Recoller les morceaux d’un cœur brisé

Comment gérer les souffrances de la douleur post-rupture ?

Une épidémie mondiale aux victimes trop nombreuses sont à déplorer chaque jour, rompues sous le poids d’enjeux lourds et accablants. On préfère souvent s’organiser au mieux sans trop s’appesantir sur les bris gisant au sol. À peine le temps de se concocter une super-glue express, pour en finir avec l’idée qu’on s’était faite d’un lien, quand on se sait affaibli. Un cœur brisé est plus difficile à réparer qu’un membre, cette colonne vertébrale de nos aspirations, qu’est notre cœur symbolique. Un grand accidenté dira toujours qu’il a mis des années à se remettre de ce choc, et qu’il est empêché dans ses mouvements maintenant. Adoptant des postures de confort, une démarche changée et le chemin emprunté jusque-là, dévié.

Deuil : dolus, dolere = Souffrir.

Pourquoi s’identifier au deuil, associé à une tradition religieuse à l’origine tribale, des mères et épouses endeuillées vêtues de leurs uniformes noirs éplorés. Néanmoins, blanc dans d’autres cultures. Certainement conçu pour s’assurer la paternité du défunt et pour des motifs ‘sentimentaux’ d’héritages et propriétés patrimoniales. On est loin de ces rites aujourd’hui, mais notre référentiel continue de patauger dans l’antiquité. Passer au stade de la compréhension plus cartésienne du cœur brisé, des attentes déçues, des illusions perdues. Si on perd un bout de soi à la fin d’une relation, c’est certainement étant donné que l’on s’est trompé soi, initialement. On a perdu sa mise dans un jeu aux dés pipés, aucune part de soi n’est allée dans des égouts, ou n’a coulé dans la moindre fosse à purin, c’est un réflexe purement traditionnel.

Renoncer.

À la relation, c’est-à-dire au tiers, car il y avait entre deux individus, cette corde liante d’interactions, c’est précisément ce troisième volet, dont on doit accepter la dissolution du nœud. Se résigner à cet abandon, à la perte d’idéalisation toxique, irréaliste et irréalisable. On avait bien identifié ce cul-de-sac relationnel, qu’on doit découper pour reprendre une trajectoire conforme et fidèle à soi.

La phase de deuil comme on dit, signifie résister à la perte, de cette distraction que représentait la relation. Permettant avec aise, de ne pas faire une rencontre plus fondamentale : soi. Ce tiers, cet échec résultant d’une erreur de distribution, n’existe que dans un imaginaire fantasmé. Signalant une distorsion de soi dont il faudrait comprendre l’origine, pour ne pas catastropher sa peur des vides. À quoi correspond cette idée que cette relation était convenable ? Si on était réellement attaché à cette image, l’était-on vraiment de la personne qu’on y a attachée ? Avait-on imaginé un rôle pour cette actrice ou cet acteur ? A-t-on cousu un costume trop petit ou trop grand ? À qui revient la part généreuse de ces désastres répétés ?

La sécurité du lien inquiet.

Est un conditionnement. Si cette relation était la meilleure pour soi, on aurait le cœur en fête ou simplement en sécurité, au nœud serré désirable. Sans inquiétude ni flou artistiquement conçus, pour enfumer les grossiers couacs, pré-émiettement. On savait et on a su dès les débuts. On refuse de s’écouter encore une fois, et c’est une tradition que de ne pas entendre ou voir le drapeau orange passer au rouge clignotant. S’est-on brisé le cœur ? La relation n’était-elle pas innocente ? Quant au protagoniste, fut-il choisi par hasard ?

Les cultures célébrant le deuil.

La culture occidentale oblige à la tristesse, une expression commune, résistant aux départs pour fermer la porte aux renouveaux.

On a la chance et l’opportunité unique de connaître un peu mieux la science du cœur brisé. On parcourt tout à coup son circuit de récompense inversé. Les neurohormones du plaisir viennent à manquer, et les défenses immunitaires se mettent à nous défendre contre soi. Une menace bien plus grande qu’une pandémie ravageuse. On fait une inflammation sur un organe significatif, on a toutes ces désagréables sensations fallacieuses que l’autre nous manque. L’autre n’est-il qu’un reflet ? Il n’a pas existé dans la mesure où on n’a jamais décidé de voir qui il était vraiment. On a refusé de constater ses limites, par surinvestissement de ce terreau infertile pour s’oublier. On a refusé d’accepter que ses réserves fussent vides, et on a cherché à nourrir un lien échu depuis ses débuts. La science explique le cœur brisé sous la forme d’une dépression endormante, un peu comme une belle au bois dormant attendant son prince, mais ce sauveur est en soi, chevalier preux et courageux. Lisant ces quelques mots pour lui faire raisonner l’esprit, regardant au sol, cherchant des bris de cœur, en vain.

La culture du deuil triste.

Les chansons et films pour âmes en peine sont les meilleurs ennemis du coeur en miette, entretenant l’illusion d’un autre hors de soi. Si on a dormi durant des années avec un bien-aimé partageant sa couche, on sécrète des hormones nous attachant. Cette réaction physiologique héritée de notre évolution, sécurisant le fruit d’une relation, prenant le pas sur la sexualité passionnelle. Ces sécrétions théoriquement, entravent les séparations, les ocytocine-vasopressine contrariant l’investissement d’un autre nid. On doit s’interroger sur l’éloignement physique et psychique. L’intimité fut-elle jamais solidement scellée ? L’intermittence d’intimité ne suffit pas à édifier un abri.

Sécréter ensemble dans la même direction.

Ce cœur hurle qu’il va bien, et répond à l’auto agression par des armées de défenses et secours inutiles, aboutissant à des faiblesses en boucle. Des modèles viciés dont les défauts de fabrication nous ont imposé des objectifs intenables. Nos inconscients pleins d’antiques reliques, nous font passer des sauts d’obstacles dérisoires, perpétuant le mythe traditionnel des dépendances amoureuses. Si pour une fois on administrait de l’anarchie dans son rapport aux sentiments. Se rebeller contre ce que l’on nous a appris, et ce que l’on croit savoir de soi. Ces modèles familiaux biaisés, subtilisant nos droits à l’épanouissement.

TheIntrovertSinger

Si cet article est frustrant, voici un lien pour comprendre la codépendance.

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