Le Mythe de l’Introverti Pessimiste Est-Il Véridique ?

La communauté introvertie est-elle encore et toujours pointée du doigt sans raison ?

On n’est pas à l’abri d’une surprise, et assez bonne pour une fois, concernant les introvertis qui n’ont pas fini de me surprendre – et il m’en faut beaucoup je l’avoue -. Bien que la réputation des discrets n’a pas encore recouvré ses lettres de noblesse, les introvertis ne seraient pas si névrosés que l’on voudrait nous le faire croire. Une paire de surprises en sus d’une explication.

Ce monde n’est qu’une immense entreprise à se foutre du monde. 

Louis-Ferdinand Céline

On sait que le pessimisme est souvent lié au perfectionnisme, à l’anxiété et à la dépression. Il est évident que d’attendre qu’une énième catastrophe nous tombe sur la tête, à défaut du ciel, le pessimisme traduit à la fois une vision défaitiste et hyper réaliste. Toutefois, malgré le modèle des Big 5 qui associe l’introversion au névrosisme, voici une publication scientifique récente qui vient bouleverser toutes nos croyances en la matière, et qui infirme le lien entre introversion et pessimisme.

« L’esprit est toujours la dupe du cœur. »

François de La Rochefoucauld

Cet article porte sur une étude en particulier qui m’a dupée, car comme à mon habitude, je pensais trouver de nombreuses études au coefficient de corrélation indiquant que le pessimisme serait positivement lié à l’introversion, mais on s’est aperçu d’un phénomène remarquable concernant les pessimistes.

 Exiger l’immortalité de l’individu, c’est vouloir perpétuer une erreur à l’infini. 

Arthur Schopenhauer

La définition du pessimisme.

Selon le dictionnaire Larousse, il s’agit d’une tendance ou de quelqu’un qui, par caractère ou après réflexion, anticipe une issue fâcheuse aux événements, à la situation, qui en attend le pire, mais c’est aussi en référence à une doctrine, un mouvement de pensée réfutant l’existence de bienfaits l’emportant sur les malfaisances. La notion de vigilance que caractérisent les pessimistes, est largement exprimé par des auteurs aussi nombreux que divers.

Et avec quelle quantité d’illusions ai-je dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour !

Emil Cioran

La définition de l’optimisme.

Une tournure d’esprit vers l’aspect favorable, choisissant d’attendre un aboutissement propice. La doctrine décide que c’est le bien qui supplante le mal sans l’occulter. On voit un monde et son verre à moitié plein, cet optimisme exalté se retrouve un peu partout aujourd’hui. Les accompagnateurs en développement personnel qui ont le vent en poupe et autres formateurs, ont tous dans leur manche des mantras obligeant les candidats à se voir ou percevoir leurs circonstances sous l’œil bienveillant d’un optimisme presque toxique. On va jusqu’à envisager que l’on serait responsables des événements en anticipant une issue favorable selon des lois, celle de l’attraction mentale notamment. Loin de l’état de la science qui pour l’instant n’a fait que se montrer circonspecte voire suspicieuse vis-à-vis de ces mouvances “new age”.

L’optimisme peut être toxique, notamment quand il est employé à des fins culpabilisantes, souvent employé par des individus peu scrupuleux.

Nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert.

Alfred de musset

Le pessimisme chez les introvertis anxieux.

On ne peut pas se déclarer optimiste si on se sait anxieux, les introvertis angoissés sont rarement ceux prônant que l’espoir fait vivre ou qu’il leur faut absolument changer de fréquence vibratoire comme on a tendance nous le vendre un peu trop fréquemment ces dernières années. Les anxieux sont dans un état de crainte permanente, dont le danger appréhendé est rarement un événement heureux. L’issue qui inquiète l’anxieux lui fait anticiper une issue peu favorable. On peut dans ce cas envisager que les discrets anxieux sont plus enclins au pessimisme, car l’insécurité des attentes incertaines ne favorise pas une vision réaliste et encore moins optimiste de leur situation.

Un article publié dans le Journal of Personality and Social Psychology, rédigé par les psychologues chercheuses américaines Julie K. Norem, Nancy Cantor, et Stacie M. Spencer, a mis en évidence des stratégies protégeant les sujets d’éventuelles difficultés émotionnelles en anticipant négativement ou positivement l’issue d’un événement.

 Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive. 

Michel de Montaigne

Le pessimisme défensif.

Comme pour la doctrine, on se conditionne au pire pour éviter la déception, mais aussi être prêt en cas d’adversité. Loin d’être si courante, cette tournure d’esprit confère un confort évident, sans attentes et sans le choc émotionnel d’une expectation nullement exaucée. On se prémunit contre toutes éventualités, notamment en étant prêt à parer à toutes éventuelles embûches, ressemblant ainsi par cet aspect au perfectionnisme. On ménage aussi, soi-même et les autres en ne se faisant strictement aucune promesse d’amélioration, puisque l’on attend rien d’autre qu’une issue mesurée ou défavorable. Cette protection psychique évite un contre coup hormonal, que les introvertis savent trop bien, pour expérimenter quotidiennement le chemin acétylcholine que l’on connaît pour ses vertus de flegme et de tempérance.

Les faibles vivent suivant le bon plaisir du monde, et les forts, selon le leur.

Giacomo Leopardi

L’optimisme stratégique.

Il est plus fréquent de constater que la majorité des individus, choisissent l’optimisme anticipateur, vivant d’espoirs et d’attentes à combler. On sait que l’on choisit une perception favorable, un état d’esprit accompagné de croyances proches de la superstition, en attribuant une fin heureuse à l’événement par anticipation. On peut aussi employer cette stratégie pour éviter de ressentir de l’anxiété, on attend le meilleur sans s’en inquiéter, presque certain que l’issue sera bénéfique. Irrationnel ou pratique, on sait que l’on est dans le registre de la croyance.

«Pessimisme de l’intelligence, mais optimisme de la volonté. »

Romain Rolland 

Les introvertis seraient davantage optimistes.

Selon une étude publiée par le Canadian Center of Science and Education, les auteurs ont échantillonné par tempérament des introvertis et extravertis par genre et degré d’éducation, les auteurs Dr Ahmad Mahasneh et Dr Zohair H. Al-Zoubi ont fait une découverte surprenante : négativement corrélé à l’introversion, le pessimisme n’est pas forcément un trait de personnalité plus fréquent chez les discrets, au contraire. Cette étude démontre que l’échantillon interrogé de plusieurs centaines d’introvertis incontestablement associés à l’optimisme. Cette étude remet en perspective une réalité que l’on occulte trop régulièrement, introversion ne rime pas forcément avec défaitisme, j’ajoute qu’à défaut d’optimisme aveugle, les discrets sont davantage résilients, à l’instar des Hauts Potentiels Intellectuels.

 Très peu de gens savent réfléchir, mais tous veulent avoir des opinions. 

Arthur Schopenhauer

Envisager le pire : un signe d’équilibre émotionnel ?

Selon les auteurs de cet article, les Drs Mahasneh et Al-Zoubi, ce sont les personnalités stables qui ont été majoritairement identifiées comme utilisatrices du biais pessimiste. Ce point surprenant que cette étude met en exergue, fait état d’un “equilibrium émotionnel” accompagnant le pessimisme des participants. Les introvertis pessimistes seraient donc des discrets équilibrés. Cette étude a été scientifiquement menée et confirme la puissance des idées reçues que les introvertis doivent régulièrement tenter de faire s’invalider.

Pour ce qui est du rêve, il apporte dans le sommeil toutes les misères de la vie éveillée et ne laisse de côté que ce qui pourrait réconcilier avec la vie les hommes cultivés : la joie de la science et de l’art.

Eduard Von hartmann

Le biais pessimiste.

Permet de se projeter en connaissance de cause. Un introverti pessimiste organise son environnement afin que les événements lui soient favorables, comme anticiper, organiser, envisager et concevoir des portes de sorties. C’est en conceptualisant tous les obstacles que l’on peut s’en prémunir, sans forcément virer obsessionnel. Les discrets qui ont besoin de contrôler leur environnement et de se préparer frénétiquement savent qu’ils sont apparentés au pessimisme, et que désormais ils peuvent s’observer autrement, car si on interprète, et je suis très mauvaise en la matière : je peux cependant m’avancer sans trop de risque en affirmant qu’un introverti pessimiste en vaut 2.

TheIntrovertSinger

Références :

Defensive pessimism: Harnessing anxiety as motivation. psycnet.apa.org

Most lawyers are introverted, and that’s not necessarily a bad thing : abajournal.com

Defensive-pessimism as-a-winning-strategy : thegeekyleader.com

The Relationship between Optimism-Pessimism and Personality Traits among Students in the Hashemite University : researchgate.net

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