Comment prendre du plaisir lors d’un bain de foule rock’n’roll quand on est introverti ?
Les introvertis aussi s’amusent, bien souvent ils jouent une mélodie permanente que leur esprit n’a de cesse de leur souffler, et on ne compte plus le nombre de discrets qui jouent sur scène, mais ceci est une autre histoire. On se prépare à une soirée endiablée flegmatiquement, en suivant le mode d’emploi que suit.
Covid-19 : L’état d’urgence sanitaire sera réinstauré en France dès samedi 17 octobre 2020 à minuit et pour une durée indéterminée.
Le silence est pour les oreilles ce que la nuit est pour les yeux.
Ne pas en faire une montagne !
L’introverti est excité : simplement à l’idée de sortir de sa coquille si confortable, le discret sécrète de la dopamine ainsi que d’autres joyeusetés comme la noradrénaline. Nous savons que ça n’est pas une bonne idée de se mettre dans des états pareils pour si peu, les introvertis anxieux savent bien que l’on peut avoir des difficultés de concentration et d’endormissement les jours précédant un changement, et l’introverti n’est pas ce que l’on peut nommer un pilier de café-concert, donc on ne se fait pas toute une histoire de cette escapade, mais un entraînement psychique au calme dans la tempête sonore. On va être galvanisé, et c’est tant mieux.
Le rire aux éclats est la dernière ressource de la rage et du désespoir.
Décompresser et se défouler, les introvertis aussi en ont besoin.
L’objectif est de se distraire, et il y a bien des justifications à cela : les soucis, encore et toujours des problèmes, on oublie ses tuiles et nous savons que l’introverti est expert en rumination, autant délasser ce cerveau en lui offrant de véritables instants récréatifs. Égosiller, sautiller, n’est probablement pas ce que font le mieux les introvertis, toutefois pour une fois, pourquoi pas ? Les discrets sont trop inhibés pour lâcher les chevaux néanmoins, dans l’anonymat d’une salle de concert, pourquoi ne pas se prendre au jeu, et laisser son enfant intérieur prendre le relais ? De toute façon on sera épuisé, autant s’élancer avec panache, en se décomplexant copieusement pour la décennie suivante. L’introverti n’est pas en sucre, n’est-ce pas ?
Qui n’aime nul être ignore la joie de vivre.
Choisir un bon concert.
Un groupe ou bête de scène qu’on aime vraiment beaucoup, des chansons que l’on connaît par cœur, c’est mieux pour les lendemains sans voix. On siffle, on chante, mais pas avec n’importe qui. On va au concert pour renouer avec l’insouciance, pas pour jouer les intellos. Refuser le rôle de rabat-joie, on se prépare un concert d’enfer en révisant ses lyrics à fond, on y va sans réserve, et on joue le jeu. Retrouver ses 15 ans (ou sa salle de bain pour les chanteurs prophylactiques) on apprécie son spectacle tranquillement, debout, pour sortir de son petit confort introverti.
Qui se rassemble se ressemble.
Trouver un partenaire de crime.
Pour ma petite histoire personnelle, je vais au concert seule, et j’adore ça ! Je n’aime pas discuter ou faire la queue, donc trouver un partenaire ayant exactement les mêmes rituels en la matière est impossible. Pour les autres, si cela est impossible de sortir avec soi, il faut trouver un camarade souple, ayant de l’humour tant qu’à faire, cultivant des centres d’intérêts communs, ça aide pour partager une activité et pas ses émotions : ce n’est pas le moment de se raconter ses problèmes, au contraire, on fait en sorte de laisser tout ça le plus loin possible, pour apprécier enfin une détente psychique bien méritée pour les introvertis mentalement hyperactifs.
La liberté de l’homme consiste à ne jamais faire ce qu’il ne veut pas.
Arriver et partir seul.
Un conseil semblant un détail, pourtant il n’en est rien : mieux vaut ne dépendre de personne, tant émotionnellement que matériellement. C’est agréable d’arriver de son côté et de prendre un verre avant, les bars sont souvent accessibles autour des petites et grandes salles de concert. Les discrets apprécient la liberté et, attendre son partenaire au troquet du coin est plus relaxant que de se retrouver dans une queue, que je conseille vivement d’occulter au profit d’un bon petit Chardonnay ou Sauternes avec des chips (avec modération cela s’entend).
Je suis fou, mais un fou dont la folie ne manque pas de fond.
Éviter la queue, arriver tard – partir juste avant la fin.
J’avoue n’avoir quasiment jamais vu un début ou une fin de concert, car je fais mon introvertie : je déteste la faire la queue, cela m’incommode et m’angoisse vraiment, donc j’entre quand la foule est installée, et qu’elle est déjà dans l’euphorie, cette précaution est véritablement confortable pour moi. On ne se fatigue pas plus à patienter auparavant, dans le froid, la chaleur ou sous la pluie, et on évite les conversations pénibles, les flirts pénibles, les gens pénibles. Une astuce que tous les introvertis devraient utiliser, farouchement. Quitter le concert avant le rappel, si on sait qu’il va y en avoir un, normalement on sait à peu près comment va se dérouler le live, et on file à l’anglaise au début du dernier morceau, sans précipitation ni regret, dans un calme olympien typiquement introverti.
Sans oublier de se positionner en retrait près d’une sortie : c’est rassurant et permet de s’échapper instantanément à la fin.
Dédaigne le faux éclat d’un luxe méprisable.
Porter des vêtements conforts et jolis.
Pas forcément un pantalon et des tennis : on renoue avec son allure d’ado, on ressort ses bons vieux jeans, et on régresse avec plaisir. Il suffit de se préparer un peu en avance, choisir une bonne coiffure, pour les dames, jolie et pratique, on pense à tout : un bon déodorant, des souliers confortables et branchés, un brin d’excentricité, mais surtout une tenue permettant de se mouvoir rapidement et de marcher vite ; ce n’est pas le jour pour porter une tenue expérimentale et des chaussures neuves, mais ça, les introvertis le savent bien.
C’est une folie d’aimer l’excitation quand on sait que c’est mauvais pour son cœur.Virginia Woolf
Earplugs ET Blues brothers’ attitude.
Bouchons d’oreilles + lunettes noires = le bonheur. Oui, ça fait peu star, mais peu importe, les lunettes teintées sont extraordinaires et évitent la vilaine migraine et l’agressivité des spotlights. Et si on est sensible, il faut penser à manger, à avoir du sucre sur soi, et de ne pas hésiter à sortir et rentrer durant le concert, ça fait un bien fou. Les introvertis hypersensibles et hyperesthésiques doivent se ménager particulièrement. Théoriquement, avec ces quelques conseils, tous les discrets devraient s’en sortir, et en en redemandant. Expérimenter sans y laisser toutes ses plumes est simple, en s’éloignant du troupeau, on vit des soirées mémorables, il faut juste s’organiser un peu.
Le rêve est la preuve qu’imaginer, rêver ce qui n’a pas été, est l’un des plus profonds besoins de l’homme.
Se laisser l’option de changer d’avis et de partir.
Au fond, c’est l’intention qui compte, autant se dire que l’on n’est pas obligé de terminer le concert, et que l’on peut juste s’en aller au bout de quelques minutes, d’une demi-heure ou d’une heure. Un concert peut aussi s’avérer être une mauvaise idée dans certaines périodes, ou salvatrice à d’autres moments. Un discret qui s’écoute en vaut infiniment 2, on se respecte avant tout et on s’autorise à ne pas aller au bout d’une expérience désagréable.
Les jouissances de l’esprit sont faites pour calmer les orages du cœur.
Garder les mains libres et… guincher !
Les filles introverties : on porte son sac en bandoulière ou on prévoit une sacoche près du corps avec des sous, ses papiers et ses clés – on n’oublie pas le poudrier – et les garçons introvertis, doivent particulièrement apprécier leur genre, car vous n’avez pas un sac à main embarrassant à trimballer toute votre vie. Plein de gratitude pour la vie, on a les mains et l’esprit libre, et on se trémousse allègrement en gazouillant à tue-tête ses tubes préférés.
TheIntrovertSinger
