Covid-19 : Pourquoi la culpabilité s’en mêle-t-elle ?

Qu’est-ce qui nous travaille à ce point ?

Il y a de nombreuses questions au sujet desquelles, répondre requiert une introspection soutenue. En ces temps de solidarité solitaire. Le tiers confiné clame aujourd’hui : «Unis chacun chez soi ». Slogan bien connu, appartenant à la communauté introvertie. L’humain moderne n’a jamais été aussi mitoyen, aussi enchevêtré dans l’épreuve. Nous n’avons pas le choix, d’aucuns pensent surement. En réalité, l’humanité est plus éveillée que jamais aux urgences climatiques. Aux dégâts de l’égoïsme consumériste, ultra individualiste. De l’hypersexualisation. C’est tellement grave ce qu’il se passe dans notre monde. On a juste du mal à ne pas se sentir comme une poupée de chiffon. Impotente ou futile.

Je ne sers à rien ?

Les soignants ressentent cette impuissance. Culpabilité corrosive, quand ils perdent quelqu’un. Qu’ils n’ont pas aidé jusqu’au bout. Le perfectionnisme se manifeste aussi par ce biais. Se reprochant (in) consciemment de ne pas avoir pu, ou su faire mieux. Nous partageons tous ce sentiment. Une émotion en réalité.

Coupables de contaminer. De générer encore plus de chaos. Dévalisant les linéaires des supermarchés. Le verbe acéré, blâmant la gloutonne infamie. Présumés égoïstes. Criminels en puissance.

Damner l’impénitent.

La culpabilité est donc une émotion, à l’instar de la joie. Par opposition. Est-ce qu’on peut s’accabler d’une catastrophe qui nous échappe ? C’est un peu notre cas aujourd’hui, car collectivement, nous sommes tous responsables. Comme d’habitude, certains ont fabriqué un bouc émissaire. Sur lequel projeter la honte, et la responsabilité de cette pandémie. Causée par la maladie Covid-19. Pourquoi cherchons-nous systématiquement un coupable ? Par lâcheté ou conformisme pathologique ? L’ombre traditionnelle de la repentance ? Est-ce que nous sommes tous égaux devant la culpabilité ? Rien n’est moins sûr.

Un bon signe de santé mentale.

Ressentir la culpabilité, cette émotion ô combien importante. Car sa présence en soi, indique qu’on est une personne dotée d’empathie. Qu’on est un individu possédant une grille de valeur ! Socle sur lequel on s’appuie pour ne pas trucider son prochain. Quand il ose une queue de poisson. Crime qui a coûté la vie à quelques téméraires. Quand on ressent la culpabilité, ça signifie qu’on est capable de limites. De respect. Les psychopathes, sociopathes et borderlines, ne ressentent pas la culpabilité. Enfin, pas comme les neurotypiques. Ces personnes toxiques, considèrent la culpabilité comme une faiblesse bien pratique. Pour programmer une proie éventuelle. Ils choisissent toujours des individus, au terrain antérieur fertile, de culpabilisation empoisonnée. C’est dans la famille que tout s’est joué pour nous tous. Comme d’habitude ? A-t-on envie d’écrire. Pourtant, qui est le véritable responsable ? Le ‘vrai’ coupable ?

La honte ou la culpabilité ?

Cousine germaine, ces deux émotions sont des armes de destruction massive. En premier parce qu’on peut sacrifier, jusqu’à son existence entière, sur un lien de loyauté. Pas consciente cela s’entend. Ou l’utiliser comme prétexte d’autosabotage. Par culpabilité. La honte exprime le jugement sous-entendu. On se sent coupable, par honte antérieure ou postérieure. Pas un humain vivant sur cette planète, ne ressent pas ces émotions (à part les sus-cités). La honte découle d’un jugement humiliant passé. Qu’on continue de s’infliger par confort conditionné. Quand on pense avoir pu mieux faire. La honte cachée, avec laquelle de nombreuses personnes prennent leur café le matin. Découle de cette culpabilité. Très en relation avec notre estime de soi. C’est une projection, permettant de ne pas trop souffrir. De ne pas authentifier son ‘Moi’.

Tendre le bâton pour se faire battre.

La culpabilité ne tient pas compte de la réalité, qu’on est en train de vivre. C’est un programme qu’on nous a appris. Permettant une sorte de contrôle exercé par des tiers. Ceux qui nous ont éduqués ? On utilise donc la culpabilité, et la honte en découlant, pour prendre du pouvoir. Cela signifie aussi, que lorsqu’on laisse la culpabilité et la honte prendre le dessus : on décide de laisser le contrôle à l’autre. Aux circonstances. Est-ce une déformation, ou le décalage, entre ce qu’on désire, ou pense désirer ? Pourquoi m’en suis-je (bien) sorti et pas eux. C’est certainement ce chantage, détruisant des vies entières, par fidélité au lien. Par loyauté pour les échecs de l’autre. Cet autre fictif ou interprété. Dont on a honte, et peur de dépasser. Coupables et honteux, de mieux manger, si l’autre ne peut pas. De manquer de bravoure et de courage. Misérables et minables, de détourner mon regard de ta souffrance. L’illusion de séparation.

La culpabilité n’aime pas le hasard.

On s’en sort bien ou mal par hasard. C’est comme ça. La pensée magique, très en vogue, fait croire le contraire à certains, dont l’égocentrisme ne comprend pas ce facteur. Pourtant à l’origine de la vie. C’est son fruit, qui fait et défait nos destins. Le hasard est une probabilité, aboutissant à la malchance ou aux circonstances favorables. Se sentir coupable, c’est égocentrique. Se sentir mieux loti, ressentir de la pitié. Sans compassion. Tout droit issu de la douce fiction qu’on se raconte. Ce besoin de se raconter des fantasmes, sur soi. Sur l’autre. Nous ne sommes jamais dupes de nos mensonges. La culpabilité remet les idées en place. Ou bien, demande qu’on y fasse quelques ajustements. Vers l’authenticité. Nous sommes tous égaux. Pas égos.

Mieux vaut avoir des remords que des regrets.

C’est aussi faux que de se penser mieux loti que l’autre. Soit on abandonne, et on se sent vraiment mal, par loyautés programmées. Par habitude donc. Soit on sait avoir vraiment mal agi. L’alarme fonctionne et tout va bien. Il suffit de reconnaître, et de réparer. Néanmoins, peut-être que souffrir est plus simple pour le faux soi. Faire du mal, et en souffrir. Est aussi une forme de punition qu’on s’inflige. Pour se sentir mal et anxieux. Parce que nous sommes conditionnés, à ne pas agir en fonction du réel. Purement de programmes anciens. On se sent coupable pour cacher un autre problème. Pour s’occuper d’ignorer ce qui importe vraiment. Toutes ces émotions prédisposent nos comportements. Nos vies entières.

Serait-ce du ressentiment ?

La colère. Peut-être a-t-on du mal à l’admettre. On est en rage refoulée. S’en vouloir à soi, aux autres. Quand on sait. Qu’on refuse d’admettre que nous n’avons pas eu d’autre choix. Que nous sommes tous le fruit d’une sale habitude ! Nous sommes les enfants du mensonge. Le mensonge mène à la vraie folie. Pas les troubles mentaux, non. Celle de l’humanité toute entière. Terre de contradictions permanentes, de dissonances. Des émotions qu’on ne peut même plus regarder en face. Tant la douleur nous est insupportable. Nos vies sont bâties sur une projection. Ne nous appartenant pas. Notre vie n’est pas la nôtre, un rôle tout au plus. Notre existence est la conséquence, d’une distribution des cartes. L’orgueil veut absolument argumenter. Exprimer la taille de son libre arbitre. Sa singularité. Pourtant l’orgueil ne sert-il pas, au parasitage des règles du jeu ?

5 heures de culpabilité par semaine.

Selon le Dr Guy Winch, auteur d’un article disponible sur le site Psychology Today, nous ressentirions la culpabilité tout le temps. Cinq heures par semaine est une moyenne. Il y a des individus qui se sentent coupables, toute la journée. Du lever au coucher, orné d’une aura persécutrice. Alors oui, l’évolution nous a dotés d’un outil permettant de protéger l’autre. De respecter son intégrité. C’est aussi une arme qu’on se pointe sur la tempe. Pour continuer à ignorer son être profond. D’éviter de se voir tel qu’on est sans fards. Ni supérieur ni inférieur. Croire ses pensées ou ses émotions, est une erreur. Que nous commettons collectivement. C’est avec un regard critique, sur ses croyances, que la culpabilité et sa honte, peuvent enfin trouver leurs débuts, et surtout une fin. Parce qu’il en faut du courage pour se détacher. De ses attentes issues de celles des autres. De se détacher de soi.

TheIntrovertSinger

10 choses qu’on ne sait pas sur la culpabilité : Guy Winch Ph.D.

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