Introverti : Regarder Son Téléphone Sonner, Agacé

Pourquoi tant d’introvertis détestent-ils leur téléphone à ce point ?

Quel introverti n’a-t-il jamais tressailli à la vue de cet appareil miniature, source d’inquiétude lorsque vient le moment inévitablement urgent d’y répondre ? À reculons, le palpitant au maximum, dans une détestation que les non-introspectifs ne peuvent absolument pas comprendre. Explication.

Je hais mon téléphone, solennellement ! À un point que l’on ne peut envisager si l’on n’est pas soi-même directement concerné par cette affaire insolite. Une complexité incompréhensible si l’on ne sait pas ce que signifie qu’une femme disposant d’absolument toutes les facultés apparentes pour l’utiliser, ainsi d’en faire l’usage requis par notre société, ne sache toujours pas en ayant atteint la maturité adulte, maîtriser cet outil devenu obligatoire. Lorsque mon téléphone sonne, je le regarde, contrariée. Crispée, et d‘une humeur exécrable, et stressée longuement, si je me contrains d’y répondre la boule au ventre, exceptionnellement. Parce que pour moi, un téléphone qui sonne est synonyme de malentendu. Une interaction doit être très précise et directe, sinon je ne comprends réellement absolument rien, et cela me plonge dans un désarroi profond, à chaque fois. Et les autres introvertis on le sait, ne sont pas en reste, pour les raisons qui suivent.

À Lire : Quels Sont les Vrais Problèmes des introvertis ?

Les introvertis sont des créatures libertaires de l’esprit

Qu’est que le libertarianisme si ce n’est une quête d’égalité ou mieux, d’équité ? On ne naît pas tous parfaitement identiques : certains sont séducteurs et mondains, et d’autres cérébraux et raisonnés, tout est une question de dosage, et le discret, lui, possède comme tout un chacun des billes dont les couleurs et les tailles lui sont spécifiques. Ainsi, l’introverti est bien doté, dans des compétences caractéristiques de ses préférences cognitives propres, selon ses facilités, et choisit de vivre en fonction de ces dernières, afin d’obtenir un confort acceptable de vie, au sein d’une société volontiers mieux ajustée aux hyposensibles et moins consciencieux.

Le téléphone est liberticide pour l’introverti

C’est un mariage avec une compagnie de téléphone, une corde au coup, une prescription. Combien d’introvertis ont décidé de se passer de smartphone ou d’un mobile pour avoir la paix. Avec cet appareil, l’on est joignable et donc corvéable n’importe quand, pour n’importe qui. Un outil corrompu, ayant la même substance qu’un boulet pour le bagnard. On ne peut même plus disparaître tranquillement, sans subir des harcèlements insupportables alors que l’on est en droit et âge de faire et ce que l’on souhaite, et de ne plus donner signe de vie si cela nous agrée. Le droit à l’oubli, eh bien avec cet outil intrusif, il est désormais impossible. Cela sonne n’importe quand, sans raison, et n’importe quel abruti faire intrusion dans son intimité, sans aucune conséquence.

Le téléphone est un exercice aveugle angoissant

Pour les introvertis qui sont très attentifs au langage non verbal, car les réservés seraient même meilleurs que les extravertis à cet exercice – et ça n’est malheureusement pas du tout mon cas  ! – les discrets sont pénalisés par le langage non verbal en situation de multitasking. En tâche secondaire, donc, les introvertis ne déchiffrent plus aussi bien les indices corporels, et sont positivement pénalisés, comme le montre une étude de 2001 publiée par l’APA, l’Association américaine de psychiatrie, si leur attention est occupée par ailleurs, les introvertis se mettent à osciller et mal déchiffrer le langage non verbal.

À Lire : La Communication des Introvertis.

Le téléphone est une base de données marketing

Ces malins qui prennent en otages nos esprits, vendent nos numéros à des sociétés pour nous fourguer de la bouse. Osons la trivialité lorsque employée légitimement, et là, on prend l’humanité pour un crétin. Combien d’appels insupportables par jour, des individus payés au lance-pierre, rémunérés à importuner et se faire parfois copieusement insulter par des particuliers ayant leurs propres passages à vide à gérer. On nous vend, comme un matricule impersonnel, un chiffre d’affaires potentiel, une cyber-vache déshumanisée à hublot, un pourcentage ou part de marché juteux.

Le téléphone ne respecte pas la vie privée : cybercontrôle, cyberviolence contre les femmes

9 femmes sur 10 interrogées par le journal Libération, déclarent avoir subi des intrusions d’un homme via leur portable. On trace nos allées et venues, nos modalités de consommation, nous ne sommes pas naïfs pour ne pas envisager qu’à l’instar de nos modes de paiement, notre téléphone ou bien smartphone, n’est pas un outil bien pratique permettant de contrôler commodément, favorisant de nous classer dans une belle petite case bien étriquée, aussi peu humaine que le hublot de la pauvre vache.

On est un chiffre sur une base de donnée permettant de décider au plus haut niveau, un petit point insignifiant sur une courbe, un pèlerin sur une statistique ôtant l’essence de ses panels. Noyés dans la foule, on n’a plus droit de se balader tranquillement anonymement, tout le monde sait l’endroit où l’on se trouve, qui l’on voit. Aussi passionnants que soient les progrès technologiques, et l’attrait de se mettre une puce dans le cerveau améliorant nos performances, et cela fait évidemment rêver, on perd un peu, ou trop en libertés…

Le téléphone est une perte de temps

Sans objet, un appel vire rapidement à l’échange de mondanités ou en bavardages agaçants au plus haut point. Une perte de temps des plus irritantes selon moi, opinion largement partagée par les introvertis, trépignants d’impatience en regrettant un appel qui déjà semble s’éterniser. Rester courtois est une prouesse que de nombreux discrets ont délibérément oubliée, invitant des blancs gênants s’installer, afin de signifier qu’il est temps que la séance de torture s’achève, et vite. Une journée ne comporte que 24 minuscules heures, que de nombreux introvertis organisent minutieusement. L’affliction est simple comme un coup de fil.

À Lire : Les introvertis ont-ils des difficultés à s’exprimer ?

Le téléphone exige des aptitudes extraverties

Les introvertis on le sait pensent différemment, employant un circuit neuronal allongé, et visualisant des concepts pour exprimer une pensée qu’ils simplifient, ou vulgarisent. On ne peut pas rire à gorge déployée avec tout le monde aussi simplement que les extravertis, qui eux possèdent un chemin simplifié leur permettant de parler… et de réfléchir après. Les discrets, eux, doivent meubler en cherchant ce qu’il convient de répondre, savoir s’il faut réellement riposter et se demander durant l’échange ce qu’il convient de rétorquer, afin de ne pas passer le reste de sa journée à regretter une bévue. Au fond, le téléphone est encore une fois le fruit d’une société largement extravertie, qui trouve charmant d’être joignable 24/7, et de faire un selfie à partager sur un média quelconque, que l’introverti, lui, n’a jamais pu investir sérieusement… et puis, un article suggère que les utilisateurs compulsifs du portable seraient en réalité, des intoxiqués, anxieux et dépressifs. En définitive, cela semble plutôt bon signe de détester son téléphone.

TheIntrovertSinger

Lieberman, M. D., & Rosenthal, R. (2001). Why introverts can’t always tell who likes them: Multitasking and nonverbal decoding. Journal of Personality and Social Psychology, 80(2), 294–310. https://doi.org/10.1037/0022-3514.80.2.294

Cell phone addiction and psychological and physiological health in adolescents : Sehar Shoukat

Les cyberviolences, l’autre calvaire des femmes : liberation.fr

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