Souffrance : La Covid-19 et Les Introvertis

Comment la pandémie de la maladie provoquée par le virus SARS-CoV-2, affecte-t-elle les femmes et hommes introvertis ?

La distanciation sociale est déjà devenue un réflexe pour tout le monde, dont on perçoit depuis quelques mois une prise de conscience et l’habituation, auxquelles les tempéraments réagissent avec leurs préférences habituelles. Explication.

Un avant-propos s’impose : cet article ne me concerne pas directement, en tant qu’introvertie accoutumée à cette condition – ma vie n’ayant pas changé d’un pouce. Je me désinfecte depuis toujours, à l’eau de javel et toute sorte de gels, quoi que mes mains touchent, y compris chez moi. Le port du masque m’est réconfortant et me rassure, et la distanciation tout autant. Je m’associe à cet article en le dédiant à tous les introvertis affligés en cette période de crise, et ce, quelle qu’en soit la raison. Vous n’êtes pas seuls, l’est-on jamais réellement ?

Les introvertis en début de pandémie.

On lisait de nombreux posts et billets dont les auteurs introvertis livraient de nombreuses astuces, et l’on avait du plaisir à lire toutes ces recommandations de discrets plutôt satisfaits de la tournure des événements : car si l’on savait que cette période allait marquer durablement socialement certains individus, les introvertis semblaient prendre avec philosophie leur situation en l’acceptant. Ce fut certainement aussi beaucoup de commencements, des départs nouveaux, des orientations professionnelles prenant d’autres configurations, des changements profonds ou géographiques, du télétravail, et les télés-réunions qui ont redistribué les cartes d’une ère inédite que les introvertis, rompus à l’exercice de la distanciation sociale volontaire, se racontaient non sans humour sur les réseaux sociaux.

Une distanciation trop sociable.

Au commencement de la pandémie, les introvertis et extravertis pionniers avaient entamé un marathon de socialisation virtuelle : les diners avec les proches une fois par semaine, les déjeuner de travail virtuels, les repas de famille, les conversations avec le psychologue virtuel, le médecin, la voisine : on échangeait tant et trop, et l’on a commencé à voir apparaitre des articles sur l’épuisement en “comorbidité” : des difficultés de ravitaillement et des rendez-vous virtuels s’accumulant, et puis en plus pour certains ayant à instruire ou garder des enfants, on commençait à constater qu’à une crise sanitaire, puis sociale, s’est greffée une crise de souffrances psychiques sans précédent. Dans un surmenage collectif, cette période a décidément marqué nos vies radicalement, quand pas dramatiquement.

“Malaise et Souffrance des Télétravailleurs Confinés.”, ici.

Les souffrances mentales.

Et physiques : on a vu de nombreux individus abandonner leur santé en jachère, dont de nombreux médecins redoutaient les retours de bâton, puisqu’on le sait, l’accès aux soins fut impossible, ce sont de nombreux dégâts collatéraux que l’on a constaté au fil des mois. La maladie Covid-19 est une variable surprenante bien que prévisible, l’augmentation de la densité humaine dans certaines régions graduellement est un indicateur modifiant nos modes de vie désormais durablement : la promiscuité sociale ne sera plus jamais vécue comme avant. Évidemment, les introvertis sont favorisés naturellement en temps de distanciation sociale, mais sont-ils pour autant épanouis ?

Les introvertis selon leur tempérament MBTI®  ?

Selon l’âge, la situation sociale et affective, prédire la réaction d’individus semble illusoire. Toutefois, on peut envisager aussi que les introvertis souffrent plus ou moins selon leur type : Les “sensoriels et intuitifs feelersISF/INF», possiblement plus affectés que les “sensoriels et intuitifs penseursIST/INT». Ceci est hypothèse n’ayant aucune source scientifique, mais un raisonnement cohérent : Le désir et recherche d’harmonie des “feelers“, trouve peu de satisfaction à la vie en isolement, quasi affectif pour eux, dont l’aspect relationnel est une préférence dominante : prendre ses décisions avec ses ressentis en période d’isolement doit être considérablement restrictif et frustrant.

Les autres, penseurs sensoriels et intuitifs IST/INT» instruisent préférablement par l’activité mentale, souvent préoccupés à des activités pragmatiques, ils sont moins affectés par l’environnement affectif ou plus émotionnel : les “feelers” pensent et les “penseurs” ressentent, cependant, on ne traite pas du tout identiquement une donnée. On peut envisager l’étude qui suit sans biais particulier, ou en mettant en perspective qu’il est possible que les femmes soient de ce fait particulièrement touchées durant cette période, à bien des égards.

COVID-19 : Des introvertis en souffrance.

Envisageant que l’optimisme attribué aux introvertis en début de confinement soit erroné, une doctorante, enseignante-chercheuse Marianne Wei, de l’université de Wollongong en Australie, a pris l’initiative de mener une étude en interrogeant un panel d’introvertis ayant pour origine le site-forum Reddit, que de nombreux introvertis fréquentent régulièrement. 64 des 114 introvertis interrogés étaient des résidents américains, les autres étaient résidents allemands, britanniques, canadiens et autrichiens, mais pas une âme française sondée, dommage…

Les circonstances de vie majorent ou minorent les troubles chez les introvertis.

Les introvertis qui vivent seuls : esseulés.

Selon cette étude, M. Wei a constaté que les effets de l’isolement social affectent différemment selon la situation des introvertis interrogés : les introvertis qui vivent seuls dont on sait la tendance aux ruminations anxieuses, ont plutôt été identifiés comme ayant des difficultés liées à l’humeur ou à l’anxiété : la dépression est un trouble majeur de l’humeur, et dans ce cas précis, la déprime et la solitude ressentie pour ces introvertis tristes, sont aussi associés à la difficulté des introvertis à chercher de l’aide.

Les introvertis vivant entourés : perdent la tête.

En revanche, et cela fait sens à la lecture de cette étude, les troubles anxieux et cognitifs étaient plus directement corrélés aux introvertis qui vivent entourés, dont les souffrances mentales ont affecté directement les cognitions : comme la concentration la mémoire, etc, les aptitudes ordinaires sont atteintes et l’anxiété doit indubitablement majorer ces troubles.

Les introvertis plus sensibles ?

En effet, cette étude montre qu’il est probable que les tempéraments plus expansifs, nettement moins sensibles, que d’aucuns quelquefois désignent comme “hyposensibles”, vivent plus sereinement ces changements, comme tend à démontrer cette étude marquant durablement les esprits concernant les idées reçues habituelles sur l’introversion, dont la représentation (réputation) stéréotypée antisociale est largement remise en question, remettant en perspective la question de l’introversion. Parce que les introvertis sont plus affectés par l’isolement et la distanciation sociale que les extravertis.

TheIntrovertSinger

Références :

Wei M (2020) Social Distancing and Lockdown – An Introvert’s Paradise? An Empirical Investigation on the Association Between Introversion and the Psychological Impact of COVID19-Related Circumstantial Changes. Front. Psychol. 11:561609. doi: 10.3389/fpsyg.2020.561609

How Social Distancing Has Become Too Social :  Moshe Forman, IntrovertDear.com

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