Le Perfectionnisme Des Introvertis : Un remède ?

Peut-on vraiment envisager sérieusement d’en terminer avec le perfectionnisme ?

Les introvertis y sont exposés en première ligne, touchés par cette camisole mentale que représente le perfectionnisme. Plus d’un tiers de la population est introvertie, et l’on sait que l’anxiété est un des premiers ressorts menant à un perfectionnisme malsain. Peut-on se débarrasser du perfectionnisme ? Allons vérifier si ceux qui l’affirment ne sont pas simplement présomptueux ou trop malins ?

La définition du perfectionnisme :

Selon Wikipédia qui défini le perfectionnisme comme un comportement menant à atteindre la perfection, comme objectif ultime. Cependant, il est aussi décrit qu’il existe plusieurs formes de perfectionnisme : le perfectionnisme peut atteindre un stade maladif, quand il empêche de fonctionner, les formes extrêmes de perfectionnisme sont en réalité pathologiques, que l’on retrouve fréquemment dans le spectre des troubles avec anxiété.

Les introvertis anxieux sont particulièrement concernés :

Les introvertis savent qu’ils font partie des populations à risque en matière d’anxiété : quel introverti n’a pas eu un jour ou l’autre à la prévenir et dépasser ? L’anxiété est particulièrement bien connue des discrets, et identifié par le modèle OCEAN (Big 5) que nous connaissons de mieux en mieux sur ce site. On sait que le névrotisme (pessimisme) et la consciensciosité sont des facteurs déterminant une anxiété plus ou moins marquée. Il vaut mieux être agressif et extraverti pour éviter ce problème, mais ceci est une autre histoire.

L’insatisfaction chronique et l’anxiété :

Des articles scientifiques dont un notamment paru dans la Revue Québécoise de Psychologie, confirme le lien entre anxiété (et dépression) et perfectionnisme : si l’on se sait particulièrement vulnérable à l’angoisse, on peut déjà affirmer qu’on est susceptible de se trouver bloqué par un besoin de contrôle allant jusqu’à améliorer maladivement ce qui est supposé avoir été achevé. On sait aussi aujourd’hui que les introvertis montrant des troubles de vérification, les bien nommés Tocs, sont largement concernés (votre hôte vérifie frénétiquement toutes les portes : fenêtre, entrée, même la voiture) et que le lien a été scientifiquement établi par des études nombreuses.

Améliorer ce qui est déjà mieux que bien :

On perçoit en effet que l’esprit cherche un moyen d’évacuer une problématique liée à l’anxiété : on connaît l’adage, du mieux qui est l’ennemi du bien, dont le bon sens reste tout à fait vérifiable. Si on retouche sans arrêt, on finit par dénaturer et altérer ce que l’on est supposé accomplir, c’est un sabotage à peine masqué. On rature encore et encore, on gomme, on refait, on corrompt et abîme, sans avancer. C’est l’objectif caché du perfectionnisme : l’immobilisme.

Le perfectionnisme et la parentalité conditionnelle :

L’Introverti Perfectionniste En 14 Signes : comme nous l’avons constaté dans cet article, la manifestation du perfectionnisme pourrait remonter à loin, il est probable que l’injonction parentale fut trop annexée sur des mérites à gagner, le syndrome du ‘petit-raté’ ou du ‘petit-parfait’ fait son œuvre de la même façon : la compensation. Aucun comportement compensateur contrebalance quoi que ce soit : dans le meilleur des cas on s’arrose de parfum sans prendre de douche, l’image parle d’elle-même.

Le perfectionnisme sain des introvertis et l’autre le malsain :

Le perfectionnisme sain est celui qui est intérieur : on se fixe des objectifs atteignables que l’on dépasse par un travail forcené, si c’est ce que l’on décide sans en souffrir, et que les mobiles sont INTERNES. Les introvertis connaissent bien ce perfectionnisme-là celui que rend plus performant, essentiellement pour soi. Les introvertis se font des compétitions internes comme les autres participent aux jeux olympiques. Ce perfectionnisme-là fait apprendre de ses erreurs, et grandir intérieurement, enrichi, permet de transmettre aux autres.

Le perfectionnisme malsain est évidemment celui traduisant une peur du jugement, paralysant, atteignant l’intégrité et pas uniquement l’estime de soi. Hypersensible aux critiques, on ne s’expose pas pour éviter une souffrance. On cherche l’approbation, on dépend d’un regard extérieur : la pression parentale, et toutes les autres, finalement, on se sent obligé par des attentes extérieures réelles ou non. Ce perfectionnisme-ci est toxique, lié à la honte.

Le perfectionnisme et la honte :

On finit par toucher le cœur du problème : la honte toxique. Pas l’inhibition permettant aux individus d’adapter leur comportement à la vie en société au sein de laquelle on évolue, mais le doute pathologique, la peur de mal faire paralysante. La seule constante dans nos vies est le changement, et là, on résiste maladivement à son potentiel d’erreurs et de leçons que l’existence nous impose pour croître et évoluer.

Il n’existe pas de remède miracle : La flexibilité cognitive

Les remèdes ou formations miracles vendus par les charlatans ne soignent rien d’autre que leur infortune, en leur finançant leurs prochaines vacances.

La flexibilité cognitive mentionnée dans un article publié par un doctorant en psychologie de l’université du Québec, fait un lien entre la capacité de flexibilité et mobilité mentale, et la solution à nos problèmes d’introvertis bloqués par notre envie de bien faire, parfois excessives : l’élasticité des cognitions est un bouclier contre le risque de perfectionnisme malsain. Rien n’est parfait, à part ce que l’on définit soi particulièrement, et c’est aussi cet aspect qu’il faut soigner : son identité.

Le perfectionnisme et la flexibilité mentale :

« La flexibilité cognitive désigne la capacité de passer d’une tâche cognitive à une autre, d’un comportement à un autre, en fonction des exigences et de réfléchir à plusieurs possibilités à un moment donné pour résoudre les problèmes », selon le site Psychomedia.qc.ca.

Le perfectionnisme : Une peur masquée du changement ?

Dans une étude menée par les Docteurs Ferrari et Mautz, on démontre une corrélation négative entre flexibilité et perfectionnisme. La flexibilité mentale ou cognitive permet de passer d’une activité ou d’une pensée à l’autre, avec souplesse en tenant compte des contraintes. Autrement dit, l’inflexibilité que provoque l’anxiété, permettant de la contrôler, agit en faveur d’un perfectionnisme bloquant. Les introvertis qui sont aussi anxieux, mais aussi anxieux sociaux, en même temps que cette peur du jugement freinant la vie sociale, sont néanmoins d’excellents candidats à la flexibilité mentale. La capacité d’ajustement mentale permet d’adapter son comportement : c’est cette aptitude que l’on doit entraîner pour obtenir de bons résultats contre le perfectionnisme malsain.

Trouver la cause et faire des souplesses

On transforme ses échecs en apprentissages, on devient un acrobate dont l’agilité mentale passe d’un problème à l’autre : “le Multitaskingsoigne le perfectionnisme (provoquer des ratages délibérément aussi selon moi).

Un introverti rigide, ayant de nombreuses habitudes ou encore les autres introvertis ayant des angoisses de performances relativement liées à la honte, doivent soumettre leurs esprits performants à des exercices de versatilité mentale, de s’efforcer à des flexions en multitâches simultanées quotidiennes : on change de paradigme en envisageant qu’il soit possible que l’on soit un discret perfectionnisme plutôt sain. Ou bien on constate que l’on appartient au groupe plus sérieux qui peuvent chercher de l’aide en travaillant avec quelqu’un sur une vision de soi intériorisée, en rien annexée sur l’opinion d’autrui. Parvenir à rejeter toute critique personnelle afin de s’en immuniser, est un bon début : s’y exposer sciemment vaccine et oblige son esprit introverti à sauter comme un caprin.

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Hewitt, P. L., Flett, G. L., Ediger, E., Norton, G. R., & Flynn, C. A. (1998). Perfectionism in chronic and state symptoms of depression. Canadian Journal of Behavioural Science / Revue canadienne des sciences du comportement, 30(4), 234–242. https://doi.org/10.1037/h0087066

Ferrari, Joseph & Mautz, William. (1997). Predicting perfectionism: Applying tests of rigidity. Journal of clinical psychology. 53. 1-6. 10.1002/(SICI)1097-4679(199701)53:13.3.CO;2-J.

Le perfectionnisme et les troubles anxieux : Isabelle Boivin ; André Marchand

La gestion de la honte en lien avec les profils de perfectionnismes : Olivia Daigneault

L’utilisation e concept de la flexibilité cognitive afin de définir les différences en le perfectionnisme sain et malsain : Julien-Pierre Vanasse Larochelle

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