Les Introvertis Ont-ils des Difficultés À S’Exprimer ?

La science nous explique comment le cerveau d’un introverti fonctionne vraiment

Quel introverti ne s’est pas trouvé décontenancé lors d’une conversation importante ? Ou pire, être doué dans une discipline et perdre ses mots et moyens lors d’un entretien ? Connaître la réponse, mais ne pas la trouver. Sans évoquer les oraux d’examens, dont certains peuvent finir en catastrophe.

Cependant, pourquoi les introvertis sont-ils pénalisés à ce point dans la vie de tous les jours ? On se retrouve à bafouiller une réponse à une vendeuse médusée, ou à prononcer des mots n’ayant strictement rien à voir avoir ce qu’on aurait pu dire, ou ce qu’on aurait pu faire, hors improvisation.

Les introvertis n’utilisent pas leur mémoire de travail de la même façon que la majorité, cela a un impact direct sur leur qualité de vie intime et professionnelle. Les introvertis ont à fournir des réponses spontanées auxquelles ils n’ont pas accès aussi impulsivement.

Comment anticiper les difficultés d’une existence introvertie, dans un monde de plus en plus extraverti ?

MCT versus MLT : La science répond

La Mémoire à Court Terme contre la Mémoire à Long Terme. ‘Images versus Concepts’. Nous pouvons éprouver de la reconnaissance vis-à-vis des scientifiques, dont les apports permettent aujourd’hui, de lever le voile sur ce qu’on attribuait à tort à des difficultés d’ordre intellectuelles ou adaptatives. Combien d’introvertis sont affectés dans leur estime de soi lors des interactions sociales ?

Perdant l’accès à la mémoire de leurs compétences et savoir-faire. Un étudiant brillant perdant ses facilités et la fluidité de ses connaissances, au moment où il en a le plus besoin. Savoir que nos cerveaux fonctionnent à l’opposé des masses est un véritable atout.

Il faut juste posséder quelques antisèches dans sa manche, à mettre en place dans la vie de tous les jours. Toutefois, pour contre-attaquer, il faut savoir ce qu’est l’ennemi.

La mémoire de travail des introvertis

C’est notre talon d’Achille, en ce monde demandant l’uniformité, faisant se sentir comme l’extraterrestre, celle et celui ayant la culture et physiologie de son cerveau divergent. Matthew D. Lieberman de l’université de Californie (UCLA), a mené une étude* sur la mémoire de travail par tempérament.

Dont les extravertis ont montré des résultats nettement supérieurs dans l’emploi de la mémoire de travail (MCT). Cette étude a pris en compte les spécificités neuroanatomiques et neurochimiques des extravertis et des introvertis.

En effet, les introvertis accomplissent à un niveau inférieur quant à l’emploi de la mémoire à court terme. Comprendre cette information permet de ne plus se sentir invalidé par cette opposition réelle entre les tempéraments introvertis et extravertis.

Les introvertis conceptualisent

C’est la raison pour laquelle un introverti perd ses mots et ses facultés intellectuelles ou exécutives, en situation de spontanéité et de surprise. Notamment lors d’entretiens, de conversations, ou de tâches complexes hors contexte habituel. Le chemin employé par le cerveau pour entrer en contact avec les cognitions est nettement plus riche.

La relation aux neurotransmetteurs est plus compliqué chez l’introverti. Une question et sa réponse, ne résulte pas à des imbrications simples dans le cerveau des introspectifs.

Un introverti prend un chemin long et sinueux, pour chercher des corrélations et analyser ce qu’il cherche dans ses bases de données. D’où l’embarras des introvertis en situation sociale ordinaire. Même si un introverti peut surprendre par sa plasticité mentale en situation familière.

Les introvertis meilleurs à l’écrit

C’est évidemment là que les introvertis doivent comprendre qu’un désavantage supposé cache une qualité inégalable. On peut schématiser l’extraversion comme l’écume salée, la vague que tout le monde voit et regarde.

L’introversion serait illustrée par les profondeurs de l’océan, les courants d’eaux profondes, des profondeurs inexplorées. Les introvertis sont hors norme, ils ne peuvent pas se distinguer en surface ou superficiellement. L’introversion révèle son cerveau ultra performant quand on lui en laisse l’espace-temps.

Si les introvertis fuient leur téléphone et les conversations d’appoint, ce n’est pas par snobisme, mais parce qu’ils ne savent pas faire.

Une mémoire à long terme plus performante

Confirmé par une étude en imagerie médicale menée sur des étudiants de 40 universités américaines, publiée par l’American Psychological Association.

Utilisant les travaux d’Eysenck (EPI) pour discriminer les candidats à l’étude. Confirmant les performances de la mémoire à long terme, employant une imagerie symbolique (versus imagerie visuelle) plus efficiente que leurs pairs extravertis.

Les introvertis peuvent s’appuyer sur une forme d’intelligence significativement plus ancrée et riche en symboles, nettement plus abstraite, conçue pour la complexité, comme démontré dans cette étude.

L’extraversion n’est pas la norme

Bien que l’introversion soit nettement inférieure en nombre. Représentant un tiers de la population, c’est en se distinguant par ses qualités évidentes, que l’introverti peut enfin laisser derrière lui toutes les croyances de ses limites.

Un introverti est introverti, parce que son cerveau est plus dense en matière grise, que son système nerveux est plus hésitant, la sensibilité dopaminergique est antagoniste. Cette opposition biologique est exploitable à son avantage, en aménageant sa vie en fonction de ses atouts nombreux.

Apprendre de ses forces

Dans son ouvrage ‘The Introvert Advantage’, Marti Olsen Laney traite des neurosciences, confirmant ainsi que les introvertis sont construits totalement différemment.

Outre la matière grise plus développée, des capacités de concentration et analytiques développées, on sait que les introvertis sont plus sensibles à la dopamine. Quant au langage, les introvertis conceptualisent et emploient un langage concret pour articuler l’abstraction. Les extravertis à l’opposé, emploient un langage abstrait articulant une pensée concrète.

Ce neurotransmetteur, dont les extravertis emploient la motivation. Les introvertis utilisent, ou préfèrent en premier, un circuit de récompense opposé, le chemin, acétylcholine. Neuromodulateur connu notamment pour être une manifestation symptomatique de la dépression, expliquant la discrétion légendaire des introvertis.

Un système nerveux opposé

Les introvertis n’employant pas la dopaminergique pour moteur, ne sollicitant pas non plus son système nerveux comme l’extraversion : le système nerveux sympathique, habituel spontané et impulsif et dopamine extraverti. Les introvertis en revanche, utilisent le système nerveux parasympathique responsable du repos et de la détente, modulé par le neurotransmetteur acétylcholine.

En effet, quand on évoque l’introversion, il ne s’agit plus d’un petit trait de personnalité dont la paternité revient à Carl Gustav Jung.

Exclusivement d’évoquer une manifestation chimique de l’intelligence, demandant qu’on lui rende sa place, en cessant de lui demander de changer, de se fondre aux injonctions bruyantes d’une société dont l’objet est de rémunérer un circuit de récompense dopaminergique.

Pourquoi imiter l’extraversion ?

Un introverti est meilleur à l’écrit, et évidemment, montre des compétences hors classe en ce qui concerne la concentration et la créativité.

Qu’on soit technicien ou coiffeur, importe peu, l’introverti n’a pas à imiter ses pairs extravertis. Un introverti perd son identité, ses compétences sociales et intellectuelles, en cherchant à modifier son fonctionnement d’équilibre.

On peut se demander combien d’introvertis ont souffert d’ignorer leur atypie cachée par une culture envahissante. Un travers étouffant les talents.

On n’est pas plus lent quand on est introverti. On cherche plus loin, plus profondément et surtout symboliquement. Dans le champ conceptuel de l’abstraction.

Le génie n’est pas loin. Préparer un entretien ou une exhibition, libéré du stress ; parce que la connaissance tue les préjugés d’ignorance. On peut considérer avec gratitude ces chercheurs introvertis, scientifiques brillants, nous offrant en présent des savoirs libérateurs, merci.

TheIntrovertSinger

Gralton, M. A., Hayes, Y. A., & Richardson, J. T. (1979). Introversion–extraversion and mental imagery. Journal of Mental Imagery, 3(1-2), 1–10.

Beukeboom, C. J., Tanis, M., & Vermeulen, I. E. (2013). The Language of Extraversion: Extraverted People Talk More Abstractly, Introverts Are More Concrete. Journal of Language and Social Psychology, 32(2), 191–201. https://doi.org/10.1177/0261927X12460844

Introversion and working memory: central executive di€fferences : Matthew D. Lieberman

Eysenck’s Personality Inventory (EPI) (Extroversion/Introversion) : simplypsychology.org

Why Is Writing Easier Than Speaking for Introverts? Here’s the Science : Jenn Granneman

The Neuroscience of Introversion : Eclectic

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