Covid-19 : Comment gérer la déception ?

Pourquoi les confinés sont-ils déçus ?

Je n’ai jamais été déçue par Bach ou Beethoven et Mozart, par ordre alphabétique et sans snobisme. Ils sont toujours là quand j’en ai besoin. Je n’attends rien d’autre d’eux, que ce qu’ils peuvent me donner. Des sentiments exprimés, pas de mensonges. Mon cerveau progresse grâce à leurs tempi.

Avoir les bonnes attentes au bon moment, vis-à-vis des bonnes personnes ou situations. Serait-ce la réponse la plus simple et honnête ? Oui. C’est peut-être très bien comme ça ; si on se place côté futur, qui nous réserve des surprises encore plus belles peut-être. Que ce qu’on croyait attendre en vain. Des hypothèses à l’infini, comme le nombre de déceptions qu’on dépasse par vie. Trop attendre des autres, mène au désespoir ‘extraverti’, ou exogène. C’est forcer les choses. Néanmoins, nourrir des attentes trop modestes est aussi inefficace. L’estime de soi est la base de notre capacité, à se trouver des portes de sortie de désastres.

L’épreuve de la frustration.

Tout dépend de la gravité de sa situation. On est tous coincés psychologiquement, car tous confinés. Parce que physiquement, on n’a pas le choix que d’appliquer ce qui nous est fortement suggéré. Pour ne pas envenimer la situation du collectif. Le confinement dure depuis de longues semaines déjà. C’est aujourd’hui comme demain, des journées qui se ressemblent, n’en finissant pas de s’imiter. Dimanche ou lundi, peu importe pour les confinés. L’enfer-continu, pour celles et ceux chargés de nous assurer le soin et le couvert. Tous les services vitaux sont assumés par des personnes dépassées par des horaires. Des attentes pesantes sur leurs épaules. Des objectifs intenables. Qu’on soit l’un ou l’autre, confiné ou confinant, Covid-19 signifie : tous dans le même bateau pour une destination commune inconnue.

La trahison est une illusion.

On attend beaucoup de personnes ou de conjonctures incapables. C’est dur, mais c’est comme ça. Qui n’a jamais heurté un mur d’incompréhension dans une relation à sens unique ? Avec des gens, ou un locuteur en particulier, en incapacité totale de répondre à la question qu’on se pose en boucle ? Une situation professionnelle ou familiale, peu importe. Une impasse émotionnelle d’impuissance, dont la compréhension ne vient jamais. Sauf si on décide de reprendre ses billes. De se redistribuer le rôle du décideur. Le problème de la déception se trouve dans l’attente qu’on a eue. Non pas qu’il faille ne plus avoir d’attentes. Simplement, que la bonne attente méritait un meilleur investissement. C’est un problème de choix et de prises de responsabilité. On reprend le dessus, quand on se rend compte que l’erreur vient de soi. On attendait n’importe quoi. De n’importe qui, n’importe comment.

Gratitude : tu ne m’étais pas destiné.

C’est un écroulement passager. Ce qu’on comprend quand on est déçu, longtemps après. C’est qu’il faut remercier la situation ou la personne exposant ses limites. Donnant une information capitale. Ce n’est pas moi. C’est tellement évident, qu’on a dépensé une énergie folle, en espoirs mal placés. C’est comme miser ses économies sur un mauvais cheval de course. Personne de censé ne ferait ça. On prend ses capitaux. On s’investit dans la pierre. Dans du solide. Pas au gré des vents ensablés. Si on évalue bien les attentes qu’on a eues, on a achevé sa tâche. Le deuil est un terme assez connoté et religieux. Très utilisé en développement personnel, et assez peu connecté avec la réalité. Le problème de l’humanité toute entière ? La rationalisation excessive justifiant l’inacceptable. La dissonance cognitive qui l’accompagne.

The Red Flag.

D’une façon générale, il faut en passer par des vertes, et des pas mûres, pour en arriver à accepter l’illusion. En l’occurrence, on a vu l’affaire venir. On est toujours au courant, quelque chose ne va pas. On décide d’éluder la question, pour vivre un état transitoire illusoire. État qu’on connaît bien, parce que par le passé, on l’a tous vécu : ce petit pincement qui nous dit qu’on est en train de se mentir. Au fond le responsable, c’est soi.

Malheureusement, en ce moment, celles et ceux dont les attentes étaient très élevées, ont naturellement revu leurs copies. C’est la pandémie qui annule. Ajourne des projets plus ou moins importants. La situation est tellement grave, que bon nombre d’entre nous sont passés, d’un état de sidération incrédule à l’acceptation. L’argent vient à manquer, on ne pourra pas partir cet été. Voir ceux qu’on aime. Des noces reportées ? On est déçu par le comportement de son partenaire, qu’on découvre sous un jour nouveau. On est déçu des autres. Ma famille est toxique, mon entourage ne me soutient pas. Je me sais en train de sombrer de solitude. Mon patron m’a viré, je suis au chômage. Je suis trahi, je ne m’en remettrai jamais. Toutes ces pertes, ces regrets.

Résister ne sert-il pas à rien ?

Faux, résister sert à générer de la colère. Émotion permettant à la tristesse de ne pas chavirer. Le peu qui me reste de discernement. Passer ce cap en rage, processus évidemment sain. Notre première réaction évite la mélancolie. Un terme employé en psychiatrie. Destiné à définir un état limite. Dont il faut éviter à tout prix l’aboutissement, possiblement dramatique. Colérique ou triste ? C’est évidemment la même chose. La colère ? Un masque sans lequel la tristesse affaiblit. Un acariâtre coléreux, est un individu brandissant un minuscule arbrisseau. Cachant une forêt de désespoirs. Cette rage d’aujourd’hui, remonte à loin. La réminiscence de trahisons lointaines, premières. Sentiment d’impuissance tellement innommable, qu’on en fait l’amnésie. Un fantôme revenant à la figure, pour trouver une destination. Se sentir coupable, honteux d’avoir entretenu de faux espoirs. Un report permet des ajustements. Certainement un mieux se pointant à l’horizon.

En attendant, perdre l’espoir rend malade, psychiquement, et physiologiquement.

La neurobiologie des espoirs mal placés.

La chimie de la déception. Un niveau de stress élevé provoqué par des attentes déçues, provoque un état proche de la dépression. Avec des taux de glutamate et de GABA dérégulés, on est embarqué dans des ruminations pessimistes perpétuelles. Nos circuits nerveux et hormonaux, sont mis à mal face notre assignation à résidence Covid-19. L’issue inconnue de cette période est un facteur aggravant. Nos niveaux de cortisol dépassent l’entendement. C’est ce que tente de gérer notre biologie interne, aujourd’hui. Nous sommes tous, soumis à un flot d’informations aussi incompréhensibles qu’ingérables.

Le cortex mammalien.

Se rapportant au Thérapside. Il y a plus de 200 millions d’années. Notre cerveau possède des couches. C’est au sein d’une des strates les plus anciennes, qu’on trouve des neurones multitransmetteurs mammaliens. Le fameux circuit de récompense, complexe et fragile. Dont les dérégulations sont à l’origine de nos réactions secondaires, à la colère post-désillusions. Nous sommes en situation d’adaptation aux incertitudes. Je me suis vue vomir, après une déception dont l’amertume me donnera toujours la nausée. Du dégout, à la réalité. Car je savais bien ce à quoi j’avais à faire. Le corps s’exprime avec violence. Nos millions de neurones, jusque dans notre ventre. Des milliards de cellules reflètent notre état psychique. De la nausée aux maux de tête. De l’apathie à l’insomnie, en passant par des troubles digestifs et de la concentration. Déception = Dépression.

Épuisés ou surexcités ?

Certainement les deux. Il y a un petit hamster tournant sa roue. Comme nos méninges. Ne laissant que peu d’espoir de fin. Pourtant demain, arrive, car cette période est temporaire. Toute déception est issue d’attentes irréalistes. Composer avec ‘l’ici et maintenant’. Notre faux moi n’a pas à nous rendre malades. Un cœur brisé, est un cœur trahi par soi. Notre grande désillusion, à laquelle je fais allusion, remonte à loin. En finir une bonne fois pour toutes, en reprenant contrôle. On mérite mieux. On méritait mieux. Toutefois, en est-on persuadé ? Cette situation n’est -elle pas simplement là, pour nous dire qu’on ne doit jamais donner de pouvoir, ou les clés de son bonheur, à une situation ? Ou quelqu’un d’autre que soi. Être heureux est un chemin (de joie) intérieur. Ses attentes, on les replace en soi. On se donne ses rêves. On se donne à soi, les validations et autorisations de se dépasser. Reflétant uniquement avec soi. Dans un dialogue introspectif sincère. Les circonstances ne servent qu’à ça. Mal programmés, car nous sommes libres et arbitres. On ne peut compter que sur soi, on est une ‘grande’ personne. C’est ce que signifie toute épreuve de déception : comprendre que je suis assez. Largement assez.

Se déconvertir du mensonge.

Accepter la réalité : nous sommes si performants à nourrir la désillusion, quand tout nous indique le contraire. Il n’y a rien de plus beau que le vrai. Le tangible. Prendre le pouvoir critique sur ses pensées, puisque seul notre esprit nous appartient. Se rebeller contre les balivernes de nos croyances. Les espoirs mal définis. On peut peut-être travailler tous ensemble, sur l’acceptation de notre nouvelle réalité ? Pourquoi pas demain ? À demain.

TheIntrovertSinger

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