouvert contre un introverti, laissant apparaitre un pan de sa personnalité méconnu. Les introvertis aussi perdent leur sang froid, et généralement, on s’en souvient longuement.

 La familiarité ouvre la porte à l’amour, mais elle la ferme à l’amitié. 

Axel Oxenstiern 

L’introverti perçoit l’extraverti comme arrogant.

Cette joie de vivre, ce besoin curieux d’attirer l’attention à soi, et cette manie de monopoliser les temps de parole, sans pour autant exprimer des idées construites, fait percevoir défavorablement l’extraverti par les introvertis – ces chercheurs de solutions innovantes – ayant besoin de structure dans leurs échanges, pour qu’ils soient orientés vers une édification quelconque. Les mots sont contenus chez les introvertis qui considèrent les diatribes extraverties comme de la bouillie incompréhensible, associée à leur désinvolture coutumière, cette manie de se faire l’ami de tous indispose les discrets, pour qui toute cette agitation dissimule possiblement une lacune : on sait les introvertis penser étonnamment bruyamment, sans pourtant prononcer un seul mot.

 La plus irréductible de toutes les haines est la haine par différence. 

 François Salvat de Montfort 

L’extraverti perçoit l’introverti comme rigide.

L’indépendance d’esprit ne plait pas, tant à l’échelle de l’évolution qu’en entreprise. Un introverti silencieux, volontiers pessimiste fait l’objet de méfiance de la part des tempéraments plus marqués en extraversion. Avec cette dent dure, propre à l’introverti, dont l’œil percevant chaque détail dérange les approximations, fait d’un discret la bête noire des moins consciencieux. Et il en faut, notamment pour certaines activités exclusivement relationnelles. Simplement, l’introverti le fait remarquer, et pour peu que ses compétences diplomatiques soient discutables, on assiste à un conflit n’attendant qu’une étincelle pour imploser. Fort heureusement, la contention courtoise permet de ne pas aboutir à s’écharper, mais les tensions sont, hélas, occasionnellement irréconciliables.

 Le monde social est un géant tyrannique et trompeur armé du code des préjugés et du livre des déceptions. 

ÉMILE DE GIRARDIN 

L’introverti perçoit l’extraverti comme influençable.

Une grande faiblesse du point de vue introverti, ces discrets qui apprécient les esprits indépendants, et les idées originales et exclusives, des visionnaires affirmés : un introverti amoureux des idées, se trouve mieux en compagnie d’une opinion antagoniste que d’un consensus convenu. Un extraverti pratique des référendums constants à chaque décision et se laisse guider par son entourage : attitude jugée irraisonnable par l’introverti enclin à ne pas accorder abusivement de crédit à un individu manquant d’assise ou de droiture. De surcroit, les discrets souffrent ne pas avoir suffisamment de partenaires avec qui partager leurs conclusions, et s’en trouvent presque frustrés, bien qu’habitués à leur solitude psychique au travail, dans l’hypothèse où ils sont forcés de composer journellement avec des tempéraments opposés.

TheIntrovertSinger

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