Introvertis Célibataires : l’Amour se Pêche en Ligne

Les solitaires confinés de la Covid-19 vont-ils le rester ?

Les chances de rencontrer sa moitié sont immenses aujourd’hui, les célibataires confinés, pour qui la promiscuité représente un frein majeur à l’initiative amoureuse, se retrouvent acteurs d’une nouveauté prévisible, bien qu’inattendue. Aujourd’hui ces profils atypiques peuvent enfin ressentir le soulagement d’apprendre qu’il existe des âmes sœurs ayant la volonté de sortir de leur zone de confort, en s’inscrivant sur une application de rencontre.

Les célibataires dont les attentes irréalistes hors confinement, trouvent enfin une issue, au besoin nouveau de ces frileux sociaux et soucieux de se contrarier, pour céder à leurs instincts humains, de se trouver un couvercle à leurs pots. Fidèles à ne pas consommer leurs relations comme on grignote ses Apéricubes. Avec crainte et sans ambigüité, les célibataires timides et anxieux ne possèdent pas les codes employés sur ces applications, permettant aux plus grands nombres, une sexualité de passage. Il se peut que le club s’agrandisse, et qu’on y observe quelques abstinents ou réservés, décidant de mettre leurs destins à l’épreuve des technologies.

Sérendipité

En effet, ne plus avoir accès à sa vie quotidienne faite de distractions sociales, peut avoir fait prendre conscience à certains du bonheur dont ils sont privés. Faire partager la simplicité d’un lien avec un partenaire hautement compatible en visions communes. Hasard ou providence, ces oiseaux rares désertant habituellement les applis de rencontre, se mettent à s’y inscrire, libérés des contraintes du face-à-face.

Les applications de rencontres, sont rédhibitoires pour les personnes sensibles ou simplement réservées. Quand on est timide ou anxieux, s’exhiber en photos accompagnées de phrases réductrices, ne présente que peu d’intérêt, si on ne prévoit pas de laisser à quiconque de l’espace dans sa vie. Quand une personnalité réservée fait quelques pas en faveur de sa vie affective, les résultats décevants sont à la hauteur de l’illusion, que les profils disponibles achèvent d’accabler. La faune fréquentant les sites pour adultes, est rompue à l’exercice du zapping relationnel et sexuel. Pour lesquels la majorité des célibataires plus introvertis et sélectifs, ne possèdent-ils ni compétence ni talent ?

« Recherche homme introverti et anxieux »

Quand on est anxieux ou simplement cérébral dans ses affects, la sexualité tient un rôle secondaire, par rapport à la majorité typique sexuellement. C’est certainement avec terreur qu’un célibataire introverti se retrouve à ‘swiper‘ des visages, pour lesquels ressentir, ne serait-ce que de la curiosité, paraît totalement irréaliste. Les sensibles conscients de leurs blocages relationnels, ont tout intérêt à se protéger, compte tenu des dégâts notamment psychologiques, des relations éphémères. Loin d’en juger les amateurs, il existe des profils dont la sexualité reflète une constitution, rendant impossible les fugacités à la mode des “Instagram-tinderers”. L’exhibition narcissique repoussante ou idéale sur internet, occupant le terrain des rencontres assistées, faisant plier en retraite les esprits plus délicatement nuancés.

« Recherche femme farouchement réservée »

Dans la mesure où les confinés sont limités dans leurs mouvements, difficile de ne pas s’admettre solitaire réservé ou solitaire anxieux. La solitude est absolument saine quand non subie, mais des troubles mentaux peuvent témoigner de certains ravages, dont une existence a surcompensé des besoins naturels non adressés. Par fierté ou orgueil, peu importe, on préfère nettement assumer ses choix de célibat plutôt que d’en admettre les limites. Refuser de se laisser aller à se sentir alourdi par la norme de la vie de couple, sans y céder. Baissant les bras pour accepter radicalement l’absence totale de capacité à partager son intimité, pas si naturel ni évident, pour des générations d’enfants de divorcés ou d’autres déchirements refroidissant. Choisir implicitement de tenir son indépendance en bouclier protecteur, en compagne fidèle, protégeant des effets dévastateurs des échecs amoureux ravageant. Ou simplement de la réalité d’une personnalité trop complexe, pour s’adapter en acceptant qu’aménagements et concessions, sont les ciments de toute aspiration relationnelle à visée sentimentale.

Abstinents et heureux : le Virtual Dating

Cependant, le choc de la Covid-19 est certainement en train de modifier significativement les mentalités et choix, confrontés à l’idée d’en être dépossédés. Un sentiment d’urgence retient l’attention des éditorialistes narrant de belles histoires nées de ce chaos pandémique propice, comme on s’y attendait, aux amours insolites. Des images pleines d’humour et romantiques à souhait circulent, comme ce New-Yorkais communiquant son numéro de téléphone à l’aide de son drone, volant auprès de sa Belle énamourée et conquise, déjà. Dont le charme de la rencontre peut faire l’objet d’une création de légende à deux. Ou des “Skype-diners” entre newbees des applis de rencontre, baignés dans des effluves de tendres propos prometteurs. Renoue-t-on avec le désir et l’envie ? Le mystère et l’attraction reprennent peu à peu la place des liens vulgairement établis par familiarité hyper-sexuelle, dont le manque de courtoisie saisissant fait fuir le plus hardi des Casanova. Oui, les applis de rencontres laissent un peu d’espace, entre les libertins et autres polyamoureux.

Chastes non repentants

On peut vivre des années sans sexualité, et c’est un tabou. En effet, la sexualité ou reproduction ne nous est pas vitale individuellement, bien que notre espèce nous y oblige. Certains délibérément continents s’y refusent. Je suis abstinente à nette tendance asexuelle, et n’ai jamais été aussi épanouie. En revanche, nous avons besoin vitalement de tisser des liens. Introvertis anxieux ou non, réservés ou juste complexés, mais sociables dans la mesure des possibilités, car même l’autisme a besoin de l’autre, j’en témoigne. Ne pas subir ses pulsions sexuelles pour ne pas tomber dans le piège des relations mouchoirs ou hygiéniques, ou simplement ne pas avoir culturellement ou physiologiquement d’appétence pour l’aventure sans lendemain. Les personnes réservées peuvent tout à fait vivre une décade sans relation charnelle, conséquente à l’absence de rencontre significative.

Le vaccin contre l’amour

La fréquentation des applications de rencontre ; transformées rapidement en chat pornographique de fortune pour stimulus sexuels par vidéo ; aurait explosé pendant le confinement. Les aficionados désinhibent un peu plus leurs comportements sur webcam. On avait vu ces pratiques chez les professionnels, il semble qu’aujourd’hui les profils urbains confinés se contraignent à une sexualité purement virtuelle. Des rapports sous plastique des années sida ; au sans contact Covid-19, comme le paiement de petits montants avec nos cartes bancaires. Sexualité non affectée, sans attaches, comme un dépannage de canalisation. On vide ses sphincters sans contaminer l’autre d’un virus ou sentiment, en se vaccinant d’aimer.

Les déçus des applis y reviennent

Les abstinents sont aujourd’hui plus que jamais présents sur les applications de rencontre, tentant une expérience inédite, rédhibitoire et désagréable au premier plan. Dont il faut dépasser l’aspect repoussant d’avoir le sentiment de se vendre soi, pour chercher une faveur attentionnelle ou intime. Les célibataires présents aujourd’hui sur certains de ces sites, présentent des profils hors pistes et inhabituels. Des confinés libérés de l’angoisse du face-à-face dans la chair. Le confinement protège de la première rencontre embarrassante. C’est avec peu de pression qu’on peut se mettre à la pêche en ligne sans risque d’avoir à concrétiser. L’assurance de ne pas souffrir du rendez-vous aveugle, plombant une estime de soi déjà bancale. Une barrière de sécurité derrière laquelle se cache une rencontre, une amitié amoureuse, sans autre objet qu’une complicité intellectuelle ou émotionnelle, sans promesse ni engagements mensongers, dont l’humanité s’est faite spécialiste.

Ne pas imiter.

C’est peut-être à l’autre bout du pays ou du monde que la magie du hasard éprouvant la statistique opère. S’acoquinant affublés de quelques égo-portraits ridicules, néanmoins ressemblants, endimanché d’une phrase ou deux situant l’objet de sa présence, précisant sa divergence. Il se peut que l’ordre qu’on a établi s’en trouve sens dessus dessous.

TheIntrovertSinger

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