Introvertis : Les 7 Méfaits du Camouflage

Pourquoi dénaturer son introversion est nuisible, voire préjudiciable ?

On n’évoque pas assez le plafonnement que dicte la globalisation humaine et les calamités qu’engendre la mascarade cognitive. Assurément, porter un déguisement psychique favorise la socialisation et éventuellement assure une vie professionnelle et affective conformiste néanmoins, a-t-on prouvé que ces éléments constituent authentiquement une source de contentement convenable et surtout, permettent-ils de prospérer à long terme ? Probablement pas du tout, et en voici les 7 raisons.

Être estimé pour qui on n’est pas, ou méprisé alors que l’on s’expose : masqué ou démasqué ? Telle est la punition.

Tis@theintrovertsinger.com

Une réputation architecturée en trompe-l’œil

Autant clarifier tout de suite que rien de bon ne sait jaillir d’une aura qu’on arbore sans conviction interne, quant aux extravertis ? Ceux-ci se contentent de réponses dopaminergiques instantanées, disposant d’un circuit de récompense nettement plus court et moins complexe que les introvertis conçus pour les gratifications différées et pleines. Les introvertis traitent toutes informations en employant une voie neuronale complexe dont les étapes traversant des aires cérébrales disparates concèdent insuffisamment l’approximation des contentements frivoles.

Il faut accepter que s’admettre apprécié grimé, y compris par des gens que l’on admire ou affectionne singulièrement est équivoque, voire inepte. Comment cheminer en conscience, escorté par l’arrière-pensée de toute l’hypervigilance du tragédien jouant un rôle 24/7 ou presque ? On peut souligner les compétences d’acteur de haut niveau des introvertis et autres neurodivergents, fréquemment féminins, qui gravissent quelquefois une existence entière en jeune première se jetant dans l’arène le tourment au ventre. Parce que effectivement, nul individu pratique la couverture cognitive sans y laisser son ramage et ses plumes tout autant.

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Un syndrome d’imposture figé

Comment pourrait-il en être autrement ? Le souci des introvertis déguisés demeure qu’ils sont des imposteurs, véritablement. Ayant pratiqué le masquage et c’est un quasi réflexe encore aujourd’hui, puisque votre dévouée autrice subit encore les ravages d’une mascarade étendue temporellement ; il est irresponsable de ne pas alerter les introvertis concernés, des dangers des masquages, même intérimaires. N’omettons pas chers introvertis, qu’il s’agit d’une tartufferie induite certes, toutefois il n’en demeure pas moins que l’on ment, et que l’on falsifie en permanence. À en perdre la notion des vérités essentielles puisque le carnaval convoite toute l’énergie capitale, le peu dont disposent les véritables introvertis, ces calories sociales, ces jetons que l’on collecte en retraite et qui n’assurent qu’un court tour de manège social. Sachant que la crainte d’être démasqué demeure sans discontinuer, ainsi que ses atteintes somatiques qui acceptent modérément de s’éprouver pestiféré. Une révocation implicite puisque le véritable soi n’existe pas dans cette équation : l’introverti masqué pratique de ce fait un auto-rejet possiblement ressenti involontairement, ou bien tout simplement perceptible et pas élaboré consciemment.

Les pseudos bienfaits du masquage

Sont recherchés par l’humanité qui doit sustenter et dormir, si possible au chaud et pas trop inconfortablement, et se vêtir ou se parer agréablement dans la mesure des possibilités de chacun. Justement, masquer son introversion ou sa diversité cognitive consent à obtenir un emploi rassurant, ou bien à briguer une fonction gratifiante socialement, puisque contrer sa nature en tempérament en singeant l’expansivité, grime des postures valorisées socialement : la dominance, l’arrogance, l’efficience du rendement ou encore l’absence de scrupules, demeurent les éléments constitutifs desdites réussites sociales. Puisque l’on trahit ou ébrèche son système de valeurs, certains introvertis vivent en dissonance vis-à-vis de leur morale et éthique. Son libre arbitre aux orties plus loin et on observe une introversion conflictuelle, en opposition totale avec sa persona authentique : une existence d’emprunt, une dette.

Et ses limites indiscutables

On ne saurait pas introduire les véritables dangers du masquage cognitif sans évoquer le thème du rejet : cachant comme une maladie honteuse la diversité en tempérament et sa manifestation hideuse, message toxique et venin que l’on s’injecte pragmatiquement tout le temps. Au-delà de la dénégation continuelle de soi dont on ne peut que déplorer l’estime chancelante – bien que les apparences peuvent induire une autre image publique – dont l’égo introverti plutôt équilibré – car mieux développé que ceux des expansifs en quête de validation régulière – que l’on met délibérément sous tutelle et soumis à l’approbation, ce dernier ne peut que dysfonctionner sans attendre. Une société autant biaisée par le prisme expansif, cette tyrannie des apparences subie par tout individu stable psychiquement, aboutit à se négliger à la contamination d’un vernis étriqué polissant toute aspérité humaine, expédiant les diversités et ses opulences aux oubliettes, aliénant son espace aux simplifications et uniformisations extrêmes des représentations humaines et de leurs anomalies identificatoires nécessaires à sa diversité.

Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi.

Jean Cocteau

Les 7 plaies du camouflage de l’introverti

L’anxiété immortelle

Un art de vivre que l’on ne saurait pas qualifier autrement que mortifère à long terme. Un sabordage lent et hasardeux par administration chronique de curare, cet effroi perpétuel ne subsiste pas sans comorbidités et que l’on réalise ou non les risques des anxiétés permanentes, cheminer quotidiennement en ruminant et en anticipant absolument chacun de ses gestes n’est tout simplement pas humainement viable. Que l’on subisse des assauts internes – à l’instar de votre autrice et ses attaques de panique – ou bien que se manifestent des troubles attentionnels successifs avec fonctions exécutives inopérantes, la perte en cognition reste conséquente. Et parfaitement stérile, puisqu’un jour ou l’autre, il nécessitera de dégringoler ce masque : c’est le message de l’anxiété, une crainte continuelle de dangers imminents invisibles à l’œil…

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La dépression souriante (ou de haut niveau)

Peu diagnostiquée et modérément perçue par leurs porteurs, les dépressifs de haut niveau ignorent leur état puisqu’il s’agit d’une constante dont on ne se ressouvient pas des débuts et dont la ligne d’atterrissage n’existe pas davantage. Incessamment, l’introverti dissimulé fait le lien entre ses malaises ordinaires et cette anesthésie qu’est cette tristesse qui teinte de gris tous les aspects de sa vie. On sait que quelque chose ne fonctionne pas, malheureusement, personne n’est plus aveugle et sourd que celles et ceux introvertis qui tentent d’esquiver leurs évidences multiples et curarisantes. Le changement épouvante, la stagnation déminéralise : un cercle continent.

L’épuisement psychique et physique

Une fatigue manifeste journellement, de ce fait, comment la différencier de la dépression souriante ? Ces partenaires d’infortune alourdissent et affadissent l’expérience terrestre comme personne. Ces abstractions intellectuelles – ces éléments que les introvertis connaissent bien, ces batailles internes qui foisonnent accompagnées de leurs péripéties éprouvées continuellement chez les introspectifs confirmés – progressent moins acérées, comme portées par les événements, égarant un contrôle évident et l’introverti dissimulé se mue en pantin de chiffe que plus rien n’atteint. Bientôt, la froideur et l’indifférence abandonnent le terrain à d’autres convives plus navrants : un métier de gloriole, un mariage d’apparat en un psychisme incendié qui livre l’introverti de façade à ses cendres funestes, en résidence gardée.

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Le stress aigu et chronique

Des auto-inductions de cortisol des soirs aux matins et les contreparties physiologiques et humaines en dérivant. On compense en premier par pilotage automatique, le corps besogne et l’introverti masqué ne relève pas qu’il subit un stress durable. Puis arrive la bobologie, les nuits impossibles, les maux divers, le stress touche l’estomac, la sphère dorsale, articulatoire, ORL et cognitive, pour résumer : on a mal partout et on devient médiocre à ce que l’on fait ordinairement le mieux. Le stress est compensé aussi par des psychotropes que l’on se fait prescrire, ou bien que l’on achète au rayon des friandises sucrées ou non ou encore liquide, et puis d’autres antidépresseurs accessibles en vente libre remportent de l’argent sur le dos des introvertis masqués-stressés.

La préhension du moi neutralisée

Comment saisir son atypie masquée ? Et travailler sur soi, se développer ? Comment la confronter au monde et la polir ? De quoi grandir en conscience alors que l’on étouffe sous une étoffe désynchronisée ? C’est en forgeant que l’on devient forgeront ainsi, c’est en ‘introversant’ le monde que l’introverti le devient pleinement. La mascarade diffère l’accès aux leviers internes ouvrant grandes les portes du génie sommeillant en soi, celui-ci même qui propose d’embrasser un chemin de vie conforme à ses cognitions et aptitudes profondes, ce vers quoi on est incontestablement destiné cognitivement.

La détresse identitaire

La plus indiscutable des plaies demeure un sens de soi altéré sinon aboli. On s’assimile au masque qui progresse vite en une préoccupation constante au point de s’identifier à ses circonstances, celles du déguisement, pas celles auxquelles on pourrait avoir accès légitimement si on se l’autorisait. Un autodénigrement induisant une modification de la relation que l’on entretient avec soi, lien étroit dont les introvertis coupés d’eux-mêmes risquent de perdre le fil, à jamais. Aucune position sociale ou communauté mérite que l’on renonce à ses nécessités profondes et à son identité propre, tout l’or du monde ne saurait pas nourrir et rassasier cette faim-là, elle ne se négocie pas ni ne se brade. Un introverti en mascarade demeure un acteur maudit, évoluant en révolte constante contre soi, une déclaration de guerre interne qui ne tarde pas à abandonner à son porteur un champ de bataille qu’il faut reconstruire dorénavant jusqu’aux fondations. Toutes ces souffrances qui sont inutiles restent évitables.

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Le surmenage brutal (ou burn-out)

Cette dépression dite de haut niveau prend le volant et conduit l’introverti masqué vers son hospice ultime, l’envoyant camper dans un ravin, un pré boueux délaissé et clos, qu’il nécessite désormais d’occuper jusqu’à récupération. Un coup de frein massif motivant un arrêt brutal du fourgon carambolé : on doit se rafistoler et ce repos forcé s’annonce déchirant et pénible. Un surmenage peut ainsi allouer aux introvertis travestis une opportunité de renversement, moyennant un virage à 190° en compagnie de ses secousses inéluctables. Ou bien continuer à encaisser ces 7 plaies asphyxiantes neutralisant l’introverti qui gémit en soi. Un épuisement peut ainsi épargner l’introverti du naufrage, à l’instar du canot chancelant et piteux, radeau de fortune qui échoue à bon port l’introverti apatride exfiltré.

TheIntrovertSinger

Images : CottonbroSHVETS, Michelle Leman 

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