Masque et Introvertis : Bilan en 8 points

Et si porter un masque chirurgical au quotidien n’était pas aussi Introvert-Friendly que prévu ?

Puisque au début de cette pandémie, les introvertis qui s’astreignaient au port du masque obligatoire ne se trouvaient pas trop mal lotis par rapport aux expansifs vis-à-vis de cette obligation sanitaire, on ne peut que constater que cette facette de notre quotidien présente des contraintes que nommer permet d’appréhender explicitement, attendu que cet aspect de nos existences semble perdurer et qu’il faut bien admettre que désormais, il faudra compter avec le masque. Pour le pire ? Plausiblement.

La Covid-19 bivouaque

Cette nouvelle maladie à coronavirus et ses variants pérennise sa présence et transforme petit à petit nos existences en préoccupation permanente, spécialement celle du masque que l’on n’a pas quitté depuis plus d’une année et demie : qui se souvient encore du bonheur de sortir de chez soi sans craindre d’avoir oublié son gel hydroalcoolique et que son masque est bien ajusté sur soi ? Parce que la trêve estivale admet de tomber les masques en partie, particulièrement dans la rue, un luxe que l’on avait presque oublié. On a laissé peu à peu s’installer une crainte de l’autre et la conscience de ses germes, on évite nos anciens et nos bambins (mes chouchous, car entre ces deux âges antipodistes, je demeure factuellement formidablement impopulaire depuis toujours) résultat : ils ne s’approchent plus non plus, on leur fait peur. L’humanité vit un bouleversement auquel elle n’a pas été préparée. Et les introvertis aussi en souffrent. Et pour cause.

Le masque et les introvertis

Cet accessoire consent, en effet, de passer inaperçu quelquefois – plus tant aujourd’hui il faut bien l’admettre, l’humain s’y est adapté bon an mal an – et a pu durant les hivers des débuts avantager les introvertis, notamment celles et ceux particulièrement introspectifs. Cependant, porter un masque sur le visage présente de nombreuses contraintes objectives, que l’on relève par-ci par-là, à l’instar des désagréments domestiques qu’implique de s’astreindre à porter une étoffe obstruant bien des égards. Après avoir noté de nombreux incidents lors d’interactions journalières, en faire partager les conclusions aux introvertis concernés reste consistant et aligné sur la mission de ce site dédié aux introvertis (et aux) neurodivergents.

Bas les masques !

Si cela était possible, les enfants en seraient forcément les premiers soulagés, les petits perdent en cognition, les premiers apprentissages étant établis sur l’imitation. Je me suis prise en flagrant délit d’oubli de port de masque à trois reprises cette semaine, c’est la raison pour laquelle je me suis interrogée sur une lassitude pas forcément consciente et partagée, à la vision de ces chers compatriotes français attablés aux terrasses, délestés de leur accessoire chirurgical.

Selon lesprosdelapetiteenfance.fr : Les observations font ressortir que l’entrée dans la communication et le langage chez les tout petits s’appuient sur la vision du visage et en particulier de la bouche de l’adulte.

Quand on n’a pas de tête, il vaut mieux avoir des jambes

Entrée dans une boutique, je me suis aperçue quelques minutes après en être sortie que je n’avais évidemment pas remis mon masque sur le nez et que cet oubli sincère se reproduit à chaque sortie de mon domicile : je le néglige invariablement. Force est de constater que j’en avais tout simplement plus qu’assez, sans en avoir conscience, comme fréquemment en tant qu’introvertie peu connectée à ses émotions : il se peut que ce billet soit davantage destiné aux introvertis penseurs, que l’aveuglement social et émotionnel caractérise.

Florilège : quelques-une des astreintes digestibles

Les femmes ôtent leur masque et se trouvent toutes barbouillées, c’est l’éventualité du clown-Covid : le maquillage joli et coquet des femmes les métamorphose en joyeux Picasso des années folles, les dames ont dû s’adapter afin de ne pas s’attrister encore devant un miroir. On peut ainsi déplorer l’horreur de la condensation des verres de lunettes : les introvertis savent de quoi il s’agit… la saleté : toucher un masque plein de germes, tripoter les portes, remettre le masque, se passer du gel hydroalcoolique des soirs aux matins et oublier quelquefois en le regrettant péniblement. La dentisterie déplore aussi une flore bactérienne buccale déséquilibrée responsable de la mauvaise haleine et évidemment de complications dentaires. Un sentiment de sécurité ennuyeux : les masques ne protègent pas des autres, rappelons-le. La vue serait également encombrée par le port d’un voilage inconfortable, la buée des yeux larmoyants, le nez qui coule tout le temps… tout un poème.

Toutefois, ça n’est pas tout.

Introvertis : 8 contraintes liées au masque

I Le métabolisme mascarade

Une étude menée sur des étudiants universitaires assistant à un cours (inférieur à 150 minutes) a ainsi conclu que si au plan clinique les sujets ne montraient pas trop de différence avec ou sans masque, le taux d’oxygène dans le sang était nettement plus faible chez les masqués. On apprend ainsi que les individus actifs souffrent de suffocation lors d’efforts ou de temps chaud. La fatigue liée au manque d’oxygène : quel introverti ne s’est pas senti malaisé en portant une charge lourde ? Ou bien tout simplement en ayant à accélérer le pas, ou bien en grimpant des escaliers, obstrué par une étoffe bloquant l’oxygénation ? On s’est adapté collectivement néanmoins, au prix d’une perte de confort basal. Un lointain souvenir.

Selon lesprosdelapetiteenfance.fr : fatigue liée à l’altération de la respiration, la nécessité de hausser le ton pour se faire entendre, la surcharge de travail pour s’adapter aux mesures d’hygiène, renoncement à certaines activités rendues difficiles par le port du masque (chanter, danser).

II L’humeur masquée

Indubitablement, tous les introvertis ne sont pas visés : celles et ceux ayant un trouble des cognitions savent que le masque a ajouté une peine aux amoncellements déjà assurément élevés. Une déperdition causée par un filtre supplémentaire, une donnée ajoutée aux complications préexistantes. Un masque perturbe immanquablement les individus souffrant déjà de fonctions exécutives performantes conditionnellement, ces aptitudes organisationnelles sont touchées par une variante ajoutée, se surajoutant à l’appréhension usuelle de certains introvertis concernés par des divergences cognitives, quelles qu’elles soient.

III Les interactions filtrées

Encore une fois, tous les introvertis ne sont pas concernés : je ne déchiffre pas le regard de mes interlocuteurs ni le langage non verbal, corporel : c’est une information que je ne saisis pas. J’ai besoin du bas du visage, la bouche est indication indispensable pour moi, et mon cas est loin d’être unique spécialement chez les femmes… ainsi dans ces conditions, c’est un véritable obstacle à la compréhension de l’intention d’une interaction même banale et évidente. Au-delà de l’anxiété usuelle patente d’anticiper le calcul d’un comportement en en analysant toutes les données, le masque induit un frein supplémentaire aux relations du quotidien. Beaucoup de stress pour pas grand-chose, et on sait que le stress demeure l’une des causes les plus fréquentes de toutes les maladies humaines.

IV La voix entravée

Ainsi introvertie je suis née et introvertie, je périrai : une voix masquée refrène une compréhension admissible des échanges les plus basiques. J’ai dû faire répéter indignement des centaines de fois tous mes interlocuteurs médusés (et si le locuteur, respectable au demeurant, présente un accent exotique, c’est un bide mortifiant). Le masque couvre de ce fait l’émetteur, complexifiant ainsi les interactions sociales, métamorphosant ce masque jadis confortable en surface (pour moi) en supplice domestique dont tous les vrais introvertis – et quelques expansifs fatalement – pâtissent communément.

V La sensorialité dénaturée

Les introvertis concernés pareillement par des troubles sensoriels ont payé au prix fort cette année et demie de mascarade Covid-19 : l’odeur du masque quasi insoutenable envers nombre des introvertis qui étouffent d’empuantissement dessous. La sensitivité mise à mal de celles et ceux qui ne supportent pas non plus de porter sur le visage une étoffe pesant sur l’humeur et la qualité de vie. Ne pas éprouver la raison pour laquelle on se sent irrité, sans avoir conscience que l’on doit simplement attribuer son inconfort à ce masque sur le pharynx qui bouche le nez et le fait couler incessamment, même en plein été. Les introvertis allergiques nichent aux enfers…

VI L’érythème facial

Les peaux lésées furent et demeurent nombreuses : même si l’introversion n’est pas en cause, les soucis dermatologiques allant de l’acné aux eczémas délaissant aux porteurs de masque des marques disgracieuses sur la figure, cette dernière emprisonnée sous une voilette chirurgicale non stérile, quelquefois toute sale qui fait bien des dégâts sur de nombreux visages concernés. Si des solutions sont aujourd’hui accessibles palliant ces désagréments décidément nombreux, les débuts masqués ont été synonymes d’embarras envers de nombreux introvertis sensitifs.

VII Les oreilles ankylosées

Les troubles sensoriels sont ainsi à ajouter aux oreilles sollicitées par le port de lunettes et de masque quotidiennement, plusieurs fois par jour, à cumuler au débit du masque qui endolorit la vie journalière de nombreux individus, introvertis ou non. Des oreilles qui trouvent peu de répit en ces jours covidiens soumettant ces dernières à un traitement douloureux : des astuces sont disponibles afin de soulager du fardeau du masque (on passe des lunettes au masque et du masque aux lunettes) dessus nos appendices auriculaires souffreteux.

VIII La qualité de vie altérée

Qui se représente encore avoir pu sortir de chez soi sans téléphone portable, sans carte visa, sans ordinateur portable… Et sans masque ? Qui se remémore des jours heureux, embrassant naïvement la vie sans (trop) redouter une contamination ? Enjoints de se faire laver les mains par des vigiles zélés au supermarché (voire de se voir mis dehors âprement en cas d’oubli – vécu). Et l’odeur des fleurs ? Ou du joli parfum au pied du sapin, étrenne du père Noël ? Ouvrir une porte sans se désinfecter trois ou quatre fois, et pour les distraits, subsister dilué dans l’hypervigilance de ses oublis, contrariant ainsi une nature créative, la réduisant aux instrumentalismes routiniers asphyxiants. À l’instar du masque, suffocant.

TheIntrovert🏴Singer

Les effets du port du masque sur les jeunes enfants en lieux d’accueil collectif

Corey, R. M., Jones, U., & Singer, A. C. (2020). Acoustic effects of medical, cloth, and transparent face masks on speech signals. The Journal of the Acoustical Society of America, 148(4), 2371-2375.
Carbon, C. C. (2020). Wearing face masks strongly confuses counterparts in reading emotions. Frontiers in Psychology, 11, 2526.

R. M. Corey, U. Jones, and A. C. Singer, Acoustic effects of medical, cloth, and transparent face masks on speech signals,” J. Acoust. Soc. Am. 148(4), 2371–2375 (2020). https://doi.org/10.1121/10.0002279Google ScholarScitationISI
Truong, T. L., Beck, S. D., & Weber, A. (2021). The impact of face masks on the recall of spoken sentences. The Journal of the Acoustical Society of America,149(1), 142.

Dans un environnement à la température élevée, le port du masque rendrait la respiration difficile lorsqu’on effectue des travaux manuels.  https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/34058-Port-masque-consequences-travail

 Rosner E. Adverse Effects of Prolonged Mask Use among Healthcare Professionals during COVID-19. J Infect Dis Epidemiol. 2020;6:130. [Google Scholar]

Authors recommend taking breaks every 2 h to avoid psychophysiological alterations that may impair cognitive performance, increase autonomic modulation and induce oxygen desaturation.

José Francisco Tornero-Aguilera, Vicente Javier Clemente-Suárez, Cognitive and psychophysiological impact of surgical mask use during university lessons, Physiology & Behavior, Volume 234,2021,113342, ISSN 0031-9384, https://doi.org/10.1016/j.physbeh.2021.113342.

Photo :  cottonbroRF._.studio, Artem Podrez, Edmond Dantès, Julia M Cameron 

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