Les prises de poids du stress Covid-19

Est-il nécessaire de se culpabiliser de manger ses émotions ?

Dans les moments éprouvants le stress devient chronique, auquel chacun répond comme il le peut, certains boivent, d’autres fument. D’aucuns prétendent s’assumer, dissimulant une dépendance à la pornographie ou aux relations multiples par exemple. Le sucre, ingrédient phare secret de l’industrie agro-alimentaire, vient s’ajouter à la longue liste de comportements et substances (hautement) addictives. Hommes et femmes sont concernés par la prise alimentaire réconfortante.

Cette longue période d’inactivité pandémique cache bien des tours dans sa manche : tiraillés entre les malades du Covid-19, et ceux dont la santé s’est trouvée négligée par absence de soin. Les troubles anxieux et la fatigue chronique d’un emploi du temps complètement chamboulé, dont beaucoup de femmes et d’hommes souffrent, chacun à leurs façons. On va peut-être assister à une autre épidémie de diabète sucré ou de vague de surpoids des confinés de la maladie Covid-19, dont le champ d’action s’est élargi, cependant ce thème est trop vaste et complexe pour être traité en synthèse.

Manger la tendresse.

Les femmes seraient plus concernées que les hommes, avec une propension à consommer de la nourriture plus riche en périodes prémenstruelles par exemple, un réflexe purement lié à l’enfantement. La composante hormonale est parfois sous-estimée dans les prises alimentaires chez certaines d’entre nous. Les messieurs ne sont pas en reste avec des consommations d’aliments riches quotidiennement, nettement moins sanctionnés par leur apparence. Peut-être que les hommes s’en cachent mieux, car ils arrivent à dissimuler leur penchant pour les produits sucrés et gras, comme un droit implicite à manger plus, “une salade eau minérale pour madame, un steak-frites demi de bière pour monsieur”.

Lors d’événements déclencheurs, on sabote l’anxiété, en renouant d’un peu trop près avec son circuit de récompense inactif, réclamant une forme de stimulation. Un cercle vertueux, dont on n’est pas en mesure de contrôler la compensation par des prises alimentaires roudoudous. Des réconforts qu’on s’apporte, quand on sent des symptômes proches de la dépression, dont on n’a strictement pas conscience, tant ces manifestations sont subtiles et récurrentes.

Un circuit de récompense vampirique.

Notre cerveau fait en sorte de conserver une activité standardisée, on opte pour différentes stratégies afin de libérer des neurotransmetteurs, permettant notamment de continuer à fonctionner efficacement, voire normalement. C’est le syndrome du distributeur de friandises à la mi-journée, quand pense que l’on est affamé, en réalité à court de dopamine, motivation+plaisir. Les personnes atteintes de troubles attentionnels connaissent très bien ce problème, dont contourner l’obstacle est réflexe inconscient.

Quand on a besoin de crème et de chocolat, on cherche à faire remonter son taux de dopamine. C’est aussi simple que ça. Ce circuit de récompense détient toutes nos clés, on rencontre souvent des personnes s’engageant dans des rapports sexuels à risque, ou encore l’alcool et la cigarette, au palmarès des dopants motivationnels. Jusqu’aux toxicomanies plus dangereuses encore. Si on se sent privé d’énergie psychique, on va activer une décharge de neurotransmetteurs, en conduisant plus vite ou en transgressant des règles. Le gros problème dans le cas du sucre vient de l’insuline sécrétée en réaction à la prise de son doudou oral, empêchant la dopamine de circuler. Le sucre court-circuite la récompense, pour tourner en boucle un cercle pas vertueux, on pense se réconforter, presque à tort.

L’impulsivité en cause (le snacking).

On peut sembler d’apparence douce ou flegmatique, et cacher une impulsivité qu’on va exprimer par une réaction addictive, grignoter ses biscuits à 11 h et des petits chocolats au goûter. Soigneusement prévus dans sa routine quotidienne, essentiels comme d’autres fument leur cigarette ou tètent leur pipe à vapeur. Nous sommes dans la même configuration de recherche de stimulation agréable de compensation. Surenchérir en quantité pour que les sensations agréables des premières fois reparaissent, en augmentant ses prises. On finit le paquet de gâteaux, pour s’offrir un petit cadeau à soi, spontanément (impulsivement).

L’inadaptation à la surabondance.

Nous ne nous sommes pas adaptés à la disponibilité d’aliments rares et sucrés au plan de l’évolution, en les consommant abusivement. Quant aux prix prohibitifs des produits frais, il faut presque être millionnaire en argent, pour consommer des légumes et des protéines quotidiennement, tendance se confirmant dans les déserts alimentaires, de plus en plus courant. Aujourd’hui il faut être pauvre pour se nourrir des trésors de jadis.

Faire la morale est insupportable, les discours d’hygiénistes culpabilisants, infantilisants et stériles sont à fuir. Quand on possède quelques explications rationnelles, on peut se comprendre et s’accepter.

Le poids de la science.

La science a fait pas mal d’avancées sur les prises de poids multifactorielles, notamment le microbiote : une génération ne consommant plus de fibres ? La suivante grossit. Les toxiques dans les additifs, la sédentarité (bof) et tout simplement l’insuline. Avec tout ce travail de titan, on sait presque comment tous ces facteurs combinés mènent au surpoids, dont la génétique n’est pas en reste. On sait que d’ici quelques années, certains parents verront leurs enfants mourir avant eux d’obésité morbide. Une pandémie dévastatrice bien plus silencieuse que le virus Sars CoV-2. Est-ce encore le signe que l’humanité se déshumanise en s’éloignant un peu plus de modes de vie viables, décents. Vivre en dortoirs urbanisés sans accès à nature, et émotionnellement restrictifs, et insatisfaisants.

On se donne de l’amour en sucre.

Quand on a besoin de béquille émotionnelle, c’est qu’on n’a pas été entendu à un moment ou l’autre. On a été laissé avec une blessure dont on n’a pas senti la douleur, anesthésier sa souffrance infligée par des douleurs, qu’on ne sait pas nommer. On ne nous apprend rien d’essentiel quand on grandit, à peine des outils de survie. Comment cet enfant, vivant en soi, demande que lui soit lui accordé un regard. Une structure solide, sur laquelle s’appuyer en confiance. S’est-on senti abandonné ? A-t-on été livré à soi ? Il y existe pléthore de solitudes qu’on se fait oublier, pour avancer sans se perdre dans des auto-analyses permanentes. Le surpoids n’est pas une maladie, et il n’y a rien de pire que de se laisser mourir de faim un mois, pour reprendre ce qu’on a perdu, avec les ‘intérêts frustrations’. Les régimes amaigrissants restrictifs font trop de victimes, et devraient être interdits.

Apprendre à s’aimer en s’acceptant.

Il y a mille façons de contrôler son impulsivité et son humeur. Mille façons de prendre soin de son état mental, d’anticiper sa vie en passant son temps à contrôler ses émotions. Crise d’hyperphagie ou câlin sucré salé, pourquoi se juger ? À quoi bon se jauger comme un objet ? À quel perfectionnisme s’impose-t-on de se conformer, derrière quelles images veut-on se ranger ? Comme de bons petits soldats au garde-à-vous. On voit des femmes mourir dans des liposuccions délirantes, décimant des familles, laissant des orphelins sur le carreau. De la chirurgie de guerre sur des corps sains.

S’accepter comme on est, cesser l’auto-rejet jusqu’à l’assiette. Quel regard approbateur vaut mieux que le sien ? La conformité présente bien des limites. Vivre avec soi, pas avec son reflet ou le regard du voisin, chercher à susciter l’envie sans s’accepter est un leurre. S’accepter par défaut reproduit un schéma antérieur. La dame « modèle photoshopée » n’existe pas. ‘Soi’ se meurt de comparaisons, victime du narcissisme anxiogène étouffant, conformant. Soyons gros ou maigres, grands et petits. Soyons vrais.

TheIntrovertSinger

Hyperphagie et Toxicomanie : Santelog.com

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