Pourquoi suis-je bloqué par Covid-19 ?

La pandémie est-elle en train de fabriquer des traumatisés en masse ?

Des chiffres alarmants nous sont communiqués, sur le drame se jouant pour tous, familles et individus, dont la crise inflige un traumatisme considérable. Trauma s’ajoutant à la peur des lendemains catastrophiques, en plus du risque de contracter une maladie causée par ce virus, Sars Cov-2, dont on sait peu de choses en réalité.

On peut lire un peu partout dans la presse que nous sommes à risque en matière de santé mentale, dont on n’est pas encore en mesure d’évaluer les conséquences. Prendre soin de son état psychologique avec une attention particulière est une priorité. Bien que majoritairement, on attende que l’événement cesse, pour tenter d’oublier ce passage traumatique, espérant que le temps fera son œuvre, quelle qu’elle soit. Comme on le comprend aisément, mettre en place des mécanismes de compensation n’a qu’un effet : accentuer le traumatisme pour différer les possibilités de prise de conscience. Fondement d’une croissance s’opérant de travers, dont nous endurons la réminiscence à différentes étapes de notre développement.

Beaucoup d’entre les victimes collatérales de Covid-19 sont en état de faiblesse, dont se relever exige silencieusement de ne pas reproduire son fonctionnement habituel.

On doit changer quelque chose en soi.

Si on s’observe, on constate qu’on obéit à un schéma comportemental habituel, comme une contrainte peu consciente ou une habitude, quand on se trouve opposé à des adversaires. Ces coups qu’on reçoit ne laissant pas de trace visible, la convalescence aurait demandé une prise en charge, ou au moins une formulation pour validation. Nommer ce qui a été, sans en faire un mécanisme de compensation systématique. C’est comme ça que les survivants de traumatismes graves vivent leurs existences biaisées, par la terreur de revivre un épisode d’épouvante, matériel ou psychique peu importe, les conséquences sont exactement les mêmes. Sauf que ces épreuves ne donnant pas leurs noms produisent un vacarme assourdissant, pour être vues et adressées dans la lumière, et ne plus apparaître sous la forme de cet énorme caillou, installé durablement dans ses chaussures.

Attendre n’est pas une option.

Surtout sans changer son état d’esprit usuel et confortable, ralentissant notre évolution et nous réduisant à une crise de conscience passive inconsciemment, que le bourreau mal identifié reviendra marteler avec sadisme et cruauté, dont seul certains prédateurs sont capables. Jusqu’au jour où on lui rendra coup pour coup sans état d’âme, en se respectant dignement. Il suffit d’une fois pour recouvrer sa liberté. Quitter cette place de passager pour reprendre le volant, ne plus en subir ni ses covoyageurs ni la conséquence d’actes dont on est étranger, déloyal pour sa loyauté propre. Cette crise sanitaire sans précédent cause des dégâts considérables, en effet cette ère inédite s’ouvrant à soi pour laquelle on n’était ni prêt ni armé. Chacun vit une suspension du temps à attendre que quelque chose arrive, ou revienne. Comme un miracle à la reprise des activités sociales, décevante si on ne change rien en soi.

Un sentiment d’inconfort trop familier.

On peut aussi se demander pourquoi, quand on rencontre un problème, on réagit toujours de la même façon. Un traumatisme collectif de cette envergure demande une vraie prise en charge individuelle, si on ne veut pas continuer à se réclamer les uns aux autres des factures impayées. N’appartenant qu’à des passés dépassés, dérisoires et tellement encombrants. Les adultes que nous sommes censés incarner, possèdent des ressources intérieures largement suffisantes, pour affronter n’importe quelles difficultés. Sans se jeter à terre dans l’effroi, en s’infligeant encore plus de coûts. Parce qu’il est possible que ce schéma, avec lequel on répond à toutes nos sollicitations in-désirables, soit juste un réflexe. Peu conscientisé, ayant pour conséquence de se faire stagner. Exactement à l’endroit où on devrait y panser une plaie béante héritée. S’en libérer définitivement ou pas, peu importe. Sa présence ne devrait plus avoir pour autre conséquence, une manifestation sans signifiant.

Cesser de se punir, briser le lien.

Cesser de vivre un traumatisme familial ou social, revenant comme un fantôme dans sa vie, au scénario répétitif et lassant. Avec les mêmes acteurs vieillissants et ennuyeux. Stagnant toujours au même stade, ce sentiment atroce de ne pas évoluer. Qu’on se heurte à un mur gardé par un gardien évitant sa retraite forcée, ingrate et inutile. Comme un vieux chanteur ridicule trop maquillé, dont les talonnettes et paillettes tentent de différer sa vision décrépie. Chantant de ces voix détimbrées en fausset, expectorant essoufflé sa vieille rengaine pathétique. Assez de ce vieux film qu’on regarde sans plaisir par habitude. Quitter son cloître d’impuissance, la réminiscence restrictive lointaine, tombée en désuétude. Dont la toxicité continue conjuguée au présent, comme la vasque bouchée pleine d’eaux stagnantes et grises.

Rendre ses poids moins lourds.

Voyager sa vie allégée. Ce qui ne nous appartient pas doit être restitué. Avec de faux rêves induits, et des ripostes génétiquement modifiées, on nourrit les blessures de coquilles vides toute sa vie, si on ne s’en déleste pas. Comme on étouffe un animal ou un enfant, un traumatisme continue de murmurer la même histoire empoisonnée et sombre à son oreille. Dont l’objectif est de garder sa proie immobile, à la manière du venin mortel. Comme ce cauchemar dont on n’arrive pas à se réveiller, paralysé. Ce mauvais rêve revient sous des réalités diverses. Comme dans une maison hantée de parasites, seulement visible par soi. Choisi pour mettre fin à la malédiction du plus mauvais des sorts. Sous le scellé d’une main tortionnaire invisible, laminant de harcèlement toute évolution vers ses destinées à choix multiples. On se limite, se condamnant injustement à perpétuité.

Qui n’est pas concerné ?

Personne, le collectif touché vit au même rythme, la tuile tombe sur tout le monde et fait rarissime, en même temps. On n’a pas à envisager qu’on est maudit, malchanceux par superstition, un réflexe de confort compensateur permettant de confirmer ses erreurs de préhension. Quand on se sent bloqué par un événement, on a forcément vécu exactement ce même sentiment invalidant avant. Ravivé par la situation exactement comme on s’y re-trouve. Beaucoup d’entre nous subissent déjà les effets de cette maladie Covid-19, dans tous les aspects de sa vie. Les divorces, du chômage et les reconversions professionnelles, sont nos prochaines étapes à franchir. Des faillites personnelles ou professionnelles et peut-être des rêves dont on doit se séparer pour cheminer enfin. Des séparations avec ajustements à réajuster toujours et encore.

Une chute violente.

Combien d’entre nous commençaient à voir un bout de tunnel et se retrouvent bloqués ? Puis cette horreur de se sentir comme un enfant infantilisé, à attendre que le feu passe au vert. Assourdis par les klaxons des autres coincés au même carrefour. Dans l’anxiété de rester immobile, là. Son véhicule en panne, sans forces pour le pousser, en attendant qu’une prétendue dépanneuse bienveillante, vienne nous sécuriser. Rien ne viendra nous sauver sans désillusions. Enfin si, et pas n’importe quoi : soi. Dans son propre vaisseau, avec lequel on avance, dont la mise à jour nécessaire conduit retrouver sa feuille de route. Pas celle de ceux bénéficiant de nos malheurs, dont la présence signale cette terrible traversée du désert. Quand on était censé explorer les étoiles, ou des mers lointaines en capitaine expérimenté.

Une page historique se tourne.

Nous sommes les témoins d’un événement planétaire inédit, marquant l’histoire de l’humanité à jamais. Ouvrant un livre aux pages immaculées. On a tous à se réinventer, le trauma collectif nous met dans une position, non pas de compétiteur, mais de leadership supra-individuel. Au service du bien commun. Celui de son entreprise personnelle non égocentrée. Il n’y a aucun miracle sauf celui qu’on décide de se créer, avec la certitude qu’aucun événement extérieur n’a de pouvoir sur soi. Rien ni personne ne peut atteindre, celui décidé à ne plus céder à l’ancien, mort et enterré avec ses morts.

Retour à l’envoyeur.

Renvoyer les courriers indésirables et lots périmés à la figure de leurs spammeurs de propriétaires, saboteurs et malins dont on reproduit les misères. Sans autre justification que de se respecter. Pour son meilleur et plus jamais pour le pire. On a une opportunité de se réinventer, les accidents de vie servent à déterrer ce qu’il y a de meilleur en soi. Toutes ces ressources qu’on possède, se meurent d’être reconnues, exploitées en potentiel récurrent. Combien d’individus opportunistes se frottent les mains, justement servis par cette catastrophe sanitaire, dont les plus malins savent déjà tirer parti, exploitant les circonstances en leviers et moteurs.

Je suis ma providence.

Les miracles et sauveteurs sauveurs n’existent pas en dehors de soi. On le sait et pourtant on continue d’attendre ce qu’aucunement n’arrive. Ruminer ne sert plus qu’à servir les intérêts de nos fantômes avides de nos pseudos faiblesses. Il suffit de couper ce moteur artificiel immobilisant tous ses étages, sauter dans son ascenseur personnel pour ascensionner vers la légende de sa ressemblance, solidaire de soi, solidaire de l’autre.

TheIntrovertSinger

Trauma of Pandemic Proportions : Psychology Today

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