Les personnages de fiction introvertis sont-ils rares ?

Est-ce que les introvertis réels ressemblent aux introvertis fictionnels ?

Sans trop exagérer l’influence de nos lectures et des films que les introvertis apprécient particulièrement, et pour certain, avec une tendance à l’hyperphagie, les introvertis qui sont férus de récits non biographiques et de fantaisies, ont largement de quoi assouvir leurs soifs d’aventures, vivent par procuration, nourrissant ainsi leurs mondes intérieurs.

La première
qualité d’un auteur est l’introspection, avec un sens de
l’observation aiguisé, le don choisir la personnalité des
protagonistes est fondamental. La personnalité se fabrique comme un
vêtement sur mesure, les détails dans le mode de pensée jusqu’à
la gestuelle, mimiques et manies. La psychologie des personnages
parfume l’ouvrage d’un halo, par lequel les protagonistes
centraux, gravissent les étapes d’un chemin plein de
rebondissements, qui invitent nos glandes endocrines, à sécréter
pour s’attacher ou s’effrayer, nous projetant ainsi le temps
d’une intrigue, dans un univers, en contrat déterminé.

Si certains
introvertis apprécient tout type de périples imaginaires, de
l’aventure, façon budget démesuré sans trop de subtilité, très
extraverti, pour une distraction pure et dure, avec une vraie
attirance pour les narrations sophistiquées, dont les tempéraments
complexes et nuancés, présentent un intérêt pour les introvertis,
dont la simplicité n’est pas un argument d’achat.

Les introvertis sont incarnés dans la grande littérature classique, où tous les personnages ou presque ont des qualités introverties prononcées, dont le narrateur, est bien souvent, un spécimen typique, témoin ou sujet, qui nous conte rebondissements d’une histoire à laquelle les spectateurs introvertis s’identifient, avec plus de spontanéité que dans le réel.

Les rencontres
habituelles, dans les romans ou fictions sur écran, relèvent de
l’expression symbolique, que l’auteur emploie pour exprimer
certains combats intérieurs que l’humanité traverse, dans chaque
période de la vie. Ces étapes sont symbolisées par une tranche de
vie, qui nous est livrée, pour que le récepteur en tire une maxime,
une leçon, grandisse avec les personnages, qui sont souvent
l’expression des facettes de la personnalité de l’auteur. Les
compositions fictionnelles au fond, nous donnent beaucoup
d’information sur les mondes intérieurs, les affrontements
internes humains, hantés par des combats incessants, que les auteurs
acceptent de nous livrer, en miroir, reflet de nos contradictions
ombrageuses, mal refoulés.

Chaque
personnage, de Léon Tolstoï aux auteurs ouvertement
autobiographiques comme Albert Camus, ont en commun, une
compréhension vive des mécanismes de construction de leur
personnalité, ces introvertis habitent leurs psychismes, cette
jungle inconnue, qu’ils décident de parcourir avec courage, les
marécages et créatures effrayants, qui peuplent nos subconscients,
qui nous constituent, et dont ceux, braves explorateurs, font
profiter nos inconscients.

En effet, c’est
souvent un message subliminal qui nous est proposé, ces étapes que
nous traversons tous, qui en expliquent le succès. Les introvertis
de fictions ;puisque nous venons de voir que ceux qui les décrivent
appartiennent tous à la communauté introvertie ; sont eux plus
rares. Les personnages de gros bras et autres extraverties
séductrices sont plus volontiers choisis pour qu’une
identification du plus grand nombre soit facilitée, ces extravertis
dont la palette est moins riche que les personnalités introverties,
qui offrent plus de variété de teintes, promesse de liberté pour
leurs créateurs.

Tous les
introvertis ont au moins un livre de chevet, ou une centaine, ou une
série dont un des personnages, un semblable, familier, dont les
perspectives et choix, ne sont pas sans nous rappeler les nôtres.

Star ?

Ces personnages
de fictions introvertis, bien que sous représentés, existent
néanmoins, et certains ont marqués les époques, par leur
tempérament réservé, à ne pas confondre avec l’extraverti
anxieux social complexé ou timide. On reconnait les introvertis dans
les fictions, qui réagissent à l’opposé de ce qui est attendu
habituellement, ces introvertis, qu’ils soient en premier ou second
plan, constituent la part de relief, de délicatesse, de profondeur.
On instille parfois, une introversion marquée à une personne très
extravertie, qui valide le fait, que ce soit bien la part
introspective qui constitue l’absence de facilité, et la
consistance d’une personnalité.

Afin de mieux comprendre nos goûts en matière de distraction, et ce qu’ils disent en secret de la façon dont nous vivons nos expériences, l’outil MBTI© est tout à fait remarquable, il offre un point de vue instructif sur nos ressorts émotionnels, et à quel point ce sont les épreuves de vie des créateurs, qui sont illustrés dans leurs œuvres. Les personnages sont des illustrations des aspects de la personnalité de l’auteur. Pour rester ludiques, essayons de déchiffrer avec cet outil, qui est celui qui a marqué nos esprits, par leurs personnalités très typée, marquée. Rappelons que ces introvertis ne le sont pas par hasard, qu’ils ont été soigneusement tricotés, pour que nous puissions largement entrer en empathie avec leurs blessures, leurs dilemmes. Nous leur ressemblons tous ils font tous partie de nous, c’est pour cela que nous nous y sommes identifiés et attachés.

Littérature

Conte
Alexandrovich Karénine.

– « Je ne puis ni ne veux pardonner ». Identifié par les spécialistes du MBTI© comme appartenant à la famille des ISTJ, cet homme bafoué, reflète avec sens, ce que nous avons tous ressenti quand nous avons été trahis. Au-delà des apparences de cette œuvre, se cache en réalité la recherche commune à toute l’humanité, de ce que nous faisons tous sur le temps qui nous est alloué, Léon Tolstoï fut orphelin et perdit deux frères à l’âge adulte, « La question n’est plus alors de vivre ou de mourir, mais de chercher une compréhension de la vie qui résiste à la mort ». Le personnage du conte aux dents gâtées et peu séduisant pour sa jeune épouse finit par s’offrir le pardon. Détenteur de valeurs traditionnelles chrétiennes, profondes, traditionnelles, est un homme solide, qui apparaît calme en apparence, qui un cercle familial et de proches, y compris dans ses relations sociales, son statut est prestigieux et les ISTJ, dans cet aspect de l’auteur, fidèle au passé, organisant l’avenir conservateur. Qui n’a pas dans sa palette intérieure, un psychorigide routinier, qui fait tourner la maison paie les factures, pas très fantaisiste, mais fiable.

Hamlet, vengeur
de la couronne danoise.

Les spécialistes
sont mitigés, Hamlet est un introverti, mais il semble appartenir au
groupe des INTJ, personnalités fortes, dont le socle de valeurs
solides, sont les fondements de son raisonnement.

Dépressif, c’est souvent le cas des hypersensibles, il n’arrive pas à raviver l’affection pour Ophélie, qu’il juge sévèrement en portant le même regard sur sa mère, en se coupant de ses pulsions. Idéalistes et d’une loyauté incorruptible à ses idéaux, les INTJ rationnels, dont le fonctionnement rare, planifient, hors du champ émotionnel, ne se souciant pas de l’opinion du plus grand nombre. « Être ou ne pas être » est encore, à l’instar du Conte Karénine, une recherche de sens, la vie après la vie. Parjuré, trahi, humilié, Hamlet doit accepter, comme chacun d’entre nous, l’image maternelle détruite par son péché, toutes ces marches que nous franchissons tous pour passer à l’âge de raison. Hamlet qui dialogue avec le spectre de son père représente peut-être ces longues conversations avec soi, ces batailles que nous livrons tous. Les introvertis sensibles qui ont en commun de sur analyser les enjeux, car nous ne projetons jamais, mais à l’inverse, cherchons la justice et l’équité. Est-ce que les introvertis sont fous, comme Hamlet, à tourner et retourner sans cesse, se torturant l’esprit, propre à cette étape que les introvertis vivent dans une souffrance indescriptible, que sont les illusions perdues.

Gatsby le
magnifique

F. Scott Fitzgerald, décrit son personnage principal, comme nuancé, personnalité double qui est souvent reconnue par les spécialistes comme appartenant au groupe INFJ, que je connais trop bien. En effet, ces personnes passent pour extraverties pour les inconnus ou le cercle éloigné. Au contraire, le cercle restreint sait que ce type de personnalité chaleureuse est une façade, qui cache une grande complexité. Ce n’est pas de la dualité, mais une empathie très forte, voire, l’impossibilité pour les INFJ de se couper des autres, F. Scott Fitzgerald, fait vivre cette part de lui, dans ses romans aux amours contrariés et triangulaires, n’agit que pour une cause extérieure, Jay Gatsby ne fait rien pour son ambition personnelle, il accepte d’aller contre ses valeurs pour une femme. D’incarner ce qui semble être l’idéal de cette dernière, paradoxe ou dissonance, pour cet introverti, authentique idéaliste compassionnel.

Que peut-on
comprendre de ce personnage ? Que les introvertis sont dans certaines
situations, confrontés au choix entre désirs de rester soi-même et
l’obligation de composer avec le réel.

Tous les
introvertis connaissent bien, comme l’auteur, ce déchirement,
léger, mais permanent.

Fictions sur écran

X-Files

Des personnalités typiques du monde introverti, ce couple mythique du petit écran à marquer d’une empreinte paranormale quelques soirées solitaires. Ce couple, assez révolutionnaire pour son époque, la chasse aux extra-terrestres et autres fantômes, incarnent à merveille, une belle femme logisticienne ISTJ A, brillante et ultra rationnelle et fausse sceptique, dont malgré le thème farfelu de la série, repose sur une sacrée performance des auteurs introvertis, dans la majorité des cas.

Son binôme, un garçon charmant, mais plus épars, ISTJ T de son état, intuitif et téméraire, univers nettement moins symbolique et plus simple que dans la littérature classique, mais qui présente deux aspects que tous les introvertis possèdent. Toujours tiraillés entre la raison et l’intuition, les deux célèbres agents placardisés et marginalisés, dans une relation ambiguë, probablement romantique.

Le cahier des
charges des auteurs contenait certainement des éléments de
fonctionnements cognitifs très précis, dont les États-Uniens sont
friands.

Introverted Boss

Moins célèbre
que X-Files, Introverted Boss est une série romantique coréenne du
sud, dont deux stars des écrans sont les héros centraux.

Eun Hwan Gi, patron d’une grosse entreprise héritée, dont les employés ne connaissent pas le visage, qu’il dissimule, et la jeune héroïne vient se venger, thème récurrent, du suicide de sa sœur, qui revient aussi régulièrement. La personnalité obsessionnelle du héros introverti pourrait aussi bien être celle de Hamlet, qui présente des traits similaires, répétitifs, la personnalité architecte INTJ, sont décrits comme ayant pour particularité le cynisme et l’amertume coexistante avec l’innocence et l’idéalisme. Ces femmes et hommes ultra-rationnels éprouvent une aversion nauséeuse pour l’impulsivité et l’exhibitionnisme. Ce héros dont l’introversion marquée, titre de la série, peut aussi nous rappeler l’épreuve que nous dépassons, en nous incitant à apparaître sans masque, au quotidien.

Dexter Morgan

Le légiste tueur en série fait l’objet d’un conflit au sein des introvertis passionnés de profilage psychologique. Dexter est un homme manipulateur, représenté au mieux de traces de sang dont il fait l’analyse, singeant à la perfection la normalité d’un expert légiste, qui découpe avec précision, des individus qu’il considère comme des parasites qui se moquent, et échappent au système tout entier, duquel cet introverti psychopathique, se sent investi d’une mission d’épuration. C’est un profil atypique, qui cette fois, fait office d’outil servant aux introvertis à comprendre la notion de passage à l’acte, qui nous est souvent étranger. Dexter se méfie de son impulsivité qui l’a conduit à tuer un innocent. Les introvertis sont moins impulsifs, et idéalistes, et en cela, Dexter Morgan est un sujet intéressant qui (se) venge l’humanité en répare les (inévitables) injustices. Dexter Morgan provoque l’effroi, et c’est son unique objet.

TheIntrovertSinger

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