Le cyberharcèlement des confinés du Covid-19

Pourquoi les harceleurs en ligne font-ils ça ?

C’est une réalité affreuse et sombre. On peut tenter de comprendre un phénomène sans en avoir peur. Sans s’identifier. Ni à la victime ni à ses bourreaux. Qu’est-ce que le harcèlement en ligne ? Ce sont des manifestations menaçantes et répétées. Visant à intimider et à dégrader une cible. On pratique l’insulte et les propos diffamatoires, son soda ou sa bière à la main, sans crainte.

Une audience d’amateurs trop nombreux.

C’est rarement entre deux personnes, que cette sinistre pièce de théâtre se joue sous nos yeux. On pratique le lynchage public. La chasse aux sorcières, ressemble à s’y méprendre à la délation calomniatrice pratiquée sur la toile. Un Moyen Âge bien trop lumineux pour être cité ici, en exemple. Il faut aller dans la jungle des prédateurs, pour y trouver une équivalence. Dans la nature idéalisée par les créationnistes. Combien d’animaux meurent chaque seconde ? Ceux qui y échappent, passent leur existence toute entière, à tenter d’échapper à la prédation.

Non-assistance à personne en danger.

40 % d’internautes, ont subi du harcèlement en ligne. Aux E.-U., plus de 75 % en ont été témoins. Passifs ou complices ? Observant cette boucherie perpétrée impunément. Le prédateur serait plus fort que sa proie. Théoriquement. Dans le cyberharcèlement lâche, on constate toute sorte de profils, dont le plus courant : le suiveur cherchant à s’assimiler. On le voit partout. C’est une autre épidémie plus sournoise. Un vidéaste sur YouTube créateur de contenu, devient une proie rêvée pour la meute. Ou encore un autre, prenant du plaisir à la contradiction, soutenu par la horde déchaînée. Les attaques personnelles et les coups bas se font compétition ; qui sera l’auteur de l’insulte la plus blessante ? La plus vile, et méchante ?

La Justice a son mot à dire.

Article 222-33-2-2 du Code pénal, 2 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Plus des dommages et intérêts, pour la partie civile. La calomnie répétitive tombe sous le sceau de la loi. C’est donc exposée mondialement qu’une petite gamine se retrouve noyée sous un flot d’insultes. Dénigrée et rabaissée. Le suicide soulage de l’insupportable. Unique salut pour une proie déshumanisée. On transforme un être humain en objet. Comment accepte-t-on d’en être les témoins passifs ? Collectivement, et pour certains si nombreux, de participer à ces scènes de lynchage virtuel ? Jouissent-ils de la souffrance qu’ils infligent ? Sans empathie, ni remords ni culpabilité. Sommes-nous tous responsables, coupables ?

Le réseau de la honte.

Pourquoi ce sentiment d’impunité ? L’anonymat préservé sur internet. Tout le monde utilise un VPN pour avoir l’air de vivre au Zimbabwe, Puisqu’on habite Villers-sous-Loire. On déverse sa fiente sur l’autre. Se sent-on plus léger après ? Ou encore plus minable. Guettant une erreur, pour orchestrer des campagnes de dénigrement. Savamment organisé, ce rituel exerce une pression intenable pour la victime. Combien de Youtubeurs racontent leurs épisodes de cyberharcèlement. Durant lesquels, tous les symptômes de dépression sévères sont décrits ? Nous subissons tous la pression de ces agresseurs indirectement. Tout le monde se plie à cette mafia sournoise. Organisée, à but non lucratif certes. Avec un bénéfice net de supériorité.

L’imposture des pseudo-experts.

Didier Raoult : combien de commentaires diffamatoires à déplorer ? Des paranoïaques protégés par un pseudonyme prédisposant à la présomption. Cette polémique autour d’un professionnel en exercice, par des individus dont la légitimité est douteuse et contestable. Comment se fait-il qu’on soit désinhibé à ce point ? Grisés par l’anonymat ou la célébrité, qu’offrent un clavier et une connexion internet. On porte son petit masque de Lilliputien vengeur, cherchant vainement à exister. Dans des débats les dépassant de très haut. Pourtant, on se paie la tête d’un homme, l’éclaboussant d’attaques personnelles, armés de propos dénigrants.

Tout le monde y a droit.

On se moque, sans affect ni affliction. On voit des aberrations, des revanches pornographiques. L’intimité d’une proie divulguée. Des dégâts psychologiques et sociaux irrattrapables pour la victime. Le sexisme avilissant les femmes. Les réduisant à un rôle mineur de reproductrices écervelées et nymphomanes. Les propos homophobes, psychophobes, et grossophobes. Tout le monde y passe. Internet est devenu un bouge infâme et infamant. Le merdereau débordant. D’immenses toilettes. Chacun jette sa petite déjection, participant à ce monceau d’immondices. Leurs auteurs et propriétaires s’en délestent. Se débarrassant de leurs frustrations, projetant sur leurs cibles moqueries et humiliations ; en réalité, la cible est un miroir. Une projection en dit plus long sur son auteur. Que tous leurs boniments justificateurs.

La réalité du complexe d’infériorité.

Se faire la peau d’un notable. D’une jolie fille. D’un scientifique, ou d’un rêveur. Les cyberharceleurs, s’offrent des tranches de vie virtuelles. Cette toile immense regorgeant de cibles atteignables directement. Terrain de jeu favori d’individus cruels. Ou juste faibles. On se sent plus fort que dans le réel. Dominer en rapetissant. On croit à la toute-puissance, comme on croit à l’eldorado. On se venge des humiliations qu’on a subies. Sans intelligence émotionnelle ni compassion. La haine banale et ordinaire. Avide de l’attention du groupe. Une bande auprès de laquelle exister. Immaturité ou incompétence ? On invalide systématiquement l’autre, exerçant une pression psychique intenable. La pratique allusive, intrusive. La campagne des médisants, laisse des traces indélébiles.

Les bruits qui courent.

On fait courir des rumeurs. Brisant des vies entières, racontant des mensonges. Décontextualisant des informations approximatives. Avec tout le noir de sa palette de peintre raté. Le cyberharcèlement, regorge d’inhibés, de personnalités effacées. De jaloux et d’envieux. Cherchant la gloriole sans aucun talent. Sans prise de risque. Ignorant leurs faiblesses. On utilise le doute, le flou, pour ruiner une réputation. L’attaque sournoise, utilise sa rancœur pour enterrer. Réduisant au silence, une cible choisie pour ce qu’elle est. Ragaillardis par une popularité naissante. Le cyberbully a enfin trouvé de quoi remplir sa coquille vide. Son esprit et la vie qu’il s’est créés. À son image : sans courage et sans cœur.

Des ectoplasmes vampiriques.

L’intimidation et les abus émotionnels à répétitions seraient-ils l’œuvre de déséquilibrés ? Ou monsieur et madame tout le monde jouent-ils ce jeu pervers ? Une dynamique de groupe ? Ce sont des comportements sociopathiques. Il n’y a rien à quoi on puisse comparer ce phénomène. Covid-19 confine les gens chez eux. Malheureusement, certains sont confinés dans leur vie. Cherchant l’excitation des massacres sociaux. Un public nombreux. Comme quand on regarde le taureau se faire achever dans l’arène ? Celui, moulé d’étoffes roses et dorées, l’épée phallique à la main. Acclamé par la foule. Visant de tout son sang le mastodonte blessé. Lui ôtant son essence. On lui monte dessus avec fierté. Sous les masses d’applaudissements cruels. Une idole est née.

TheIntrovertSinger

Jean-Baptiste Alexanian – Cyberharcèlement en meute

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