Quelles sont les décisions évitables que prennent les introvertis ?

Les introvertis ne sont plus prophètes en leur pays. L’introversion fit les beaux jours de l’antiquité jusque certainement une bonne moitié du siècle dernier. Puis on a vu se multiplier une mouvance d’extraversion, la norme désormais. En ce monde défavorable aux introspectifs assumés, quels sont les choix regrettables que l’on pourrait éviter quand on est né introverti ?

Ne jamais solliciter ou accepter de l’aide.

Grosse erreur, dont le sentiment d’isolement s’accroît à chaque difficulté. Ne pas reconnaître que d’autres sont aussi compétents, rend malheureux les introvertis néanmoins primates sociaux que nous sommes tous : un primate introverti civilisé qui ne peut survivre sans groupe malgré sa grande intelligence, donne de l’espace à l’autre, aux autres, délestant les épaules du discret. Demander de l’aide c’est aussi s’accorder des limites essentielles.

Sortir avec la mauvaise personne.

… Et pas seulement dans le cadre d’une relation sentimentale, il s’agit plutôt de se lancer dans une aventure diurne ou nocturne, comme s’engager à déjeuner ou pire, dîner ou encore de partager une exposition que l’on attendait depuis longtemps, en la gâchant avec une compagnie médiocre. Les introvertis s’invalident implicitement en se conformant socialement pour ne pas se sentir trop en décalage. Une bonne fois pour toutes, voici la première erreur : ne jamais s’abaisser au niveau des conventions sociales adaptées aux plus extravertis que soi.

Boire des energy-drinks, du café et du thé.

Eh oui, le thé aussi est une excitant qui agit sur les neurotransmetteurs du système nerveux central, l’introverti vivant sur le système nerveux “calme et détente” voir l’article ici, il ne peut pas se permettre de se mettre les nerfs en pelote avec des breuvages certes réconfortants et apprécié des majorités, mais totalement contre productif pour les introvertis plus sensibles à l’excitation et pour peu que l’on soit un discret penseur/ruminant, le cerveau se met à concevoir toutes sortes d’agacements, voire frugalement paranoïaques, en plus d’une montée de tension désagréable. À éviter copieusement, courage à l’entourage de l’introverti monté sur ressorts.

Se conformer vestimentairement.

Un introverti devrait prendre le temps d’imaginer un uniforme personnel permettant de se retrouver sans difficulté : on a tendance à vouloir passer inaperçu quand on est introverti et c’est une fausse bonne idée. L’idéal est de trouver le type de vêtements qui s’adapte parfaitement à son mode de fonctionnement et de ne pas céder à la tentation de l’invisible ou du trop visible. L’habit fait le moine contrairement à l’adage, et trop en montrer ou se cacher n’aide pas l’introverti à honorer sa singularité.

Être timoré et annuler les événements importants.

Combien de fois n’ai-je pas annulé des dîners qui aurait pu changer ma vie ? Ou ai-je saboté un potentiel pour rester cloîtrée chez moi, à le regretter ? Des années entières, et je l’avoue sans honte, mais avec remords vis-à-vis de moi. Il suffit d’une mauvaise décision pour rater une rencontre majeure. C’est dommage, inutile et relativement affligeant. Les introvertis connaissent tous ce pincement de regret que ce souvenir fait ressurgir, refaisant surface trop habituellement.

Se contraindre à une sortie quand “on ne le sent pas”.

En effet l’introverti est rarement spontanément partant, et il peut avoir tendance à remettre en question son fonctionnement négativement : les discrets sont de bons analystes et savent inconsciemment s’ils vont passer un moment agréable ou s’ils vont passer le reste de leur soirée ou journée anxieux, regrettant de s’être encore forcé au déplaisir intégral. On ne sent vraiment pas cette soirée ? On annule manu militari, sans regrets ni culpabilité.

Les rendez-vous sont des pièges.

Notamment pour tous les introvertis qui intellectualisent la rencontre. On ne peut pas se sentir à son aise dans les rituels traditionnels de la séduction, tyrannisant les atypiques, exigeant d’eux qu’ils se plient à une convention sociale déplaisante : le rendez-vous amoureux en tête à tête dans un restaurant. Le temps s’étire, on ne sait absolument pas quoi dire et l’anxiété fait se tourner vers un verre de trop. Pour éviter les ennuis, préférer ma liste d’idées de rencards originaux pour s’éviter des flops largement évitables.

Surestimer son quota énergétique.

C’est comme les ampoules de dernière génération, on les voit dépérir de jour en jour, avant qu’elles s’éteignent et qu’il faille les remplacer. Les introvertis perdent leur superbe aisément, on les voit, le regard se vidant à mesure que l’énergie décline, quand ils négligent de s’accorder leurs temps morts quotidiens. C’est le pain du discret, sa source énergétique vitale sine qua none : Le repli, le repos, la solitude.

Le  « blind-date ».

À fuir sans aucun scrupule, il faut refuser. Il vaut mieux passer un moment au téléphone pendant plusieurs jours avant d’envisager de parcourir Jaquemart-André, le musée, pas le couple… Les introvertis sont pénalisés par la spontanéité des codes dans les rapports de séduction :

On impose un rendez-vous arrangé progressif : 1 un blind-date chat-SMS, 2 suivi d’un blind-date téléphonique (on peut boire un coup), 3 et puis un Skype blind-date (on peut dîner) et puis… je vous laisse conclure.

Laptop + lieu public – isolant phonique = L’enfer.

Une hérésie ! On ne travaille (ou lit ou pense ou marche) jamais en espace partagé ou dans un bar à café ou dans un train sans avoir au préalable fait l’acquisition de casque avec ou sans Mozart ou Beethoven. Les introvertis sont hautement distractibles, leurs sens sont presque aussi aiguisés que ceux d’une hyène, ou du chat. On ne peut pas penser dans une cacophonie pareille, j’ajoute personnellement que la petite pastille de menthe, et l’odeur d’un parfum agréable sur la veste, sont les partenaires olfactifs idéaux pour les introvertis hyperesthésiques.

Éviter les conflits.

Stop, on cesse de fuir l’affrontement sous le prétexte de son introversion – je n’ai pas ce souci, mais j’ai lu qu’il s’agit d’un problème courant au sein de la communauté des discrets – une bonne mise à niveau est nécessaire à toute relation saine ou non, et encore plus vitale en cas de guerre ouverte d’idées ou de ressentiments. Un introverti équilibré s’exprime à la première personne et pose des limites claires, pour se respecter. Soi, et les autres.

Se forcer à une vie sociale empruntée.

Comme on joue un rôle, l’introverti se glissant dans un personnage sociable et enjoué perd son temps et sa confiance en soi – rien ne prouve que la confiance en soi soit un gage de réussite, voire le contraire – ou son intégrité (je préfère). L’introverti que la vie trépidante des autres fait envie, se fourvoie et trompe, puisque un tempérament ne jouit pas des mêmes aptitudes que les autres, et ne prend pas du plaisir là où l’autre en trouve. Subtile, mais pas tant que ça. Logique.

Masquer son introversion.

L’erreur commise par tous les porteurs d’une introversion sans exception : la déguiser. Comme une maîtresse secrète illégitime, ou une amitié honteuse. Il en revient à avoir honte de soi, ou de se cacher soi. Quelle décision corruptrice, qui ne permet que de différer la vérité brute, que puisse sembler incarner la solution de se fondre dans un décor mal ajusté. Il vaut mieux un petit chez soi, qu’un grand chez les autres. On ne se construit pas sur un faux self ou les relations que l’introverti y cultive le seront également. Et la remise en question qui suit encore plus douloureuse.

TheIntrovertSinger

Ressources :

COMPARAISON : THÉ, CAFÉ, COCA-COLA : Thevert.Com

Les citations sont extraites du site remarquable Mon Poeme.fr